Un tour de jeune homme

Un tour de jeune homme, vaudeville (anecdote en un acte et en prose), de Léger et Chazet, 14 floréal an 10 [4 mai 1802].

Théâtre Louvois.

La pièce est également connus sous le titre de Une soirée de Longchamps ou un Tour de Jeune Homme.

Titre

Un tour de jeune homme

Genre

anecdote

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

14 floréal an 10 (4 mai 1802)

Théâtre :

Théâtre Louvois

Auteur(s) des paroles :

MM. Léger et Chazet

Sur la page de titre de la brochure, chez Huet et d’autres, an X (1802) :

Un tour de jeune homme, anecdote en un acte et en prose, Par F. P. A. Léget et R. Chazet. Représentée pour la première fois sur le théâtre Louvois, le samedi, 4 floréal an 10.

Sur la page de titre de la brochure, chez Huet et d’autres, an X (1802) :

Un tour de jeune homme, anecdote en un acte et en prose, Par F. P. A. Léget et R. Chazet. Représentée pour la première fois sur le théâtre Louvois, le samedi, 4 floréal an 10.

Courrier des spectacles, n° 1876 du 5 floréal an 10 [25 avril 1802], p. 2 :

[Avant de parler de la pièce, le critique doit d’abord signaler le problème que pose son apparition sur le Théâtre Louvois : elle appartenait légitimement au Théâtre duVaudeville, « sujet, plan, dialogue, et enfin une romance au milieu et des couplets vers la fin » (une question de préséance donc : à chacun son bien !). Elle y aurait d’ailleurs eu plus de succès. Et elle a été bien vite écrite (l’anecdote qu’elle raconte est toute récente) : c’est encore un trait qui la rapproche du Vaudeville. L’intrigue est une variation sur l’éternel sujet de la ruse : comment arracher un peu d’argent à un oncle peu généreux ? Il suffit de lui faire croire qu’on est blessé, et l’oncle desserre les cordons de sa bourse. Il s’agissait de payer la location d’un cheval, et il est facile de simuler un accident pour effrayer l’oncle et le rendre prudent : plutôt payer ces dix louis que de s’exposer à de grands frais. A cette petite ruse s’ajoute une nécessaire intrigue sentimentale avec la cousine du jeune cavalier. Elle l’aime, et la pièce s’achève sur une promesse de mariage (comme d’habitude). Le jugement porté sur la pièce est positif : un pièce courte, au dialogue rapide et piquant. Bien sûr, le public a réagi au don d’un portrait par la jeune fille, destiné à « adoucir sa souffrance : c’est une niaiserie » (et une jeune file ne doit pas offrir son portrait, même à son cousin !). Les auteurs ont été nommé. Et le critique distingue un acteur au « talent décidé pour la comédie ».]

Théâtre Louvois.

Première Représentation d’un Tour de Jeune Homme.

Le Vaudeville va se fâcher : prenez y garde, messieurs les auteurs ! Le théâtre Louvois va sur ses brisées et empiète sur ses droits. Voilà plusieurs petites pièces qui s’y donnent depuis quelque tems avec assez de succès, et que le Vaudeville pouvoit à bon droit réclamer, car il ne leur manquoit que des couplets pour faire partie de son domaine. Hier, il pouvoit à juste titre élever la voix. Tout étoit de son ressort : sujet, plan, dialogue, et enfin une romance au milieu et des couplets vers la fin.

Cette bluette auroit bien réussi à la rue de Chartres, elle n’a eu ici que le succès du moment ; il est vrai que les auteurs l’ont faite rapidement à en juger par le peu de tems qui s’est écoulé entre 1a représentation et le jour où l'anecdote qui a fourni ce sujet a été consignée dans les journaux.

Hippolite, neveu d’un marchand de draps, brûle d’aller à Longchamp, et pour cela, un de ses amis a loué pour lui sur parole un cheval sur lequel il doit briller dans cette jolie réunion. C’est fort bien de louer, mais payer, voilà le tu autem. Hippolite n’a pas un écu, son ami est aussi gueux que lui. Comment faire ? le jeune homme a un projet, et il s’écrie à chaque observation de son camarade : Mon oncle paiera. L’oncle paroît ; Hippolite d’un air patelin lui demande cinq louis pour la location du cheval. Le marchand refuse ; le neveu insiste et parie dix louis que son oncle paiera. C’est un peu fort. Le pari convenu, Hippolite vole à Longchamp, son oncle ne tarde pas à le suivre à pied. Comme nous n’avons jusqu’ici parlé que de trois personnages et qu’ils sont absens, le lecteur croit peut-être que la scène reste vuide. Pas du tout. Il y a chez le marchand de draps une jeune cousine d’Hippolite, amante aimable et très-discrète, qui après avoir bien caché le secret de son amour à une gouvernante curieuse et bavarde, le trahit en faisant son propre portrait pour Hippolite, et en chantant une romance analogue à sa situation. Cependant l’oncle revient, il a vu son neveu qui montoit avec grâce un superbe cheval alezan, et qui renforçoit une brillante cavalcade. Tout-à-coup un homme hors d’haleine accourt et demande au marchand de draps un entretien particulier : celui-ci fait retirer sa nièce, et il apprend avec effroi que son neveu a eu le malheur d’être emporté par son cheval qui a pris le mord aux dents, et qui en se cabrant l’a renversé sous lui. Vîte, s’écrie-t-il, un chirurgien ! Ces cris font accourir sa nièce à qui il veut cacher ce malheur ; non, ce n'est rien, mon cher neveu ! il est blessé. Qu’est-ce que je dis ? — Bref, le pauvre oncle se désespère lors que le neveu paroît, le bras en écharpe. Le jeune homme avoue qu’il a acheté le cheval 25 louis que son ami a soi-disant payés pour lui, mais que celui-ci veut bien le reprendre moyennant qu’on lui rembourse les dix autres louis. L’oncle qui n'a rien de plus pressé que de se défaire de l’animal dangereux, les tire de sa bourse, et à l’instant Hippolite ôtant l’écharpe qui enveloppe son bras, se montre sans aucune blessure, et gagnant le pari , il obtient aussi la promesse d’épouser bientôt Emilie.

Cet acte très-court, puisqu’il ne dure pas plus de vingt minutes, a obtenu un accueil assez flatteur ; néanmoins on a murmuré de la donation que la jeune personne fait de son portrait à son cousin, présent qui doit adoucir sa souffrance ; c’est une niaiserie. Du reste le dialogue de cette bluette est rapide et semé de plusieurs traits piquans.

Les auteurs sont les cit. Chazet et Léger. Le cit. Berlin montre toujours un talent décidé pour la comédie ; il joue parfaitement le rôle de l’Etourdi.

F. J. B. P. G * * *.          

La Décade philosophique, littéraire et politique, an X, 3ème trimestre, n° 22 (10 floréal), p. 245-246 :

[Cet article a été repris dans l’Esprit des journaux français et étrangers, trente-unième année, prairial an X [juin 1802]p. 225-227.

Le compte rendu de cette « bluette » insiste beaucoup sur son appartenance à un genre en plein développement, celui des « bluettes éphémères », des « esquisses à peine indiquées » que le Théâtre Louvois (la Comédie Française, tout de même) multiplie à l’instar du Théâtre du Vaudeville. Le résumé d’une intrigue très mince aboutit à un jugement sévère : la pièce du jour n’a dû demander qu’un travail dérisoire à leurs auteurs. Si le début de la pièce, riche « de saillies épigrammatiques, plus éblouissantes que fines », a plu au public, la suite a beaucoup déçu en ne contenant « que quelques méchantes fusées avortées ». Une scène a même provoqué des murmures, sans doute pour des raisons de convenances (une jeune fille qui donne son portrait à un jeune homme) ou d’attendrissement (le jeune homme prétend avoir le bras cassé). De toute façon, c’est une imitation d’une pièce trop récente. Peu importante, la pièce a été « favorablement accueillie ».]

Théâtre Louvois.

Un Tour de jeune homme, en un acte en prose.

Si le théâtre Louvois ne prend garde aux petits actes qu'on lui présente, il verra bientôt son répertoire surchargé de bluettes éphémères, d'esquisses à peine indiquées, et qu'on peut regarder comme des plans informes de pièces destinées au théâtre du Vaudeville, mais qui, dénuées du secours des couplets, ont perdu tout leur sel et tout leur effet.

Une anecdote, excellente tout au plus pour dix ou douze lignes de récit dans un journal, mais très-peu dramatique, a fourni le canevas sur lequel les CC. Chazet et Léger ont brodé, à la hâte, quelques détails presqu'insignifians.

Un jeune homme , neveu d'un bon marchand bien crédule, veut aller à Long-Champs et faire payer à son oncle le loyer de son cheval alezan : pour y parvenir, il lui fait annoncer qu'il a été renversé pendant sa promenade ; que sa chûte lui a cassé le bras, et que la maudite bête cause de cet accident, lui a été vendue vingt-cinq louis. L'oncle, sensible à cette catastrophe, exige que son neveu se défasse du cheval ; mais on n'en offre que quinze louis, et le bon marchand, toujours dupe de ce stratagême assez mal-adroit, aime mieux donner dix louis que de voir son neveu garder un cheval si dangereux. Il a sans doute oublié que le jeune écuyer avait parié tout juste dix louis qu'il lui ferait payer sa promenade de Long-Champs. Par ce moyen, l'oncle perd la gageure sans s'en douter ; mais ce que l'on aura de la peine à concevoir, c'est que la fille du marchand est amoureuse de son cousin, et que, malgré le tour qu'il vient de jouer à son oncle, celui-ci est assez bon pour consentir au mariage.

C'est véritablement abuser de son esprit et se moquer de celui du public, que d'appeler comédies de semblables conceptions. Les auteurs, déjà connus par des bluettes spirituelles, avoueront que celle-ci n'a pas dû leur coûter une demi-journée de travail.

La première scène de leur ouvrage avait excité de vifs applaudissemens par un cliquetis de saillies épigrammatiques, plus éblouissantes que fines : mais c'est ne pas connaître soi-même ses moyens, c'est du moins en user mal à propos que de débuter par une gerbe d'artifice pour ne donner- ensuite que quelques méchantes fusées avortées.

Des murmures ont accueilli la scène où la cousine du jeune homme, qui lui voit le bras en écharpe, saisit cette occasion de lui donner son portrait. Cette puérile affectation de sensibilité factice a déplu : c'était d'ailleurs l'imitation assez gauche d'une situation charmante du Peintre Français à Londres, et le modèle était encore trop récent pour ne pas nuire à la copie.

Au total, néanmoins, la pièce , à raison de son peu d'importance, a été favorablement accueillie , et les auteurs demandés et nommés sont aujourd'hui sur l'affiche.                  L. C.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 7e année, 1801, tome VI, p. 406 :

[Pièce sans originalité, plus ou moins cohérente. Digne seulement des théâtre du Boulevard : on croit encore fermement à la hiérarchie des genres et des théâtres...]

THÉATRE LOUVOIS.

Un Tour de jeune homme.

Le théâtre Louvois veut rivaliser le Vaudeville et la Montansier, puisqu'il s'empare aussi des pièces de circonstances. Une mauvaise anecdote, insérée dans -tous les journaux, forme le fonds léger de la bluette en un acte et en prose, jouée le 4 floréal sur ce théâtre, et traitée par les CC. Léger et Chazet, qui enrichîssoient autrefois, de ce genre de pièces, le répertoire des Troubadours.

Un jeune homme veut aller à Longchamps, à cheval, et n'a pas le moyen d'en acheter un. Il le prend à crédit ; son oncle gronde et s'emporte ; mais notre fou revient de la promenade, la tête empaquetée, et dans un état pitoyable. L'oncle désolé paye, et le jeune étourdi est guéri sur le champ. Une intrigue d'amour est bien ou mal cousue à cette belle comédie, qui n'a pas même le mérite d'un dénouement un peu neuf, puisque, dans les Fourberies de Scapin, c'est par le même moyen que le rusé valet se fait accorder son pardon. Il faut espérer que Picard, un peu plus sévère, laissera désormais de semblables ouvrages briller aux théâtres du Boulevart, auxquels ils conviennent parfaitement.

[Ici, Picard est cité comme directeur de théâtre, pas comme auteur...]

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