Allusion

Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.

Allusion.

Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome I, p. 38 :

ALLUSION. Ce mot vient du Verbe Latin alludere, qui signifie jouer. Les Allusions sont froides au Théâtre, parce qu'elles ne peuvent guères être liées au nœud de la Piéce. Ce n'est que de la conversation, ce n'est que de l'esprit, & toute beauté étrangere est un défaut. II étoit ordinaire, avant Corneille, de trouver dans les Piéces de Théâtre des Allusions à la. Fable & à l’Histoire.

Cependant un Auteur intelligent peut quelquefois faire entrer dans la Comédie des traits que le Spectateur s'applique ; il peut y rappeller des ridicules en vogue, des vices dominans, des événemens publics ; mais que ce soit comme sans y penser : si l’on remarque son but, il le manque ; il cesse de dialoguer, il prêche. C'étoit un grand Art de Moliere : la Dissertation du Maître de Langues dans le Bourgeois Gentilhomme sur la maniere de prononcer chaque lettre , étoit une Allusion continuelle à un Livre ridicule qui parut alors sur ce sujet.

Quand on fait de ces Allusions , il faut que le comique puisse survivre au souvenir de la chose sur laquelle l’Allusion portoit ; comme il est arrivé ce trait du Bourgeois Gentilhomme, qui fait toujours rire, quoique personne ne songe au ridicule qui y a donné lieu.

II y a encore une sorte d'Allusions fréquentes dans les Comédies. C'est lorsqu'un Personnage rappelle, en riant, un vers connu. Plusieurs Fats, dans les Comédies, disent à leurs Rivaux, je vous laisse :

Les Amans malheureux cherchent la solitude.

II faut tâcher, autant qu'il est possible, que l' Allusion soit comique, comme ce que dit Cléon au. sujet de Chloé :

Si je n'ai pas plus loin poussé cette conquête,
La faute en est aux Dieux qui la firent si bête.

Par Allusion à ce vers d'un Opéra :

La faute en est aux Dieux qui la firent si belle.

Ces Allusions étant fréquentes dans la Société, sont quelquefois très-agréables dans là Comédie, qui est la peinture de la Société.

Références :

Gresset, le Méchant, acte 2, scène 7 (allusion à un vers d’opéra, ou plutôt d’un air de cour de Pierre Guédron).

Molière, le Bourgeois gentilhomme, acte 2, scène 4 (la leçon de prononciation du maître de philosophie

Ajouter un commentaire

Anti-spam