Les Vieux fous

Les Vieux fous ou Plus de peur que de mal, opéra-comique en un acte, de Ségur jeune, musique de Ladurner. 26 nivôse an 4 [16 janvier 1796].

Théâtre de la rue Feydeau, ou des Comédiens françois

Titre :

Vieux Fous (les)

Genre

opéra-comique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

26 nivôse an 4 [16 janvier 1796]

Théâtre :

Théâtre de la rue Feydeau, ou des Comédiens Français

Auteur(s) des paroles :

Ségur jeune

Compositeur(s) :

Ladurner

Almanach des Muses 1797.

Comique un peu forcé. Musique gracieuse, de la mélodie.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Huet, an 4, 1796 :

Les Vieux fous, ou Plus de peur que de mal, opéra comique en un acte ; Par J. A. Ségur. Musique de M. Ladurner. Représenté à Paris sur le Théâtre de la rue Feydeau, le 26 Nivôse, l'an 4.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, an 4 (1796), tome premier, p. 554-556 :

[L’article s’ouvre sur l’analyse de la pièce, qui conte l’habituelle intrigue amoureuse contrariée de deux jeunes gens, pupilles de deux commerçants qu’une affaire financière a rendus ennemis. Plus moyen pour les tourtereaux de se marier. La jeune fille retourne la situation en se déguisant en militaire pour effrayer les tuteurs qui ne veulent ni se ruiner à cause de leurs pupilles, ni mourir de la main de l’officier fictif qu’ils n’identifient pas. Et ils finissent par rire du tour qu’on leur a joué. Le livret de l’opéra-comique est jugé avec une certaine sévérité : s’il comporte quelques scènes plaisantes, il a aussi « de l'incorrection, de la sécheresse, de la dureté même dans le style », et doit une bonne part de son succès au jeu des interprètes, en particulier celui de la jeune fille qui se travestit en dragon. L’auteur des paroles est cité sans commentaire, le compositeur est mieux traité : sa musique a « de la fraîcheur et de la gaieté » (mais on y remarque aussi des réminiscences).]

Théatre de la rue Feydeau.

Les Vieux Fous.

Deux commerçans associés sont tuteurs, Dalincourt d’un neveu, et Derville d'une nièce. Valère et Julie habitent avec leurs oncles la même maison, comment ne pas devenir amoureux l'un de l'autre ? Ils voudroient bien s'unir ; mais l'avarice des tuteurs s'y oppose. Ceux-ci employent les fonds de leurs pupilles à un négoce usuraire. Un compte d'intérêts à régler donne lieu à une rixe violente entre eux : on arrive așsez à temps pour les séparer. Dalincourt resté seul avec son neveu lui conte l'aventure, prétend que son honneur est offensé et qu'il en tirera vengeance. Tout indisposé qu'il est de son goût pour les plaisirs et la dépense, il promet de tout oublier s'il veut se battre pour lui. Valère surpris, hésite, et s'en défend par plusieurs raisons. L'oncle insiste, presse, menace, et donne un quart-d'heure pour se décider. Arrive Julie à qui son amant fait part de l'embarras où il est. Elle s'en inquiète peu, y trouve même une occasion favorable pour lever les obstacles qui ont retardé leur bonheur. Valère doit accepter la proposition de son oncle ; il ira porter de sa part le défi à Derville : la présence, la vigueur d'un jeune homme lui en imposeront ; vaincu par la crainte , il sera forcé de signer un consentement. Celui de Dalincourt n'est pas moins nécessaire ; comment l'avoir ? Julie a un frère à l'armée qu'on attend le jour même ; mais s'il n'arrive pas, sa soeur y pourvoira. Dalincourt revient à son neveu, qu'il trouve tout disposé à obéir, mais à condition que ses dettes seront payées. Les créanciers se présentent successivement et fort à propos ; leurs mémoires effrayent l'oncle, qui, après bien des débats, promet tout, et remet son épée à Valère. Celui-ci vole chez Derville ; Julie paroît sous l'habit militaire, et frappe chez Dalincourt. L'aspect d'un jeune dragon le glace d'effroi ; l'inconnu le presse de se mettre en défense, le poursuit l'épée dans les reins, et lui fait enfin signer un écrit qu'il ignore être le consentement du mariage de son neveu avec la nièce de Derville. Les deux tuteurs, qui ne se tiennent pas pour vengés, se rejoignent ; quoiqu'ils semblent avoir des intentions pacifiques, cependant le combat s'engage ; mais la peur mutuelle les décide à s'expliquer à l'amiable. Les amans surviennent ; on instruit les deux oncles, qui finissent par rire du tour qu'on leur a joué, et consentent librement à l'union de Valère et de Julie.

Tel est le plan d'un opéra-comique en un acte, donné dernièrement au théâtre de la rue Feydeau sous le titre des Vieux Foux. Trois ou quatre scènes tout-à-fait plaisantes ont contribué au succès de cette petite pièce, qui n'offre pas, en général, un grand intérêt. Nous y avons remarqué d'ailleurs de l'incorrection, de la sécheresse, de la dureté même dans le style. Nous ne dissimulerons pas qu'elle gagne beaucoup par le jeu des artistes qui y paroissent. La citoyenne Rolandeau a recueilli des applaudissemens toujours mérités. Sa métamorphose a dû produire une illusion complète : les graces qu'elle a déployées sous l'habit militaire ont dû lui faire des conquêtes parmi les femmes et sans les charmes de sa voix, les hommes eux-mêmes s'y seroient mépris.

Les paroles sont du citoyen Ségur, le jeune.

Le compositeur de la musique a également droit à la reconnoissance du public pour le plaisir que sa musique lui a fait. Il y a de la fraîcheur et de la gaieté. Elle nous a cependant paru offrir quelques réminiscences.

La Décade philosophique, littéraire et politique, quatrième année de la République, IVe trimestre, n° 79 (10 Messidor, 28 juin 1796 v. s.), p. 39 :

Théâtre de la rue Feydeau.

On a donné au théâtre Feydeau, un opéra comique, intitulé : Les vieux Fous, paroles du citoyen Ségur, musique du citoyen Ladurner. L'auteur du poëme paraît avoir plutôt songé a faire l'essai du talent de son compositeur, qu'au soin d'aggrandir sa réputation ; nous ne présumons pas qu'il ait attaché une grande importance à son ouvrage. On sait qu'il a dans son talent connu, des moyens plus dramatiques, et des tableaux d'un genre moins commun. En général cependant, il ne faudrait pas s'accoutumer à rendre ainsi le public victime des essais ; il ne fait pas comme la société, la singulière distinction de l'homme du monde et de l'artiste ; et veut avec raison qu'on l'amuse, ou qu'on l'intéresse.*

Quant à la musique du citoyen Ladurner, elle nous a paru dans le cas de presque toutes les musiques de piano, qui dans le développement d'un grand orchestre, perdent une partie du charme qu'elles avaient sous les doigts du compositeur : elle n'est pourtant dénuée ni de grâce, ni de mélodie.

[L’allusion à la « musique de piano » développée pour « un grand orchestre » s’explique par le fait que Ladurner était d’abord pianiste.]

Annales dramatiques, ou Dictionnaire général des théâtres, tome neuvième (Paris, 1812), p. 331-332 :

VIEUX FOUS (les), opéra comique en un acte, par Ségur, musique de Ladurner, à Feydeau, 1795.

Cette pièce fut d'abord assez mal reçue ; mais dans la suite elle fut goûtée du public. Le comique en est peut-être un peu forcé ; mais on s'accoutuma aux situations plaisantes où se trouvent les vieux fous, et l'on finit par en rire. On remarque dans la musique un chant facile et gracieux, et des accompagnemens qui prouvent des connaissances profondes dans la partie de l'harmonie.

D'après la base César, les Vieux fous ou Plus de peur que de mal est un opéra-comique en un acte, créé sur le Théâtre Feydeau le 5 juin 1796. Il y a été joué 11 fois (10 fois en 1796, 1 fois en 1797 le 22 janvier).

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