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La Visite de Racan

La Visite de Racan, ou la Femme bel esprit, vaudeville anecdotique en un acte, de Charles-Louis Cadet Gassicourt, 14 Thermidor an 7 [1er août 1799].

Théâtre des Troubadours

Titre :

Visite de Racan (la), ou la Femme Bel Esprit

Genre

vaudeville anecdotique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

14 thermidor an 7 [1er août 1799]

Théâtre :

Théâtre des Troubadours

Auteur(s) des paroles :

Charles-Louis Cadet Gassicourt

Almanach des Muses 1800

Marie Lejars de Gournay, fille savante du seizième siècle, est venue à Paris pour voir Racan, sur la haute réputation dont il jouit. Elle lui écrit à son arrivée, et le prie de se rendre chez elle. Racan fait part de sa bonne fortune à Voiture et à Bussy, qui tour-à-tour se présentent chez mademoiselle de Gournay sous le nom de leur ami. Elle a reçu très-bien Voiture, et Bussy encore mieux, parce qu'il a présenté la lettre adressée à Racan, de sorte que ce dernier est traité fort mal quand il arrive. Mais Voiture et Bussy reparaissent, se font connaître, rendent à Racan son nom, et mademoiselle de Gournay épouse son amant, qui n'avait d'autre tort que de ne point faire des vers aussi bien que Racan.

Peu de succès.

Courrier des spectacles, n° 892 du 15 thermidor an 7 [2 août 1799], p. 2 :

[L’accueil du public a été très mitigé, l’auteur ne s’est pas fait nommer  le critique décrète que la pièce n’a pas réussi. Le résumé qu’il donne ensuite de l’intrigue peut expliquer cette réticence : une anecdote un peu répétitive, une farce peu fine (deux amis qui se font passer pour un troisième auprès de celui qu’aime mademoiselle de Gournay), beaucoup de noms illustres pour peu de chose. La pièce avait d’abord séduit grâce à des « couplets fort lestes », mais la suite a paru froide et sans intérêt.]

Théâtre des Troubadours.

La Visite de Racan a-t-elle eu du succès, demanderont mes abonnés ? Il n’est pas très-aisé de répondre à pareille question. Les uns applaudissent, d’autres sifflent : tandis qu’on murmure d’un côté, d’un autre on demande l’auteur, on vient dire qu’il veut garder l’anonyme. Est-ce là avoir du succès, demanderais-je à mon tour ? Non. Eh bien ! la piece nouvelle n’en a donc pas eu.

On connoit l’anecdote arrivée à Marie Lejars de Gournay, fille savante du XVIe siècle, adoptée par Montaigne, et qui sur la réputation de Racan vint à Paris pour le voir. Celui-ci invité à se rendre chez elle, fait part de sa bonne fortune à Voiture et à Bussy, qui, dans l’histoire, pour lui jouer un tour, et dans la piece, pour la ramener à son amant, forment le projet de se rendre l’un après l’autre chez elle sous le nom de Racan. Voiture arrive le premier et est parfaitement reçu, Bussy lui succéde, et muni de la lettre d’invitation, adressée à Racan, il parvient à se faire passer pour le véritable. Quand Racan vient à son tour, il est traité comme un intriguant jusqu’à l’arrivée de ses amis. Ceux-ci en lui rendant son nom, prétendent que c’est de son aveu qu’ils ont joué leurs rôles, et Mde de Gournay donne la main à son amant, dont le seul dé faut à ses yeux étoit de ne pas faire des vers aussi bien que Racan.

Quelques couplets fort lestes ont d’abord été applaudis dans cet ouvrage, mais des scenes tres-froides, et sur-tout le défaut d’intérêts et de motifs ont empêché son succès.

Mercure de France, journal politique, littéraire et dramatique, an vii, tome septième, décadi, 20 Thermidor, an 7,p. 169-171 :

THEATRE DES TROUBADOURS, Rue de louvois.

14 Thermidor.

La Visite de Racan, ou La femme Bel Esprit, vaudeville anecdotique, en un acte.

Lors de l'origine du théâtre des Troubadours, les administrateurs de ce spectacle avaient choisi la salle de la rue de Louvois, pour y donner leurs représentations. Au moment où ils se disposaient à en faire l'ouverture, un arrêté du Directoire exécutif, fondé sur des craintes d'incendie, occasionnées par le voisinage de l'Opéra et de la Bibliothèque nationale, ordonna la fermeture de cette salle. Les Troubadours, bannis de leur domicile, se virent obligés, ou de renoncer tout-à-fait à leur entreprise, ou d'aller se loger ailleurs. Ils prirent sagement ce dernier parti, et fixèrent leur séjour provisoire au théâtre de la rue Martin. Une troupe de comédiens y représentait les jours pairs de chaque décade ; ils alternèrent avec eux, et jouèrent les jours impairs. Leurs nouveautés obtinrent un succès mérité; et le public encouraga , par ses suffrages, des artistes estimables qui faisaient tous leurs efforts pour lui plaire. Il y a environ un mois, le Directoire exécutif rassuré sur ces craintes , rapporta sou arrêté, qui ordonnait la fermeture du théâtre de la rue de Louvois. Les Troubadours se disposèrent alors à rentrer chez eux, et débutèrent dans leur nouvelle salle, par un nouvel ouvrage. Le public, accoutumé à applaudir leurs vaudevilles, qui, pour la plupart, étaient du domaine de l'esprit et du bon goût, crut n'avoir que de l'agrément à la représentation de la visite de Racan, que l'on donnait pour la première fois : il fut, hélas ! trompé dans son attente. Cette pièce, qui ne présente aucune situation comique, aucun couplet saillant ; qui est, tout-à-la-fois, froide et monotone, s'est cependant traînée jusqu'à la fin, grâce aux amis nombreux de l'auteur.

Une anecdote de la vie de Racan a fourni le sujet de ce vaudeville.

Marie Lejars de Gournay, fille savante du seizième siècle, n'a pu lire les poésies de Racan, sans se sentir pénétré d'admiration pour lui. Elle arrive à Paris pour le voir, et lui écrit de se présenter chez elle. Racan fait part de sa bonne fortune à deux de ses amis, Bussy-Rabutin et Voiture, Ceux-ci, pour lui jouer un mauvais tour, se présentent, sous le nom de Racan, chez la belle de Gournay ; et, lorsque Racan lui-même se fait annoncer, cette dernière, qui voit qu'on la joue, lui ordonne de sortir sur-le-champ, et le quitte bientôt en le laissant dans la surprise la mieux fondée.

Voilà le plan d'après lequel l'auteur a travaillé. Il a ensuite créé un nouveau personnage, amant de mademoiselle de Gournay, mais dont elle rejette de vœux , parce qu'il ne sait point faire des vers aussi bien que monsieur de Racan, Dans la pièce , Bussy Rabutin et Voiture se prennent, tout-d'un-coup, de belle amitié avec une espèce d'imbécille, oncle de mademoiselle de Gournay, et qui vient faire des reproches à Racan, par ce que ses poésies tournent la tête de sa nièce. Bussy-Rabutin et Voilure, (toujours d'après notre auteur,) ne font aucune difficulté de trahir indignement les nœuds sacrés de l'amitié, pour servir les projets de l'oncle, et, afin de perdre Racan dans l'esprit de mademoiselle de Gournay, ils se présentent chez elle sous le nom de ce poëte, font gratuitement souffrir à leur meilleur ami tous les désagrémens d'une humiliation non méritée, et réussissent, par ce moyen très-délicat, à décider notre, jeune savante à donner sa main au jeune homme, dont le peu de talent pour la poésie avait fait rejetter la demande.

Toutes les scènes de cet ouvrage, en général, mal conçues, mal amenées, mal dialoguées, sont assommantes par le peu d'intérêt qu'elles présentent. S'il se trouve par hazard un trait d'esprit, il est noyé dans un fatras de paroles et de couplets inutiles. Le rôle de 1'oncle est par fois un peu graveleux. Celui de la servante, parfaitement joué, est le meilleur de l'ouvrage : l'exposition, sur-tout, sujet essentiel d'une pièce de théâtre, manque de clarté. On ignore chez qui se passe la scène. On croit d'abord que c'est chez Racan ; on en doute quand on voit arriver mademoiselle de Gournay, qui semble être chez elle.

L'auteur, demandé par ses amis , a gardé l'anonyme.

La Biographie universelle, ancienne et moderne de Louis Gabriel Michaud, Volume 59, supplément, 1835, p. 520, en attribue la paternité à Charles-Louis Cadet Gassicourt.

La base César donne comme titre à la pièce la Visite de Racan ou la Femme, ne donne pas de nom d’auteur et connaît 9 représentations au Théâtre des Troubadours, du 1er au 29 août 1799.

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