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Les Vélocifères

Les Vélocifères, comédie en un acte mêlée de vaudevilles, de Dupaty, Chazet et Moreau, 29 floréal an 12 [19 mai 1804].

Théâtre du Vaudeville

Titre :

Vélocifères (les)

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

29 floréal an 12 (19 mai 1804)

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Dupaty, Chazet et Moreau

Almanach des Muses 1805

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mad. Cavanagh-Barba, an XII – 1804) :

Les Vélocifères, comédie-parade en un acte, mêlée de vaudevilles ; par MM. Dupaty, Chazet et Moreau ; Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 29 Floréal an 12.

Le couplet d’annonce :

Air : de la Cinquième Edition.
De la gaîté, l’enfant chéri
A la mode toujours fidèle,
Chez Momus, voudrait aujourd’hui
Mener sa voiture nouvelle.
S’il fait un faux pas en chemin,
Cette voiture est si légère,
Que vous pourrez d’un coup de main,
Relever son vélocifère.

Un vélocifère, ici, c’est une voiture à chevaux légère et rapide, à ne pas confondre avec le célérifère, un ancêtre de la bicyclette (sans pédalier ! une sorte de draisienne), qu’on a aussi appelé vélocifère. Il a bien existé à Paris, à partir de 1803, un service de voitures publiques rapides, des vélocifères

Courrier des spectacles, n° 2640 du 30 floréal an 12 [20 mai 1804], p. 3 :

La pièce nouvelle, jouée au Vaudeville sous le titre les Vélocifères, a réussi.

Courrier des spectacles, n° 2642 du 2 prairial an 12 [22 mai 1804], p. 2-3 :

[Ce n’est pas, comme le dit le critique, samedi 19 que le Courrier des spectacles a signalé le succès des Vélocifères, mais le lendemain dimanche 20. Et il l’a fait avec une économie de mots remarquable. Le 22, il se montre plus loquace : la pièce est dénuée d’action, et elle ne peut réussir que par ses couplets, ce qui est le cas, puisque ses auteurs sont d’habiles auteurs de couplets. Le couplet d’annonce est censé en convaincre le lecteur. Puis l’article résume l’intrigue d’une arlequinade : Cassandre possède une entreprise de voitures publiques en piteux état, et il cherche à la sauver en promettant à celui qui empêchera qu’elle soit en faillite d'épouser sa fille. La compétition oppose naturellement Gille l’Inventif et Arlequin, qui l’emporte : il propose une entreprise de vélocifères à Cassandre. Ce véhicule nouveau convainc tout le monde par sa rapidité, et Arlequin épouse Colombine (mais il en a l’habitude). L’article s’achève par un dernier couplet, choisi parmi les plus réussis.]

Théâtre du Vaudeville.’

Nous avons annoncé samedi la réussite des Vélocifères , mais ce étoit que par oui dire [sic], nous n’avions pu les voir , ils nous avoient gagné de vitesse. Nous fumes plus heureux hier.

Un ouvrage de ce genre doit racheter la foiblesse du plan par la grace des couplets. Il ne pouvoit à cet égard être en meilleures mains que dans celles de MM. Dupaty et Chazet, qui s’étoient associé M. Moreau. Suivant l’usage adopté de faire précéder les vaudevilles nouveaux d’un couplet d’annonce, on a chanté le suivant à la première représentation :

    Air : de la Cinquième Edition.

De la Gaité l’enfant chéri,
A la mode toujours fidèle,
Chez Momus voudrait aujourd’hui
Mener sa voiture nouvelle ;
S’il fait un faux pas en chemin,
Cette voiture est si légère,
Que vous pouvez d’un coup de main
Relever son vélocifère.

Cassandre, entrepreneur de voitures publiques, voit les siennes abandonnées de tous les voyageurs. Il se plaint de son infortune à Gilles l’Inventif, qui, jaloux de l’amour d’Arlequin pour Colombine, a fait refuser la porte de la maison au premier, et fait envoyer l’autre en voyage, pour essayer quel effet produirait l’absence. Mais l’amour de Colombine, au lieu d’être étouffé s’en est accru ; c’est ce qu’elle nous apprend à son arrivée de Chartres. Gilles, plein de zèle pour son futur beau-père, imagine d’assembler tous les entrepreneurs de voitures, fiacres, fourgons, guinguettes, etc., etc. pour que M. Cassandre choisisse parmi eux un associé en état de rendre à son entreprise toute son activité. L’embarras du choix les lui fait prendre tous pour associés, mais chacun veut avoir Colombine pour épouse. On se doute bien qu’elle n’en veut aucun. Elle fait part de cet incident à Arlequin qui s’est introduit dans la maison eu prenant place dans un panier qu’on avoit ôté de dessus uue voiture.

Pour supplanter ses rivaux, il offre à M. Cassandre l’entreprise des Vélocifères. Tous de décrier les nouvelles voitures ; mais pour les leur faire essayer, Arlequin les ayant engagés à monter dans une s’en débarrasse au moins pour quelque tems. Le prompt retour ne sert qu’à prouver la vitesse des Vélocifères , dont Cassandre accepte l’entreprise, en accordant sa fille à Arlequin.

Parmi plusieurs jolis couplets, Colombine chante celui-ci :

    Air : Dans ce sallon où du Poussin.

L’amant qui triomphe en un jour,
Auprès de nous ne revient guère,
Il s'échappe et fuit sans retour
Dès qu’on lui prouve qu’il sait plaire ;
Mais il est prompt à revenir,
Et l’on peut croire à sa constance,
Quand, sans avoir eu le plaisir,
Il en emporte l’espérance.

La Décade philosophique, littéraire et politique, an XII, 3me Trimestre, n° 25 (10 prairial), p. 440

Les Vélocifères.

Jolie bulle de savon, brillante et légère ; point d'action, mais des couplets spirituels : ouvrage à la manière de MM. Chazet et Dupati, auxquels s'est réuni M. Moreau. Succès sans contradicteurs.                            L. G.

Mercure de France, n° CLII (6 Prairial an 12, Samedi 26 Mai 1804), p. 471-472 :

Théâtre du Vaudeville.

Les Vélocifères, par MM. Moreau , Chazet et Dupaty.

Cette jolie bagatelle a en le succès le plus complet et le mieux mérité. Arlequin aime la fille de Cassandre, qui a un établissement de voitures ordinaires ; il a pour rival Gilles inventif, lequel n'invente rien : lui, au contraire, a eu l'esprit d'imaginer les vélocifères, et a obtenu un brevet d'invention qu'il a mis au nom de Cassandre, dont il fait ainsi à la fois la réputation et la fortune, et qui, par reconnaissance, ne balance pas à lui donner la préférence sur Gilles inventif. Ce fond très-mince est relevé par une foule de couplets étincelans d'esprit et de gaîté. Ils ont tellement fait fortune, qu'on les redemandait presque tous. Celui qu'on appelle d'annonce, a été fort applaudi :

Air : de la Cinquième Edition.

De la gaîté, l’enfant chéri
A la mode toujoours fidèle,
Chez Momus, voudrait aujourd’hui
Mener sa voiture nouvelle.
S’il fait un faux pas en chemin,
Cette voiture si légère,
Que vous pourrez d’un coup de main,
Relever son vélocifère.

Cassandre préferait d'abord Gilles inventif ; il lui trouvait un esprit prodigieux :

Il est pour moi d'un grand secours ;
Sitôt que j'en manque il en trouve.

Gilles, continuant sur le même air :

Ce qui fait que j'en ai toujours.

Colombine, qui ne partage point l'engouement de Cassandre, dit : « Mon père m'a toujours vanté les connaissances de Gilles : je ne dispute pas là-dessus ; mais

Je ne veux pas que ce soit lui
Qui m'apprenne ce que j'ignore.

Arlequin, faisant l'énumération des gens à qui les vélocifères sont utiles, nomme les gens d'affaires, les amoureux, les intrigans, les fournisseurs. « Ah, mon Dieu ! s'écrient les propriétaires des anciennes voitures, qui l'écoutent :

II ne nous restera personne.

Dans une autre scène ; Arlequin veut embrasser sa maîtresse. « Non, dit-elle; si nous voulons qu'un amant se plaise à nous revoir, il ne faut pas

Qu'il parte comblé de plaisir,
Mais en emporte l'espérance.

Arlequin fait ainsi l'éloge de ses voitures :

De tous ceux que l'amour engage,
Elles servent la vive ardeur :
Abréger le temps du voyage,
C'est doubler celui du bonheur.

La pièce finit par ce couplet, que Colombine adresse au public quelquefois:

.   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .
.   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .
Le bruit déchirant des sifflets
Est trop prompt a se faire entendre.
Ah ! dans la crainte de les voir
Menacer ici notre pièce,
Faites que les bravo ce soir
Gagnent les sifflets de vitesse.

Ce vaudeville a été parfaitement joué. Madame Delille y a été très-piquante. Dans celui qui a précédé (Sophie), Madame Henri a paru aussi belle et aussi agréable que de coutume ; il est impossible de réunir plus de moyens de plaire.

Il ne faut pas confondre les Vélocifères du trio Moreau, Chazet et Dupaty et la pièce homonyme de Monsieur Ferrand :

Les Vélocifères, ou la manie du jour, In-promptu en vers libres et en prose en un Acte, mêlé de Vaudevilles et Calembourgs, Par Monsieur Ferrand, Homme-de-Lettres, à Rouen, rue Saint-Victor. A Rouen, De l’Imprimerie de Berthelot, An XII de la République.

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