Les Vrais sans-culottes

Les Vrais sans-culottes ou l’Hospitalité républicaine, tableau patriotique en 1 acte, en prose, mêlé de chant, de Rézicourt, musique de Lemoyne, 23 floréal an 2 [13 mai 1794].

Théâtre de la rue Feydeau

Titre :

Vrais sans-culottes (les) ou l'Hospitalité républicaine

Genre

tableau patriotique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

chants

Date de création :

23 floréal an 2 (12 mai 1794)

Théâtre :

Théâtre de la rue Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Rézicourt

Compositeur(s) ;

Jean-Baptiste Lemoyne

Almanach des Muses 1795.

Tableau des vertus de la classe indigente de la société, faisant contraste avec la dureté des gens riches. Le crime est puni à la fin, et la vertu récompensée.

Du sentiment, du patriotisme.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Huet, l’an second de la République :

Les vrais Sans-culottes, ou l’Hospitalité républicaine, tableau patriotique, en prose et en un acte. Représenté au Théâtre de la rue Feydeau. Paroles du C. Rézicourt, Musique du C. Lemoine.

L'Esprit des journaux, français et étrangers, vingt-troisième année, tome VII, juillet 1794, p. 302-305 :

[Une belle histoire morale montrant la générosité des « vrais sans-culottes », opposée à l’égoïsme des gens riches, qui se révèlent des profiteurs de la Révolution. Bien sûr le critique est obligé de concéder que la pièce n’en est pas vraiment une, mais elle est « pleine de sentiment et de patriotisme ». Il en souligne le caractère binaire (les bons patriotes pauvres contre « la dureté, l'orgueil & la mauvaise foi » des perfides détracteurs » de la nouvelle société. Elle est bien écrite par un nouvel auteur, bien connu comme acteur du théâtre, et qui joue dans sa pièce. La musique offre de beaux morceaux, mais « cette musique laisse quelque chose à désirer, d'après la réputation méritée de l'auteur ». Le succès est néanmoins sans équivoque. L'article s'achève par deux couplets redemandés.]

THÉATRE DE LA RUE FEYDEAU.

Les vrais sans-culottes, comédie en un acte, en prose, mêlée de chant.

Une veuve, réduite à la derniere misere, & chargée de famille, vient à Paris, avec un de ses fils, implorer des secours de Durmont, son cousin, homme riche mais dur, mais impitoyable, qui la repousse & la menace de la faire arrêter, si elle reparoît chez lui. La veuve désespérée, & qui n'a pas mangé de la journée, rencontre un brave sans-culotte, batelier sur la riviere, & qui, non content de partager son dîner avec elle & son fils, lui propose d'accepter la moitié de son logement & de sa petite fortune. La portiere de Durmont, qui a été indignée de la cruauté du parent, veut offrir aussi des secours à la veuve : elle n'est fâchée que d'avoir été prévenue par tous les gens attachés à Durmont, qui viennent de quitter ce monstre, & qui se sont cottisés pour faire une bourse à la pauvre veuve. Cependant un officier municipal vient proclamer le décret de la convention nationale, qui impose à tous les François la tâche également douce & honorable de recueillir tous les traits de courage, de fidélité à la patrie, de piété filiale, de respect pour la vieillesse, pour le malheur, &c. qui ont signalé notre révolution : on lui apprend la belle action du batelier : l'officier municipal veut le voir : le jeune enfant de la veuve court le.chercher dans son bateau ; mais l'enfant glisse & tombe dans la riviere. Aussi-tôt le batelier s'y jette à la nage : la riviere est couverte de petits bateaux ; tout le monde s'empresse de voler au secours de l'enfant, que le batelier ramene à la fin. L'officier municipal engage ce brave homme & sa famille à se présenter aux magistrats du peuple, dont le plus doux plaisir est de récompenser les belles actions, & l'on apprend que Durmont, qui étoit employé dans les fournitures de l'armée, vient d'être arrêté pour cause d'infidélités : ainsi, tandis que d'un côté le crime est puni, la vertu reçoit de l'autre la récompense qui lui est due.

Tel est le fonds des. Vrais sans-culottes, tableau patriotique & intéressant, donné sur ce théatre avec un succès mérité. Ce n'est point une piece, si l'on veut ; mais c'est une suite de scenes pleines de sentiment & de patriotisme : c'est d'ailleurs une peinture touchante & vraie des vertus du peuple, de ces vertus douces qui caractérisent la classe la plus indigente de la société, tandis que la dureté, l'orgueil & la mauvaise foi sont l'apanage de ses perfides détracteurs. Ce joli ouvrage, écrit avec autant de pureté que de sensibilité, est le coup d'essai d'un artiste dont le public aimoit depuis longtems les talens comme acteur : cet artiste est Rézicourt , qui joue le rôle du batelier avec l'intelligence & l'expression qu'on lui connoît.

La musique est de Lemoyne : plusieurs morceaux, entr.'autres un duo & un quatuor, portent le cachet de ce compositeur estimable ; mais en général, cette musique laisse quelque chose à désirer, d'après la réputation méritée de l'auteur de Phedre, de Nephté, des Prétendus, de Miltiade à Marathon, & de l'acte de Toute la Grece. Quoi qu'il en soit, l'ouvrage a fait le plus grand plaisir, & l'on en a demandé les auteurs, qui se sont présentés au milieu des plus vifs applaudissement.

Le public a fait répéter les deux couplets suivans du vaudeville :

Des amis de l'ancien régime
Déjouons les complots pervers :
C'est en nous conseillant le crime
Qu'ils veulent nous rendre des fers.
De leur affreuse politique
Gardons-nous, ou tout est perdu !
Du vaisseau de la république,
Le gouvernail , c'est la vertu.

Dans ce tableau patriotique
Si l'on ne cherche que l'esprit,
L'auteur sait, avec le critique,
Que tout autre aurait bien mieux dit.
Mais par-tout, des bons patriotes
L'accent du cœur est entendu :
Quand on parle aux vrais sans-culottes,
L'ordre du jour, c'est la vertu.

Le site César donne comme titre : Les Vrais sans-culottes,, ou l'Hospitalité républicaine. La pièce a été jouée 48 fois à partir du 12 mai 1794 (40 fois en 1794, 5 fois en 1795, 3 fois en 1796).

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