Le Valet mal servi

Le Valet mal servi, comédie en un acte et en prose, de Joseph Patrat, 27 juin 1793.

Théâtre du Palais-Variétés.

Titre :

Valet mal servi (le)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose

Musique :

non

Date de création :

27 juin 1793

Théâtre :

Théâtre du Palais-Variétés

Auteur(s) des paroles :

Joseph Patrat

Après ce fort long article, on trouvera un résumé de l'intrigue fait par Louis-Henry Lecomte, illustre historien du théâtre du début du 20e siècle.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 4 (avril 1794), p. 265-269 :

[La pièce ne suscite pas l’enthousiasme de l’auteur du compte rendu : il commence par dire que l'intrigue est très compliquée (un imbroglio assez incroyable, aux rebondissements multiples), avant de la résumer tout en montrant des réserves, sur sa cohérence, sur son rapport avec un titre qu’il ne s’explique pas. Il s'agit d'un jeune homme qu'on sauve de la noyade, dont une jeune fille s'éprend, dont il s'éprend, mais que son père vient retirer du couvent où elle se trouve pour la marier ; s'ajoute un valet qui se fait passer pour le jeune homme qu'il croit noyé et tente de séduire la gouvernante de la jeune fille ; le jeune homme finit par retrouver sa bien aimée à peine entrevue, etc. (on est encore loin du dénouement). La partie proprement critique se réduit à un paragraphe, qui affirme d’ailleurs que l’auteur du compte rendu ne fera pas « une critique sérieuse de cette piece ». De façon peut-être inattendue, il prête à l’auteur de la pièce un bel avenir à deux conditions : construire une intrigue plus sur des faits que sur des récits (le théâtre est un spectacle...), et pratiquer un comique « un peu moins bas », un comique qui fait rire certains, mais paraît de mauvais goût à « ceux qui se piquent d'avoir un goût épuré ».]

THÉATRE DU PALAIS-VARIÉTÉS.

Le Valet mal servi, comédie en prose & en un acte.

L'intrigue de cette piece est, pour ne rien dire de plus, très-compliquée. Tâchons de la rendre aussi simple qu'il sera possible, pour la faire comprendre. Un jeune homme bien fait & de bonne mine se laisse tomber dans la mer, d'où on le retire sans connoissance. Pour lui administrer les secours qui lui sont nécessaires, on le porte dans un couvent voisin, dont l'abesse est sa tante. Une jeune personne, en pension dans ce monastere, voit cet aimable noyé ; & comme il n'y a pas plus loin de la pitié à la tendresse, que de la tendresse à l'amour, elle en devient subitement amoureuse.

Cette position paroît d'autant plus fâcheuse, que le jeune homme, en reprenant ses sens, lui a fait sa déclaration, & lui a juré d'éternelles amours, & que le pere de cette Demoiselle la retire le jour même du couvent, pour la marier. Incontinent après cette scene, les amis du pere arrivent au Hâvre, emmenent la Demoiselle, ne lui donnent seulement pas le tems de faire ses adieux à son amant ; & pour faciliter sans doute les communications théatrales, ils viennent la faire loger à Paris, en hôtel garni.

Un Gascon, valet-de-chambre du jeune homme, arrive dans la capitale, en même-tems que notre pensionnaire, & il ne manque pas de descendre dans le même hôtel. Ayant vu son maître tomber dans la mer, il s'est empressé de le croire bien & duement noyé ; il a fait mettre les habits du prétendu défunt, à sa taille, & s'étant emparé de sa valise & de son porte-feuille, il ne se propose rien moins que de passer pour lui, & d'épouser celle qu'on lui destine. On-demandera peut-être comment il faut s'y prendre pour concevoir tout cela ; mais nous répondrons que ce n'est pas ce qui doit nous embarrasser, & qu'il est bien plus difficile de concevoir comment il est possible que le Gascon soit aussi peu délicat dans ses procédés, & qu'on nous le représente dans le cours de la piece comme un honnête homme, qui a sauvé la vie au pere de son maître, aux dépens de la sienne propre.

Mais l'amoureux arrive aussi à Paris ; & tandis que son valet s'amuse à faire des complimens à une vieille gouvernante, plus adroit ou plus heureux que lui, quoique moins bien recommandé, il s'introduit dans l'appartement de sa maîtresse. O bonheur inattendu ! comment pourra-t-on le rendre-durable ? En présentant au pere le jeune homme, pour le gendre qu'il attend; & il s'y trompera d'autant plus aisément, que la gouvernante lui remettra un paquet qui lui est adressé, & qu'elle tient du Gascon.

Girente est bon homme ; il croit tout ce qu'on lui dit : un autre même pourroit presqu’aussi facilement se laisser tromper ; car, en ouvrant le paquet, il y trouve, non sans surprise, deux cents mille livres en assignats, que le pere de son gendre futur lui envoie pour la légitime de son fils.

Alors Géronte, pour se montrer aussi généreux que son beau-frere prétendu, tire un autre porte-feuille de sa poche, & prouve qu'il contient cinquante mille écus ; c'est la dot de sa fille. (On voit bien que tout cela ne coûte rien à l'auteur.) Et il veut que sans attendre le notaire, son gendre en soit nanti, Grands débats de politesse, terminés par la gouvernante, qui, voyant que personne ne veut des porte-feuilles, s'en empare, en promettant de les rendre à qui de droit.

On ne voit pas encore dans tout cela ce qui peut justifier le titre de Valet mal servi ; le voici : Le domestique, Gascon, qui connoît aussi-bien que son compatriote le baron de Fœneste, la différence qui se trouve entre l’être & le paroitre, veut avoir l'air de quelque chose, & c'est pour cela qu'il prend un valet, qu'un Gascon perruquier de l'hôtel lui procure. Or, ce valet, qui est niais, comme on ne l’est pas, contribue par ses balourdises à dévoiler la friponnerie du Gascon. & de-là le titre ; c'est le faire venir de loin.

Mais pour comble d'imbroglio, le pere du jeune homme survient, & il est complettement sourd. Comment se faire entendre ? Cependant, malgré tous ces incidens, il nous aide-à soulever un coin du voile épais de l’intrigue, & il nous laisse comprendre que son site n'a été se noyer au Hâvre, que pour rendre amoureuse une pensionnaire, donner lieu à son domestique de devenir frippon, & finir par épouser sa maîtresse dans un hôtel garni, à Paris ; ce qu'il auroit pu exécuter, sans donner lieu à tant de quiproquos, & sans faire tomber des nues tant de reconnoissances, puisque sa maîtresse lui étoit destinée, & qu'elle n'avoit été retirée du couvent que pour qu'il pût l'épouser.

Nous ne ferons pas une critique sérieuse de cette piece ; nous nous bornerons seulement à dire que son intrigue, quelqu'embrouillée qu'elle soit, décele un talent qui promet, & qui tiendra, si son auteur fait attention qu'une intrigue, quelque compliquée qu'elle soit, doit moins être fondée sur des récits, comme celle du Valet mal servi, que sur des faits, dont le spectateur puisse être le témoin, Il faudroit aussi que le comique qu'il met en usage, partît d'un peu moins bas ; car si les plaisanteries de cette piece font rire certaines gens, elles pourroient aussi faire taxer l’auteur de mauvais goût, par ceux qui se piquent d'avoir un goût épuré.

Louis-Henry Lecomte, Histoire des Théâtres de Paris, le Théâtre de la Cité, 1792-1807 (Paris, 1910), p. 37 :

[Résumé de l'intrigue incomplet, en particulier pour la fin, mais la tâche était peut-être impossible !]

27 juin : Le Valet mal servi, comédie en 1 acte, par J. Patrat.

Retiré sans connaissance de la mer où il est tombé, un jeune homme est transporté dans un couvent du Havre, dont l'abbesse est sa tante. Une pensionnaire de ce couvent voit le malade, s'éprend de son physique et lui inspire de même un tendre sentiment. Par malheur elle doit, sans délai, accompagner son père à Paris, où l'attend un fiancé qu'elle ne connaît point. Or un gascon, valet-de-chambre du jeune homme, croyant son maître noyé, s'est emparé de la valise, du portefeuille et des habits du soi-disant défunt dans l'espoir de passer pour lui et d'épouser celle qu'on lui destine. Ce fripon loge dans le même hôtel garni que l'ex-pensionnaire; le jeune homme, bien guéri, rejoint celle qu'il aime et se fait passer, aux yeux de son père, pour le gendre qu'il attend. Heureusement pour nos amoureux, le gascon a pris un valet niais au possible et qui contribue, par ses balourdises, à dévoiler l'intrigue. Il se trouve d'ailleurs que le jeune homme et la jeune fille étaient destinés l'un à l'autre et, finalement, on les marie.

Ouvrage obscur et d'un comique un peu bas, réussite douteuse. – Non imprimé.

La base César attribue à Joseph Patras (ou Patrat) cette pièce, jouée 6 fois au Palais des Variétés, du 27 juin 1793 au 15 août 1793. Elle ne paraît pas avoir été imprimée.

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