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Une soirée des Tuileries, ou l’Eté de 1815

Une soirée des Tuileries, ou l'Été de 1815, divertissement en un acte mêlé de couplets, par M. Georges Duval, 1er août 1815.

Théâtre de l’Odéon

Titre

Une soirée des Tuileries, ou l’Eté de 1815

Genre

divertissement

Nombre d'actes :

 

Vers / prose ?

prose

Musique :

oui (fête finale)

Date de création :

1er août 1815

Théâtre :

Théâtre de l’Odéon

Auteur(s) des paroles :

M. Georges Duval

[Le Journal de Paris revient à plusieurs reprises sur la pièce nouvelle, d’abord pour en louer la gaîté, et révéler indirectement le nom de l’auteur, qu’on ne devrait normalement connaître après la réussite de la première. Le lendemain de cette première, le critique maison fait un compte rendu très élogieux d’une pièce à la gloire de la monarchie restaurée après les Cent Jours. Elle est compose de tableaux montrant le bonheur du peuple de Paris au retour du Roi après Waterloo. Un seul point noir, les difficultés de mémoire des acteurs, mis sur le compte de leur émotion, mais qu’on pourrait attribuer à la hâte de la mise en place de la pièce. La salle était enthousiaste, et a salué le nom de l’auteur, qui a cru bon d’insister sur la sincérité de son ralliement au Roi (on est en pleine crise des Girouettes, dont un ouvrage vient de dresser le dictionnaire : dans l’édition de 1815, Georges Duval n’y figure pas). Le 7 août, le journal publie une lettre de l’auteur qui souhaite se disculper de la pire des accusations, celle d’avoir écrit des pièces révolutionnaires. Dernier article, que les hasards de la recherche sur le net m’a fourni, l’évocation d’une représentation à Nantes occupée par les Prussiens. Tout semble se dérouler au mieux dans la France de province, officiers français et officiers prussiens ayant assisté ensemble à la soirée.]

Journal de Paris, n° 211 du 30 juillet 1815, p. 4 :

On répète à l’Odéon un divertissement mêlé de couplets, intitulé : Une Soirée des Tuileries Cette pièce, que l’on dit fort gaie, est attribuée à l’auteur d’Une Journée à Versailles.

Une journée à Versailles est une pièce de Georges Duval, jouée à l’Odéon à partir du 20 décembre 1814.

Journal de Paris, n° 214 du 2 août 1815, p. 1-2 :

THÉATRE DE L’ODÉON.

Une Soirée des Tuileries, ou l'Eté de 1815,
divertissement en un acte, mêlé de couplets.

Tous les auteurs qui ont célébré sur nos divers théâtres le retour de Louis-le-Desiré, de Louis-le-Regretté, de Louis-le-bien-Aimé, ont senti que l'élégante recherche de l'esprit ne pourrait jamais valoir l’énergique franchise du sentiment, et ils se sont bornés à peindre ce qu'on voit partout, à répéter ce qu'on entend à chaque moment. Ce sont des tableaux populaires qu'ils nous retracent, et chacun devient spectateur de la scène dont il était acteur la veille.

Jusqu'à présent la palme est décernée à l'Opéra ; il était impossible qu'il ne l'obtînt pas. La pantomime peut seule peindre des émotions que rendront toujours trop faiblement les plus vives expressions du langage. C'est aux Tuileries que l'auteur du divertissement exécuté hier à l'Odéon a placé le lieu de la scène.

La pièce commence par un dialogue entre M. Dumont et un M. Moulinet. Ce Moulinet est une girouette qui a changé avec les évènemens ; cependant il prétend qu'il a toujours prévu et prédit tout ce qui arrive ; ce caractère est plaisant. Henriette, la fille de Dumont, en venant avec sa mère aux Tuileries, a aperçu son amant Adolphe, officier de la garde nationale, qui, à la veille de l'épouser, a quitté Paris. Elle a cependant conservé le plus tendre souvenir de ce jeune homme ; et elle repousse les soupçons que Moulinet cherche à faire naître sur la cause d’une absence de trois mois.

On voit successivement arriver dans le jardin un marin provençal, venant de Marseille, et qui exprime avec l’énergique chaleur du pays l’enthousiasme qu’excite chez ses compatriotes le seul nom du Roi. Après lui paraissent des chanteurs et des chanteuses, un joueur de vielle qui a constamment joué l’air de vive Henri IV, une bouquetière qui distribue des lis, etc. etc. On est censé voir le Roi à l’une des fenêtres du château ; sa présence est le signal d’une ivresse générale. Un grenadier de la vieille garde ne peut s’empêcher de répandre des larmes, et il mêle sa voix à celle de tous les bons Français. On fait observer à Moulinet qu'il n'a pas, comme les autres, crié vive le Roi! il répond : Je l'ai crié....

Une ronde est entonnée, et l'on se livre à la joie ; cependant l'heure de la retraite est arrivée, et une patrouille vient inviter le public à se retirer. Cette patrouille est commandée par Adolphe ; la reconnaissance des amans a lieu. Il raconte qu'il ne s'est absenté de la capitale que pour aller à Gand. Il reçoit la récompense de sa fidélité en épousant Laure.

L'ardeur que les acteurs ont mise dans l'exécution de ce divertissement, a quelquefois troublé leur mémoire. Mais s'il y avait peu d'ensemble sur le théâtre, il y en avait beaucoup dans la salle. Les bravos, les cris prolongés de vive le Roi ! servaient de refrain à tous les couplets, et les acclamations les plus vives ont accueilli le nom de l'auteur, M. Georges Duval. On le connaissait d'avance, ou du moins on l'avait deviné, car on lui avait fait une application aussi juste qu’honorable de ces mots par lesquels le chanteur public annonce des couplets : « Chanson composée en l'honneur du Roi, par un particulier qui n'en a pas fait en l'honneur de tout le monde. »

A. Martainville,          

Journal de Paris, n° 219 du 7 août 1815, p. 2 :

A. M. le Rédacteur du Journal.

Paris, le 6 août 1815.          

Monsieur, je ne lis pas l’Aristarque ; et si l’un de mes amis ne m’eut apporté le numéro du 4, j’ignorerais encore qu’il contient une lettre signée Perjan, dans laquelle on demande si M. Georges Duval, auteur d’une Soirée des Tuileries, est le même que le citoyen Georges Duval, auteur du Buste de Marat et de quelques autres pièces républicaines qui sont en la possession dudit sieur Perjan.

Je déclare formellement que celui qui a signé Perjan, quel qu’il soit, avance une insigne fausseté, en disant qu’il possède le Buste de Marat et d’autres vaudevilles républicains dont l’auteur est le citoyen Georges Duval, attendu que je suis le seul auteur qui porte le nom de Georges Duval, et que je n’ai fait aucun des ouvrages qu’il a l’infamie de m’attribuer. Je n’ai jamais eu à rougir de ma conduite ni de mes écrits ; je ne sais si celui qui m’attaque aussi lâchement pourrait en dire autant.

Je me réserve au surplus d’examiner quelle suite in conviendra de donner à cette perfide dénonciation.

J’ai l’honneur de vous saluer.

Georges Duval.          

Journal de Paris, n° 260 du 17 septembre 1815, p. 3 :

Nantes, 13 septembre.

La colonne de troupes prussiennes attendue et annoncée depuis longtemps, est arrivée hier. Une grande partie a de suite été casernée. Les officiers et quelques compagnies ont été logés chez les habitans.

Hier, MM. les officiers vendéens assistaient en grand nombre au spectacle, ainsi que plusieurs officiers prussiens ; on donnait la Partie de Chasse d’Henri IV et une Soirée des Tuileries. L’enthousiasme le plus vif s’est manifesté pendant cette représentation, qui a été souvent interrompue par des acclamations mille et mille fois répétées de vive le Roi ! vivent les Bourbons !

C’est M. le major-général de Hornu qui commande les troupes prussiennes à Nantes. Le prince prussien Hohenjoller, colonel-brigadier, est aussi dans notre ville : il assistait hier au spectacle, ainsi que M. le général.

[La Partie de chasse de Henri IV, c'est la fameuse comédie en trois actes de Charles Collé, de 1766, qui retrouve une certaine actualité avec le retour des Bourbons.]

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 20e année, 1815, tome IV, p. 441-442 :

[Compte rendu qui se réduit à résumer une intrigue qui n’en est pas une. La pièce est dans l’air du temps, et le compte rendu aussi.]

Une Soirée des Tuileries, ou l'Eté de 1815, divertissement joué le premier Août.

La pièce commence par un dialogue entre M. Dumont et M. Moulinet, girouette qui a changé avec les événemens ; quoiqu'il prétend qu'il a toujours prévu et prédit tout ce qui arrive. Henriette, la fille de Dumont, en venant avec sa mère aux Tuileries, a aperçu son amant Adolphe, officier de la garde nationale, qui, à la veille de l'épouser, a quitté Paris. Elle a cependant conservé le plus tendre souvenir de ce jeune homme, et elle repousse les soupçons que Moulinet cherche à faire naître sur la cause d'une absence de trois mois.

On voit successivement arriver dans le jardin un marin provençal, des chanteurs et des chanteuses, un joueur de vielle qui a constamment joué l'air de vive Henri IV, une bouquetière qui distribue des lys. Un grenadier de la vieille garde mêle sa voix à celle de tous les bons Français. On fait observer à Moulinet qu'il n'a pas, comme les autres, crié vive le Roi ! Il répond : je l'ai crié.

Une ronde est entonnée, et on se livre à la joie ; cependant l'heure de la retraite est arrivée, et une patrouille vient inviter le Public à se retirer. Cette patrouille est commandée par Adolphe ; la reconnoissance des amans a lieu. Il raconte qu'il ne s'est absenté de la capitale que pour aller à Gand. II reçoit la récompense de sa fidélité en épousant Laure.

L'auteur de ce petit divertissement est M. Georges Duval.

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