Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.
Antithèse.
Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome I, p. 108-109 :
ANTITHÈSE, figure de Rhétorique, qui consiste à opposer des pensées les unes aux autres pour leur donner plus de jour. Cette figure est ordinairement l’opposé du Tragique ; elle dégrade la noblesse d'un rôle, & affaiblit le sentiment. On en voit un exemple dans ces Vers du beau rôle de Cornelie : elle parle à César:
Je t'avourai, pourtant, comme vraiment Romaine,
Que pour toi mon estime est égale à ma haine ;
Que l'une & l'autre est juste, & montre le pouvoir,
L'une de ma vertu, l'autre de mon devoir ;
Que l'une est généreuse, & l'autre intéressée,
Et que dans mon esprit, l'une & l'autre est forcée.
On voit par ce morceau combien l'Antithèse peut gâter une idée qui auroit été sublime si elle eût été rendue simplement.
Dans le Comique, l'Antithèse est moins déplacée. Elle entre naturellement dans les portraits, dans les peintures vives, dans les reparties, &c. C'est que la Comédie admet les contrastes marqués dans les mots comme dans les choses, & que la Tragédie les exclut presque toujours dans les uns & dans les autres.
[Les éditions consultées de la Mort de Pompée donnent « ta vertu » où le Dictionnaire dramatique dit « ma vertu »]
Références :
Corneille, la Mort de Pompée (1641), acte 5, scène 4, vers 1725-1730.
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