Une matinée de Catinat, ou le tableau.

Une matinée de Catinat, ou le tableau, opéra comique en un acte, en prose, de Marsollier, musique de Dalayrac. 9 vendémiaire an 9 [1er octobre 1800].

Théâtre Lyrique rue Feydeau

Titre :

Une matinée de Catinat, ou le Tableau

Genre

opéra-comique (opéra, selon la brochure)

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose et couplets en vers pour les airs

Musique :

oui

Date de création :

9 vendémiaire an 9 (1er octobre 1800)

Théâtre :

Théâtre Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Marsollier

Compositeur(s) :

Dalayrac

Almanach des Muses 1802

La pièce y est appelée Le Tableau, ou une matinée de Catinat. Et la date de création donnée ne concorde pas avec celle que propose la brochure. Mais c’est l’Almanach des Muses qui a raison contre le Magasin encyclopédique pour le nom du personnage que Catinat aide : il s’appelle bien Sainville, et non Surville.

Sainville, prêt à périr de misère avec sa compagne et sa famille, par la banqueroute d'un débiteur, trouve dans la générosité de Catinat un soulagement et une protection, mais le maréchal connait la délicatesse de Sainville, et, pour lui éviter l'embarras de s'acquitter envers lui, il fait acheter fort cher un vieux tableau de la maison de son protégé : celui-ci, par une ruse ingénieuse, force son bienfaiteur à se dévoiler.

C'est le même sujet traité par le citoyen Roger, dans la pièce de Caroline et le Tableau, jouée au théâtre français : les auteurs ont prêté à Catinat ce trait de générosité, qui appartient, comme on l'a déjà dit, au comte d'Apchon. De jolis détails, de la sensibilité. Musique agréable.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez André, an IX :

Une Matinée de Catinat, ou le Tableau, opéra en un acte; Paroles de B.-J. Marsollier, Musique de d’Aleyrac. Représenté, pour la première fois, à Paris, au Théâtre Feydeau, le 7 Vendémiaire an IX.

Courrier des spectacles, n° 1307 du 10 vendémiaire an 9 [2 octobre 1800], p. 2-3 :

[Dans ce qui est annoncé comme un premier article, le critique ne cache pas la haute estime dans laquelle il tient la pièce nouvelle, qui a « obtenu un très-brillant succès » (mais dont il déforme le titre). Il en résume longuement l’intrigue, une anecdote pleine de bons sentiments, dans laquelle le vieux maréchal de Catinat soulage la misère d’un peintre et de sa nombreuse famille en faisant acheter très cher un tableau banal. Mais c’est le juste retour de la générosité du père du peintre envers le maréchal. Et tout le monde va se retrouver sur la terre du brave maréchal, qui y fait venir le peintre et sa famille. Le critique place sur un pied d’égalité librettiste et compositeur, deux auteurs aux nombreux succès. Ils ont bien sûr été « vivement demandés ».

Le second article promis n’a pas paru, semble-t-il, malgré le succès de la pièce.]

Théâtre Feydeau.

Il faut mettre au rang des pièces les plus intéressantes qui ayent paru depuis quelque tems, celle qu’on vient de donner à ce théâtre sous le titre d’une Journée de Catinat, ou le Tableau ; aussi a-t-elle obtenu un très-brillant succès.

Un peintre, nommé Sainville, habite une maison voisine de la terre du Maréchal de Catinat, mais est poursuivi par d’impitoyables créanciers pour le payement d’une somme que sa situation très-difficile ne lui permet pas d’acquitter. Sainville est plein d’honneur et de probité, mais il a l’ame grande, et croiroit même s’abaisser en acceptant les offres de services que lui a faits souvent Catinat. Cependant Sainville na peut résister plus long-tems à l’idée de laisser trois enfans en proie aux horreurs du besoin, et de se voir arracher à sa propriété. Envain il a voulu remercier le vieux Firmin, son jardinier, Firmin offre à son maître le peu d’épargnes qu’il a faites, et veut le servir sans intérêt. Tout l’espoir de Sainviile pour satisfaire ses créanciers est dans le remboursement d’une somme qu’il a placée chez un Notaire de Paris. Il part pour aller la toucher, et laisse pour parer aux besoins de la maison, un tableau qu’il faut vendre, et qui n'est qu’une misérable copie de paysage.

Catinat, informé par Dupré, son intendant, de l’embarras où se trouve Sainville, vient chez ce dernier, mais ne trouve que sa famille : les enfans font voir au vieux guerrier les vertus et les talens qu’ils ont reçus de leur père ; ils font ensemble un petit concert, et les couplets qu’ils chantent sont à la louange de Catinat, et composés par Sainville. Catinat, plein d’attendrissement, veut se retirer : le tableau embarrasse la porte, et Firmin le déplace avec précaution. Ce soin porte Catinat à considérer le tableau ; il apprend qu’il est à vendre,. et aussi-tôt il médite le projet de répandre ses bienfaits sur cette famille vertueuse et infortunée, sans que la délicatesse de Sainville ait à souffrir. Il fait jouer à Dupré, son intendant , le rôle d’un Peintre italien, qui cherche par-tout des tableaux de prix pour les vendre dans le Nord.

Dupré arrive chez Sainville, examine le tableau, le déclare d’abord un guide, puis ensuite un carache, et feint d’être désolé de n’en pouvoir offrir que cinq cents écus d’or. Firmin conclut le marché, et l’or lui est remis.

Cependant Sainville est de retour, il ne peut cacher son désespoir ; le notaire chez lequel il avoit placé ses fonds a fait banqueroute, et ce malheureux père de famille traîne à sa suite les gens de justice, qui viennent au nom de ses créanciers se mettre en possession de sa maison. Firmin va lever toutes les difficultés, en acquittant la dette avec le prix du prétendu chef-d’œuvre ; mais Sainville qui connoît mieux la valeur de son tableau, ne regarde pas comme lui appartenant une somme aussi forte, puisqu’il pense ne l’avoir obtenue que de la crédulité d’un homme trop peu connoisseur ; mais quand on lui apprend que l’Italien s’étoit présenté de la part de Catinat, il croit reconnoître une ruse de bienfaisance. Le maréchal survient justement ; Sainville lui fait part de la vente du tableau, mais dit que les écus d’or qu’il a reçus en payement se sont trouvés faux. « Cela ne se peut, dit Catinat, c’est moi qui les ai donnés. » Le Maréchal qui s’est trahi de cette manière, ne peut se soustraire aux témoignages d'une vive reconnoissance, et rassure la délicatesse de l’artiste, en lui apprenant qu’il ne fait alors que ce que Sainville le père lui-même avoit fait autrefois pour Catinat. Le Maréchal, pour s’acquitter entièrement, emmène toute cette famille dans sa terre.

L’auteur de la musique de cet opéra ne mérite pas moins d’éloges que celui des paroles ; tous deux sont connus par de nombreux succès : ce sont les citoyens Marsollier et Dalayrac. Ils ont été vivement demandés, le dernier seul a paru. Nous aurons du plaisir à entrer dans plus de détails sur ce joli ouvrage.

B * * *          

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, VIe année (an viii, 1800), tome troisième, p. 408-409 :

[Le compte rendu ne dit rien de la réalité de l’anecdote mise en scène dans la pièce (elle ne concerne pas Catinat, en fait). Récit d’une belle action, elle « a obtenu un succès complet » : le théâtre aime bien passer pour moral. Pour rendre la pièce encore plus intéressante (« la gaieté [y] est adroitement mêlée au sentiment »), il suffirait de « faire disparoître » « quelques longueurs ». Un rapide compliment pour la musique, « agréable et gracieuse », malgré un chant qui « n'est pas toujours placé convenablement ». Les auteurs ont été demandés.

Le critique a mal entendu le nom de l'ami en faillite : il s’appelle Sainville, et non Surville.]

Une Matinée de Catinat , ou le Tableau.

La première représentation de cet opéra, en un acte, joué le 9 vendémiaire, a obtenu un succès complet. En voici le sujet.

Le maréchal de Catinat s'est retiré à Saint-Gratien ; il apprend que Surville, son ami, vient d'être victime d'une banqueroute. Plusieurs fois il a voulu le secourir ; mais celui-ci, fier dans l'adversité, a toujours refusé les bienfaits de Catinat. Bientôt Surville, obligé de se défaire de ses meubles, donne au grand homme le moyen de lui être utile. Il met en vente un vieux tableau de peu de valeur ; Catinat envoie son valet de chambre, déguisé en juif, qui, pendant l'absence de Surville, achète le tableau 500 écus d'or. Lorsqu'il revient chez lui, avec les huissiers à qui il va abandonner sa maison, son vieux valet lui montre la somme qui doit les satisfaire. Surville reconnoît bien la générosité de Catinat, mais, pour en être plus certain, il a recours à la ruse. Le maréchal paroît, Surville lui raconte le marché conclu avec le Juif, et ajoute avec douleur : toutes ces pièces d'or sont fausses. – Impossible , réplique vivement Catinat, je les avois comptées moi-même. Surville et ses enfans se jettent aux pieds du maréchal, qui ne peut plus nier sa belle action.

Quelques longueurs, qu'il est aisé de faire disparoître, nuisent à l'intérêt de cette pièce, où la gaieté est adroitement mêlée au sentiment. La musique est agréable et gracieuse, mais le chant n'est pas toujours placé convenablement. Les auteurs ont été demandés ; ce sont les CC. Marsollier et Daleyrac.

D’après Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 432, la pièce a été créée le 1er octobre 1800 au Théâtre Feydeau, et le 18 septembre 1801 au Théâtre de l’Opéra-Comique, salle Feydeau. Elle y a été jouée jusqu’en 1804.

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