Une heure de folie

Une heure de folie, comédie en un acte et en vers, mêlée de vaudevilles, de Marc-Antoine Désaugiers, 15 octobre 1807.

Théâtre des Variétés-Panorama.

Titre :

Une heure de folie

Genre :

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

15 octobre 1807

Théâtre :

Théâtre des Variétés-Panorame

Auteur(s) des paroles :

Marc-Antoine Désaugiers

Almanach des Muses 1808.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mad. Masson, 1807 :

Une heure de folie, comédie en un acte et en vers, mêlée de vaudevilles ; Par M. Désaugiers. représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés, le jeudi 15 Octobre 1807.

Journal de l’Empire, 21 octobre 1807 :

[Les théâtres jouent, l’un Une heure de mariage, l’autre, Une heure de folie. Le rapprochement conduit le critique à de belles réflexions générales sur les liens de l’un à l’autre. Et il compare les deux pièces, « une petite comédie agréablement imaginée, et conduite avec art » face à un vaudeville, «  une farce vive, une débauche de gaieté ». Une heure de folie est évidemment inspirée de l’Avocat patelin, mais la folie simulée par Patelin pendant une scène est ici étendue à toute la pièce. Il s’agit d’un jeune homme qui fuit ses créanciers et son père (lui veut marier son fils à une autre que celle qu’il aime)et pour cela e réfugie dans une prétendue folie. Elle est cause d’une série de quiproquo, dont certains doivent beaucoup à Don Quichotte, ou à Molière. La maîtresse du fou supposé finit par payer ses dettes, et le critique signale que, si elle avait agi ainsi plus vite, elle nous aurait privé de bons moments de rire. Il regrette d’ailleurs de ne pas voir cette demoiselle sur la scène. La fin de l’article aborde une question plus sérieuse : elle reproche à l’auteur, Désaugiers, de se contenter d’écrire en toute hâte des farces indignes de son talent (esprit et imagination), qui certes le nourrissent, mais ne lui survivront pas.

L’Avocat Patelin est une comédie en trois actes, de Brueys et Palaprat, jouée par les Comédiens Français le 4 juin 1706 et qui reprend la Farce de maître Pathelin.]

THÉATRE DES VARIÉTÉS.

Une Heure de Folie.

Il y a au théâtre Feydeau une Heure de Mariage ; voici aux Variétés une Heure de Folie : il y a beaucoup de conformité dans les deux titres, et autant de différence entre les deux pièces qu'il y en a entre le mariage et la folie. Quoiqu'il y ait des mariages qui sont une folie, le mariage est cependant en lui-même une action sages et raisonnable, La pièce intitulée une Heure de Mariage est une petite comédie agréablement imaginée, et conduite avec art ; le vaudeville intitulé une Heure de Folie est une farce vive, une débauche de gaieté : cette explosion d'une verve folle et bouffonne convient au théatre où on la représente, mais ne seroit au théâtre Feydeau qu’une mauvaise parade.

Nos petits auteurs sont de grands fripiers : ils retournent, étendent et brodent quelques lambeaux de nos anciennes pièces ; c'est avec cela qu'ils font les habits qu'ils vendent aux petits théâtres. Une scène de l’Avocat Patelin a fourni l'idée d’Une Heure de Folie. Tout le monde sait que M. Patelin contrefait le fou quand M. Guillaume vient lui demander l’argent de son drap ; cela ne dure au Théatre Français que quelques minutes, et c'est bien assez : aux Variétés, la folie est plus longue et souvent répétée. Si Thalie admet à sa cour quelques minutes de folie ; Momus peut bien en supporter une heure dans son palais. Le héros d’Une Heure de Folie est un jeune libertin poursuivi par ses créanciers, amoureux d'une fort jolie personne qu'on ne voit point, et tourmenté par son père qui veut le marier à une autre ; des dettes, de l'amour, des remontrances paternelles, il y a bien là pour un jeune homme de quoi perdre le peu de raison qu'il a : celui-ci cependant me devient pas fou ; il fait semblant de l'être pour avoir un prétexte de garder la chambre, et pour se dérober aux importunités de son père, qui veut contraindre son inclination. Avec sa prétendue folie, il donne la chasse à tous les fâcheux : si quelque créancier ose pénétrer dans son appartement, il se jette sur lui comme Cardenio sur dom Quichotte, et menace de l'étrangler. Pour s'amuser, notre jeune homme fait venir un maitre de danse plus fou que lui ; le médecin, qui survient prend le maître de danse pour un docteur de la faculté, quiproquo qui produit en une dispute comique. Un autre quiproquo est celui du jeune homme qui applique à sa maîtresse ce que le maître de danse lui dit de la Gavotte ; mais cette imitation de Molière est trop usée.

Cela finit par un trait de folie ou de générosité de la maitresse, qui paie les dettes de son amant. Si elle eût commencé par là, elle nous eût épargné une heure de folie ; mais cette heure de folie fait rire, et en la maîtresse a bien fait de retarder sa bonne œuvre : c'est dommage qu'on ne voie point sur la scène cette bonne dame à qui son amant, par distraction, envoie une ordonnance de médecine au lieu d'un billet doux, tandis que le billet doux est porté chez l'apothicaire au lieu de l'ordonnance ; quiproquo qui rend l'apothicaire aussi furieux que M. Fleurant, quand on a refusé son clystère.

C'est bien dommage aussi que M. Desaugiers travaille trop vite, et borne son talent à quelques petites farces ingénieuses : avec son esprit et son imagination, il auroit pu faire un poëte comique, au lieu qu'il ne sera jamais qu'un faiseur de petites drôleries qui le feront vivre, mais qui mourrout long-temps avant lui,

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