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L'Un pour l'autre (an 13*1805)

L'Un pour l'autre, comédie en un acte et en vers, de Launay, 29 prairial an 13 [18 juin 1805].

Théâtre de l'Impératrice.

Titre :

L’un pour l’autre

Genre :

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

vers

Musique :

non

Date de création :

29 prairial an 13 (18 juin 1805)

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

A. J. Delaunay

Almanach des Muses 1806.

Sujet tiré du roman de Gil Blas. De l'esprit et de jolis vers.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mme. Masson, an xiii, 1805 :

L'Un pour l'autre, comédie en un acte, et en vers, Par M. A. J. De Launay. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Impératrice, par les Comédiens ordinaires de S. M. Le 29 Prairial an XIII. (18 Juin 1805).

Courrier des spectacles, n° 3047 du 1er messidor an 13 [20 juin 1805], p. 3-4 :

[La pièce nouvelle est peu de choses, mais elle est pleine de qualités encourageantes chez un débutant : si l’intrigue est faible et l’intérêt limité, elle est bien écrite et contient « plusieurs traits inattendus, quelques effets de scène piquans, bien calculés ». L’intrigue n’est en effet pas neuve : deux jeunes gens aiment deux sœurs, mais elles exigent, en accord avec leur père, qu’ils perdent leurs mauvaises habitudes (« leurs désordres »). Ils décident de « s’aider mutuellement », et chacun fait l'éloge de l’autre. Reste que le père exige qu’ils règlent leurs dettes, faites auprès de créanciers intraitables. Ils simulent un combat sans merci : les deux usuriers craignent de tout perdre dans le décès de leurs débiteurs, et consentent la remise souhaitée par le père de leurs bien aimées : les deux mariages sont décidés. L’article finit comme il a commencé : succès sans opposition, fonds un peu faible, mais style élégant. Reste que le jeune auteur, nommé in fine doit maintenant confirmer ces débuts prometteurs.]

Théâtre de l’Impératrice.

L'Un pour l'Autre.

Cette petite pièce n’est qu’une bagatelle fort légère, mais elle décèle beaucoup d’esprit et de talent. C'est le début d’un jeune auteur qui se recommande autant par ses qualités personnelles que par ses heureuses dispositions pour l’art dramatique. L’intrigue est foible, plusieurs situations n’ont rien de neuf ; mais le style est agréable, les vers sont faits avec soin et heureusement tournés. Plusieurs traits inattendus, quelques effets de scène piquans, bien calculés, suppléent à ce qui manque du côte de l'intérêt général et soutiennent agréablement l’attention.

Cet ouvrage a eu beaucoup de succès et le méritoit. L’auteur suppose que deux jeunes amis légers, étourdis, inconsidérés, mais d’ailleurs doués d’un bon cœur et d’une raison dont les égaremens peuvent facilement se redresser, sont amoureux l’un et l’autre de deux sœurs aimables qui appartiennent à un père sage, estimable, qui connoît leurs bonnes qualités, mais qui ne veut point transiger avec leurs défauts. Ses filles élevées avec soin et héritières de ses sentimens et de sa fortune, sans exaltation dans les idées, sans opiniâtreté dans leurs vouloirs, se prêtent docilement à toutes ses intentions. Elles déclarent donc à Léon et à Alphonse, leurs amans, qu’ils ne peuvent se flatter d’aucun succès tant qu’ils ne renonceront point à leurs désordres, et pour les en convaincre, elles leur signent leur congé en bonne forme.

C’est alors qu’ils sentent le besoin de s’aider mutuellement, et qu’ils conviennent : Léon, de plaider la cause d’Alphonse, et Alphonse de plaider celle de Léon ; c’est sur cette convention que porte le titre de la pièce. L’art avec lequel chacun défend la cause de son ami est d’un effet fort agréable. Clozel remplit son rôle d’une manière très-intéressante, et s’il n’estropioit pas un peu les vers, il ne laisseroit rien à désirer.

Mais la grâce des amans dépend sur-tout de deux points que le père des deux jeunes personnes établit comme conditions essentielles et sans lesquelles il n’y a rien à attendre : l’une qu’ils ne feront plus de dettes, l’autre qu’ils obtiendront une remise de moitié sur celles qu’ils ont contractées. Ce dernier article n’est pas le plus facile ; car ils ont à traiter avec deux créanciers impitoyables, un juif et ou usurier. Comment se tirer de ce mauvais pas ? Voici ce que les jeunes gens imaginent : « Feignons une querelle, ayons l’air de nous battre, au moment où nos deux sang-sues se présenteront. » Ils tirent en effet l’épée ; les créanciers surviennent munis chacun d’une prise de corps ; le péril de leurs débiteurs les effraie ; ils réclament une réconciliation au nom de la loi : « Nous avons une prise de corps contre vous ; vous n’êtes plus maîtres de disposer de vos personnes. » Les jeunes gens continuent leur jeu, feignent de se battre à outrance, et quand les deux usuriers voient leur gage prêt à leur échapper, ils consentent à la remise qui leur est demandée et la signent. Munis de cet acte, les deux jeunes gens se présentent chez le père de leurs amantes et réclament sa bienveillance. Leur pardon leur est accordé, et ce moment devient celui de bonheur de quatre personnes.

Le succès de cet ouvrage n’a été troublé par aucune opposition. Les suffrages ont été unanimes. On a fait grace à la foiblesse du fonds en faveur des détails. L’élégance du style a plaidé pour la pièce ; l’auteur et le public ont fait l’un pour l’autre tout ce qu’on pouvoit attendre ; l’auteur a cherché à plaire, et le public a voulu lui donner des encouragemens. Cette faveur engagera sans doute M. de Launay à faire de nouveaux efforts et à justifier par d’autres ouvrages la bonne opinion qu’il a donnée de lui.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome XI, thermidor an XIII [juillet 1805]p. 277-278 :

[Après un bref résumé d’une intrigue assez banale et peu vraisemblable, le jugement porté sur le fonds de la pièce est peu favorable, mais « l’auteur mérite des encouragemens pour le style » : vers et plaisanteries sont jugés de qualité, même si l’auteur est menacé d’abuser de l’afféterie dans les détails. Qu’il n’aille pas imiter Dorat ! L’auteur est cité à la fin : M. de Launay.]

THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE.

L'Un pour l'Autre, comédie en un acte et en vers.

Deux jeunes étourdis, tous deux embarrassés de leurs dettes et tous les deux amoureux, imaginent de se charger mutuellement de parler l'un pour l'autre & ses créanciers et à leurs maîtresses. Si le résultat de cet échange de services était de réussir à se libérer et à épouser, le titre serait juste et le cadre rempli ; mais le dénouement repose sur une autre chance. Les pères ne veulent consentir à donner leurs filles aux deux prétendans qu'à condition que leurs dettes seront réduites à moitié, ce qu'ils obtiennent en effrayant les créanciers par un duel supposé. Indépendamment de la petite invraisemblance de la condition imposée et du dénouement qui en résulte, il est clair que voilà deux fils bien différens, et c'est trop pour un seul et très-petit acte. Mais l'auteur mérite des encouragemens pour le style. Ses vers sont agréablement tournés, et ses plaisanteries ne manquent ni de finesse, ni de sel. On y retrouve quelquefois de la manière d'Andrieux, dont il paraît que l'auteur, jeune encore, est plus pénétré que de toute autre ; mais qu'il se garde de l'afféterie des détails, dont son modèle ne lui donne sûrement pas l'exemple, et qui rappelle une assez mauvaise école; je veux dire celle de Dorat.

L'ouvrage a réussi. C'est l'heureux coup d'essai de M. de Launai.

Archives littéraires de l’Europe,tome sixième (1805), Gazette littéraire, juin 1805, p. xcv :

L'un pour l'autre, comédie en un acte et en vers, par M. Delaunay.

Ce coup d'essai d'un débutant dans la carrière dramatique n'annonce encore du talent que pour la versification. Deux jeunes gens, amoureux et criblés de dettes, se voient en même tems tourmentés par leurs créanciers et repoussés par leurs maîtresses. Ils empruntent de Gilblas l'idée assez bisarre de répondre l'un. pour l’autre à leurs créanciers d'intercéder l'un pour l'autre auprès de leurs maîtresses et des parens dont elles dépendent. La négociation réussit auprès des dames ; mais les créanciers sont inexorables, et les parens ne veulent se laisser fléchir que dans le cas où ces mêmes usuriers auront consenti à rabattre la moitié de leurs créances. Le moyen imaginé par l'auteur pour les y amener, est le seul ressort comique de sa pièce. A l'approche des créanciers, les deux amis feignent de vouloir se battre à outrance ; ils tirent l'épée, et les créanciers, craignant de tout perdre par leur mort, se résignent à sacrifier la moitié de leur argent pour sauver l'autre. Il est facheux que l'auteur n'ait pas tiré autant de parti qu'il le pouvait de cette situation.

Nous avons fait l'éloge de sa versification ; elle a véritablement de la facilité, et quelquefois de l'élégance ; mais elle n'est pas du genre qu'exige la comédie ; on y remarque souvent de l'affectation, et l'on s'aperçoit trop que l'auteur cherche à placer des tirades ou des mots saillans. Malgré ces défauts, tout porte à croire qu'un second essai de M. Delaunay sera plus heureux.

Paul Porel et Georges Monval, L’Odéon, histoire administrative, anecdotique et littéraire... (Paris, 1876), p. 214 :

Le 18 juin [1805], l’Un pour l’Autre, comédie en un acte et en vers, coup d’essai assez heureux de M. Delaunay.

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