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Un quart-d'heure de silence

Un quart-d'heure de silence, opéra en un acte, de Guillet, musique de Gaveaux. 20 prairial an 12 [9 juin 1804].

Théâtre de l'Opéra Comique

Titre :

Un quart d’heure de silence

Genre :

opéra

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

20 prairial an XII (9 juin 1804)

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra-Comique

Auteur(s) des paroles :

Guillet

Compositeur(s)

Pierre Gaveaux

Almanach des Muses 1805

Alexandrine doit épouser un amant si elle a la force de garder le silence pendant un quart d'heure. L'épreuve est difficile : treize minutes se passent ; mais l'effort est trop pénible, et, à la honte du sexe, elle succombe à la quatorzième. Ce n'était cependant qu'un badinage, on ne voulait pas l'impossible, et les deux amans sont unis.

De la gaieté, musique agréable, du succès.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mme. Masson, an XII (1804) :

Un Quart-d'heure de silence, opéra en un acte, Paroles de M. Guillet, Musique de M. Gaveaux. Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Opéra-Comique national, le 20 Prairial an XII. (9 Juin 1804.)

La pièce est dédiée à l’actrice qui a créé le rôle d’Alexandrine, l’héroïne de l’opéra, madame Saint-Aubin :

A Mme. St.-Aubin.

MADAME,

Je n'ai point assez d'amour-propre pour vous offrir la dédicace de mon Quart-d'Heure de Silence. Alexandrine parée de vos charmes, embellie de vos grâces, ne m'appartient plus, et je désespérerais de prolonger l'indulgence du public, si je pouvais méconnaître le talent inimitable qui a désarmé sa .sévérité. Je me bornerai donc à vous prier d'agréer l'expression de ma vive reconnaissance. Je vous dois, d'ailleurs, quelques encouragemens dont je m'honore : car le censeur le plus inflexible ne résiste point à l'accent enchanteur d'une femme qui, pour servir de modèle dans tous les genres n'a pour guide que son cœur et son esprit.

Je suis avec respect,

Madame,

Votre très-humble et dévoué serviteur ,

Guillet.

Courrier des spectacles, n° 2661, daté du 21 prairial an 12, 9 juin 1804 (mais qui date du 10 juin 1804) :

[Le jugement porté d’emblée prend une forme négative, ce que n’est pas la pièce, « sans intérêt et sans gaité », avant un avis plus positif, marche vive etanimée, musique légère et gracieuse. L’intrigue résumée ensuite tourne autour du mariage d’une jeune femme avec son cousin, mariage que le père de la jeune fille ne réprouve pas, ce qui ne l’empêche pas d’abord de vouloir tester la détermination de sa fille, d’abord par des mises en garde, qui n’ont bien sûr pas d’effet, puis par une épreuve redoutable : respecter un quart d’heure de strict silence. Bien sûr elle échoue, tout comme sa servante, associée à l’épreuve. Mais le père est bonhomme : il consent au mariage de sa fille et de son cousin (mais on s’y attendait un peu). L’interprétation est jugée très favorablement, surtout pour les rôles féminins. Et la musique, « en général légère et gracieuse », fait l’objet d’un jugement positif, mais non sans réticences : c’est une composition qui « fait honneur au talent de monsieur Gaveaux", même si « la phrase musicale est souvent courte et étroite ; quelques passages manquent d’expression et de mouvement ».]

Théâtre Feydeau.

Première représentation d’Un Quart-d’heure de silence.

Cette petite pièce n’est point un ouvrage sans intérêt et sans gaîté La marche en est vive et animée ; la musique légère et gracieuse. Ce Quart-d’heure de silence a produit près d’une heure d’applaudissemens nombreux, prolongés et unanimes.

Alexandrine, jeune personne enjouée, coquette et étourdie, et sa soubrette Florine, ont le plus grand désir de se marier. Malheureusement M. Dorval, père d’Alexandrine, ne paroit pas si empressé que sa fille ; c’est un homme d’un âge mûr, d’une haute sagesse, d’une expérience consommée, qui veut qu’on ne donne rien au hazard, qui regarde le mariage comme un engagement grave et sérieux auquel on ne sauroit réfléchir trop long-tems.

Alexandrine aime passionnément son cousin Floricourt ; Florine se contente des hommages de Frontin. Floricourt est, comme sa cousine, léger, confiant inconsidéré ; il est riche de tous les défauts qui, aux yeux d’une femme, font d’un homme un être divin.

M. Dorval malgré ses éternelles lenteurs, ses leçons et sa morale est néanmoins un fort bon homme. Il sent bien qu’il faut marier une fille quand elle le désire ; il aime Floricourt, et ne doute pas que s’il le prend pour gendre il ne renonce bientôt à toutes ses folies. Avant de se décider, il prétend s’amuser un instant, il représente donc à sa fille qu’elle est encore trop jeune pour songer à se marier ; qu’elle manque de prudence et de discrétion ; il lui fait une belle énumération de ses défauts, et comme Alexandrine ne convient d’aucun, il lui propose de la mettre à l’épreuve sur un seul point ; mais ce point est fort difficile, il s’agit de garder le silence pendant un quart-d’heure ; le bon homme promet que si sa fille et Florine sortent avec honneur de cette épreuve, le lendemain il consentira à leur mariage. Le défi est accepté ; les deux belles se disposent à soutenir la gageure avec courage ; treize minutes se passent, et elles n’ont pas encore parlé ; mais lioricourt a laissé une lettre où il exprime tous ses sentimens ; comment se taire et ne pas lire ? Voilà donc le silence rompu, et M. Dorval arrivant pour constater l'infraction au traité. Jugez de l’inquiétude d’Alexandrine, de ses prières auprès de son père.

Dorval se laisse fléchir ; le déficit est si peu de choses ! II rit et cousent à 1’union des deux amans.

I1 est impossible de jouer avec plus de goût, de grâces et de charmes que Mad. St-Aubin chargée du rôle d’Alexandrine. Mad. Gavaudan a rempli celui de Florine avec beaucoup d’intelligence et de talent ; ceux de Fioricourt et de Frontin ont été très-bien joués par Gavaudan et Chenard.

Le duo entre madame Saint-Aubin et madame Gavaudan a fait le plus vif plaisir ; la musique est en général légère et gracieuse ; mais la phrase musicale est souvent courte et étroite ; quelques passages manquent d’expression et de mouvement ; néanmoins cette composition fait honneur au talent de monsieur Gaveaux, qui a été demandé par le public avec beaucoup d’empressement.

S***.          

Le nom de l’auteur du livret n’est pas donné, mais c’est un oubli que le journal répare deux jours après : M. Guillet.

Le nouvel Esprit des journaux français et étrangers, tome dixième, messidor an 12 (juin 1804), p. 276 :

[Une petite pièce, dont le succès est attribué au talent de la chanteuse vedette « plutôt qu'au mérite des paroles et de la musique ». Deux phrase suffisent pour résumer l’intrigue. Le ton de la pièce « n'est pas toujours très-décent », des longueurs. Le succès n’a tenu qu’au jeu des interprètes.]

Un Quart-d’Heure de silence.

Tel est le titre d'une pièce en un acte, paroles de M. Guillet, musique de Gavaux, laquelle doit le succès qu'elle a obtenu au talent enchanteur de Mme. St.-Aubin, plutôt qu'au mérite des paroles et de la musique. Un père impose pour condition à sa fille, si elle veut être unie à son cousin qu'elle aime, de garder pendant un quart-d'heure un silence absolu ; la condition est difficile ; la demoiselle ne peut se taire que pendant treize minutes. Après l'avoir un peu contrariée, son père l'unit à son amant. Tel est le fonds de cet ouvrage, dont le ton n'est pas toujours très-décent, et qui offre des longueurs qui l'eussent fait tomber, sans le jeu spirituel de Mme. St.-Aubin, très-bien secondée par Solié, Chenard, Gavaudan, Mmes. Gonthier et Gavaudan.

Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 431, disent que la pièce a été jouée jusqu’en 1807.

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