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Vertumne et Pomone

Vertumne et Pomone, ballet de M. Gardel, musique de François-Charlemagne Lefebvre, 24 janvier 1810.

Académie Impériale de Musique.

Titre :

Vertumne et Pomone

Genre

ballet

Nombre d'actes :

 

Musique :

oui

Date de création :

24 janvier 1810

Théâtre :

Académie Impériale de Musique

Chorégraphe(s) :

Gardel

Compositeur(s) :

François-Charlemagne Lefebvre

Almanach des Muses 1811.

De la grace et des tableaux charmants, comme dans toutes les compositions de M. Gardel.

Mémorial dramatique, ou almanach dramatique pour l'an 1811, cinquième année, 1811, p. 33-35 :

Vertumne et Pomone, ballet-pantomime de M. Gardel, musique de M. Lafare.

Le sujet en est aussi connu que celui d'Hyppomène et Atalante : il est puisé à la même source ; mais M. Gardel y a mis beaucoup plus du sien. On sait que Vertumne avait, comme son nom l'indique, le pouvoir de changer de forme à son gré. Ovide en cite plusieurs qu'il emprunta successivement pour se rapprocher de l'insensible Pomone. M. Gardel n'en a choisi que deux ; mais tous ces déguisemens ne fournissent et ne doivent fournir que de simples traits au poète ; le chorégraphe en a fait des tableaux. C'est d'abord en moissonneur que Vertumne, avec ses suivans, vient troubler la solitude et les travaux de Pomone ; les danses qu'il exécute charment la nvmphe ; elle y prend part, les suivans se retirent ; Vertumne se découvre, mais elle le repousse avec indignation. Ovide nous dit aussi que Pan, les sylvains, les faunes avaient essayé vainement d'attendrir Pomone : M. Gardel a pris ce moment pour les mettre en action. Le caractère sauvage de leurs danses contraste avec -la gaîté naïve que venaient d'exprimer les moissonneurs. Pomone les congédie ; ils causent en partant, quelque désordre dans ses bosquets ; Vertumne revient en vendangeur et le répare. Découvert une seconde fois et repoussé par la nymphe, il est prêt à se désespérer, lorsque l'Amour vient lui rendre le courage, en lui conseillant d'aborder Pomone sous les traits de sa vieille amie Agathis. On voit que nous touchons au dénouement ; c'était là le point difficile, et quelques précautions que M. Gardel ait prises, peut-être n'en a-t-il pas vaincu toutes les difficultés. Il a fait paraître, dès les premières scènes, la véritable Agathis, personnage de son invention, pour rendre plus naturel le dernier déguisement de Vertumne. Lorsque la fausse Agathis a su amener Pomone à lui confier que l'amour de Vertumne l'a touchée, la véritable reparaît, ce qui produit un effet assez cosmique ; mais c'est pour rendre intelligible l'aveu muet .de Pomone, que l'auteur a éprouvé le plus d'embarras. La nymphe pouvait exprimer facilement son amour par de simples gestes ; mais comment en nommer l'objet ? M. Gardel a imaginé de faire paraître au fond du théâtre un personnage qu'il appelle le faux Vertumne, et que ce dieu a en effet revêtu de ses traits. Pomone le voit et le montre à la fausse vieille, qui se dépouille aussitôt de son déguisement.

Pour quiconque n'a pas le programme sous les yeux, cette indication pourrrait bien n'être pas assez claire. Quoi qu'il en soit, M. Gardel a déployé, dans ce ballet, son admirable talent de peintre ; il l'a embelli de tableaux charmans, et en a dessiné les pas avec sa grâce ordinaire. Les premiers sujets de la danse y ont paru. Vestris a joué le rôle de Vertumne, et Mad. Gardel celui de Pomone avec une rare perfection. Il y a bien là de quoi dédommager de la simplicité de l'intrigue et de quelques obscurités, surtout dans un ouvrage en un acte, qui semble avoir été composé plutôt pour amener des tableau; et des fêtes que pour offrir un ballet d'action.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 15e année (1810), tome I, p. 202-203 :

[Compte rendu assez confus (on y parle de deux pièces et d’un ballet en même temps) d’une soirée au bénéfice d’un artiste qui se retire. Il n’y a pas trace du retour sur les deux nouveautés promis, dans la table des matières de 1819, tome quatrième, p. 427, où il n’est question de ce compte rendu plutôt succinct.]

Lainez, après trente ans de service à l'Opéra, a donné, le 24 janvier 1810, la représentation à son bénéfice. Le concours de spectateurs étoit nombreux, et l'assemblée brillante ; on évalue la recette à trente mille francs. La pièce nouvelle, Hippomène et Atalante, a été jugée un peu sévèrement. Colinette à la cour, a sait plus de plaisir; la musique de GRÉTRY est faite pour plaire en tout temps. Le ballet nouveau, de M. Gardel, Vertumne et Pomone, a été trouvé un peu foible : mais le public a été sévère comme il l'est ordinairement les jours où les places sont doublées et même triplées. On rejouera sans doute l'opéra d'Hippomène qui avoit été sacrifié ce jour-là, puisqu'on le jouoit à l'heure où le public arrive, et où le bruit des banquettes forme un concert peu propre à s'accorder avec l'harmonie de l'orchestre. La musique est le début à l'Opéra d'un compositeur qui porte un grand nom. Le poème est écrit avec esprit et versifié avec grâce. Les premiers sujets ont tous paru dans cette représentation. Madame Branchu a été charmante dans le rôle de Colinette; Mademoiselle Maillard a été aussi comique dans un rôle de vieille, qu'elle est tragique dans Hécube ou Clitemnestre. Madame Granier a été vivement applaudie dans Atalante. Vestris et Madame Gardel ont déployé tout leur talent dans Vertumne et Pomone. L'assemblée a prouvé à Lainez tout l'intérêt qu'elle prenoit à lui, lorsqu'il a paru dans le rôle du Comte, de Colinette à la cour, rôle qu'il a joué lors de la création de la pièce. Nous reviendrons sur les deux nouveautés.

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