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Vénus et Adonis

Vénus et Adonis, ballet, de Pierre Gardel, musique arrangée par Lefebvre fils [François-Charlemagne Lefebvre, 4 octobre1808.

Académie Impériale de Musique.

Titre :

Vénue et Adonis

Genre

ballet

Nombre d'actes :

1

Musique :

oui

Date de création :

1 septembre, puis 4 octobre 1808

Théâtre :

Théâtre de Saint-Cloud, puis Académie Impériale de Musique

Chorégraphe :

Pierre Gardel

Compositeur(s) :

Lefebvre fils [François-Charlemagne Lefebvre]

Almanach des Muses 1809.

L'auteur n'a guere fait d'autre changement à la fable, si gracieuse et si généralement connue, de Vénus et Adonis, que d'attribuer la mort du fils de Myrrha à la jalousie de Mars, qui suscite contre lui le redoutable sanglier ; et que de faire ressusciter Adonis par Jupiter, pour le bonheur de Vénus.

Ballet élégamment dessiné, tracé avec le goût qui distingue toutes les productions de M. Gardel.

Sur la page de titre de la brochure, de l’Imprimerie de Ballard, imprimerie de l’Académie impériale de Musique, 1808 :

Vénus et Adonis, ballet en un acte, Représenté devant LL. MM. L. et R. sur le Théâtre de St.-Cloud, le jeudi premier septembre 1808 ; Et sur le Théâtre de l’Académie impériale de Musique le mardi 4 octobre suivant.

Par M. Gardel, Maître des Ballets de S. M. I. et R, de son Académie impériale de Musique, et Membre de la Société Philotechnique ; Musique arrangée par M. Le Febvre fils, de la Chapelle de S. M.

Journal de l’Empire, du 7 octobre 1808, p. 1-2 :

[Il est difficile de trouver un compte rendu plus élogieux que celui que le critique du Journal de l’Empire consacre à Vénus et Adonis : tout y est jugé parfait, et le premier paragraphe, qui donne la liste des « acteurs », ne trouve à formuler comme réserve que le spectacle était trop enchanteur. Le sujet du ballet est emprunté à la fable, mais Gardel y a introduit des éléments de son fait, que le critique approuve sans réserve. Il commente en particulier la scène où Vénus découvre Adonis mort, ou celle où Mars découvre qu’il est trompé et « se livre aux fureurs de la jalousie » : Gardel a choisi de montrer des sentiments forts, et le critique l’approuve. De même, l’intervention de Jupiter venu ressusciter Adonis termine heureusement le ballet, qui ne pouvait finir par la mort du héros. Reste à faire la revue de détail des interprètes, tous jugés excellents : la seule réticence pourrait concerner Baptiste Petit, mais c’est qu’il a été encore meilleur dans la Caravane. On retrouve avec plaisir l’admiration sans bornes que le critique voue à la petite Hullin. Bien entendu, Gardel a eu droit à une ovation à la fin du spectacle. On note tout de même qu’il n’est absolument pas question de la musique.]

ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MUSIQUE.

Vénus et Adonis, ballet en un acte de M. Gardel.

Ce ballet avoit déjà obtenu beaucoup de succès sur le théâtre de Saint-Cloud : le nom seul du compositeur est une grande recommandation pour l’ouvrage. Le titre annonce ce qu’il y a de plus gracieux, de plus séduisant et de plus poétique dans l’ancienne mythologie. Les acteurs sont Vénus, l’Amour, les Plaisirs, les Jeux, les Graces ; et les seuls mortels qui figurent dans cette troupe céleste, Adonis et Endymion, sont consacrés par la passion de deux déesses, et ne le cèdent point aux dieux en beauté. On trouve donc réuni dans ce ballet tout ce qui peut charmer l’imagination et les sens : des groupes délicieux de nymphes, des guirlandes, des corbeilles de fleurs, des danses voluptueuses, des tableaux ravissans dont le seul défaut seroit peut-être dans la continuité des objets les plus enchanteurs, s’ils n’étoient pas variés par les mouvemens divers de plaisir et de douleur dont Vénus est agitée.

On voit dans la Phèdre d’Euripide que ce fut Diane, déesse de la chasse, qui suscita un sanglier contre le chasseur Adonis, pour venger la mort du chasseur Hippolyte, victime de la colère de Vénus. M. Gardel suppose que ce fut la jalousie de Mars qui fit périr son rival sous la dent meurtrière d’un monstre des forêts : cette supposition est plus théâtrale. Le compositeur n’a pas eu besoin de mêler à la fable des incidens de son invention, pour donner à son ballet plus d’action qu’il n’en comporte : il a préféré des développemens beaucoup plus favorables aux moyens que lui offroit son art ; et c’est en cela même qu’il a fait briller son génie et son goût. Il a su fixer l’attention et occuper la scène par l’élégance du dessin, la belle ordonnance des groupes et la perfection de l’ensemble : c’est dans cette partie qu’il est supérieur. M. Gardel est grand peintre dans toutes ses compositions, et personne ne sait aussi bien que lui mettre en œuvre toutes les ressources de la pantomime. La mélancolie inquiète de Vénus dans l’absence d’Adonis, la vivacité de sa joie lorsqu’il paroît, le chagrin qu’elle éprouve à s’en séparer, l’excès de son désespoir quand elle le voit mort, sont autant de chef-d'œuvre du pinceau le plus délicat et le plus savant.

C’est une imagination très-heureuse que celle du sommeil de Vénus quand Adinos [sic] mourant revient sur la scène. Le réveil de la déesse est vraiment tragique, lorsque, forçant le rempart des nymphes qui lui cachent un spectacle si funeste, elle voit les ombres de la mort sur le visage de son amant. La scène où Mars, apercevant les traces de l’infidélité de Vénus, se livre aux fureurs de la jalousie, est vive et théâtrale : elle rappelle la situation de Roland qui devient furieux à l’aspect de la grotte, lieux confidens des amours de Médor et d’Angélique.

Il n’y a pas moyen de terminer le ballet par la mort tragique d’Adonis ; il a fallu faire descendre Jupiter pour le ressusciter, et le compositeur a fait sagement de consulter en cela son art plus que l’autorité de la Fable.

Rien n’a manqué à l’exécution de ce charmant ouvrage. Madame Gardel y joue le rôle de la déesse de la danse, de manière à rendre jalouse Terpsichore elle-même. Vénus est représentée avec beaucoup de talent par mademoiselle Clotilde. Mlle Chevigni a toute la vivacité, tout l’engouement, toute la verve comique de Thalie. La petite Hullin est un prodige toujours nouveau : c’est l’Amour même, avec ses petites malices et toutes ses graces enfantines : M. Monjoie est parfaitement choisi pour représenter Adonis, dont il a toutes les formes. M. Albert, dans le rôle du Zéphire, a fait admirer sa légèreté, sa vigueur et sa grace : c’est un très beau danseur dont ce théâtre vient de faire l’acquisition, et qui semble devoir consoler la danse de l’Opéra de ses pertes multipliées. M. Aumer, très bon pantomime, met beaucoup de chaleur et d’énergie dans le rôle de Mars : celui d’Apollon est confié à Baptiste Petit, qui faisoit ce jour-là sa rentrée ; mais c’est au second acte de la Caravane qu’il a sur-tout déployé son talent. Ce danseur a de la légèreté, de la force et beaucoup d’aplomb ; il exécute de grandes difficultés d’une manière sûre et facile : il s’est montré, dans cette occasion, le digne beau-frère d’un des premiers danseurs de l’Europe ; et sa femme, qui a dansé avec lui avec beaucoup de grace, a fait voir qu’elle étoit toujours l’élève et la sœur de Duport : l’un et l’autre ont été très bien accueillis du public, et couverts d’applaudissemens unanimes.

L’auteur du ballet a été demandé avec transport après la représentation.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 13e année, 1808, tome V, p. 415 :

ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MUSIQUE.

Vénus et Adonis , ballet représenté le 4 octobre.

Le sujet de ce ballet est fort simple : il a réussi par des détails pleins de grâce et une exécution parfaite. Vénus éprise du bel Adonis se livre avec lui à mille plaisirs. Mars jaloux les aperçoit, et d'un coup de sa lance, fait naître un affreux sanglier qui dévaste toute la contrée. Les chasseurs rassemblés prient Adonis de se mettre à leur tête, et le jeune héros part malgré les caresses et les craintes de Vénus. Bientôt, victime de son dévouement, il est blessé à mort par le sanglier. Vénus est en larmes, les Amours désolés implorent la puissance du maître des Dieux, · qui descend dans un nuage, et d'un seul geste rend · la vie à l'amant de Vénus.

Montjoie, qui jouoit Adonis, n'a pas tout l'aplomb nécessaire ; mais il est jeune, et n'a fait encore que quelques pas dans la carrière. Madame Clotilde a mis beaucoup de grâce dans le rôle de Vénus. On a vivement applaudi un pas de deux par Madame Gardel et Beaulieu. On a demandé l'auteur : le nom de Gardel a été très-applaudi.

 

L’Opinion du parterre, cinquième année, janvier 1808, p. 159 :

4 Octobre

Première représentation de Vénus et Adonis, ballet en un acte, de Gardel. Du succès.

Mars, Aumer ; Adonis, Montjoye ; Vénus; mademosielle Clotilde.

Annales dramatiques, ou dictionnaire général des théâtres, tome IX, Paris, 1812, p. 297-298 :

VÉNUS ET ADONIS, ballet-pantomime en un acte, par M. Gardel, à l'Opéra, 1808.

Les amours de Vénus et d'Adonis sont célèbres dans la fable. J.-B. Rousseau avait fait chanter ces illustres amans en 1697. M. Gardel les fit danser en 1808. Voici comment. Adonis est absent ; Vénus en est désolée : les Amours viennent charmer les ennuis de leur souveraine ; c'est trop juste. Tout à coup paraissent Adonis et les Plaisirs. A leur aspect, Mars devient jaloux ; et, pour se venger, frappe la terre, du sein de laquelle sort un énorme sanglier qui dévaste la contrée. Adonis était excellent chasseur, suivant la fable ; il s'arrache des bras de Vénus pour aller terrasser le monstre : il le frappe en effet ; mais le furieux animal s'élance sur lui, et le blesse à mort. Dans cet état, on apporte Adonis. Qui pourrait peindre le désespoir de Vénus ? Enfin Jupiter, touché des prières et des larmes de sa fille, rend le jour et la santé à l'infortuné chasseur ; et toute la cour céleste célèbre, par des danses, la résurrection d'Adonis.

Ce ballet offre un spectacle ravissant. Le tableau que présente la scène, au lever du rideau, est un des plus élégans et des plus gracieux qu'on ait vus. En un mot, cet ouvrage ajouterait à la réputation de M. Gardel, si, désormais, elle pouvait s'accroître.

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