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Fête

Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.

FÊTE.

Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome I, p. 495-496 :

FÊTE. C'est le nom que l'on donne à presque tous les Divertissemens de Chants & de Danse qu'on introduit dans un Acte d'Opéra. La différence qu'on y assigne entre les mots de Fête & de Divertissement, est que le premier s'applique plus particulièrement aux Tragédies , & le second aux Ballets.

Une des plus grandes difficultés d'un Opéra, est d'y bien amener des Fêtes. Elles doivent servir à l'action principale. Elles doivent y tenir comme íncidens au moins vraisemblables ; & il est égal qu'elles viennent au commencement, au milieu ou à la fin de l'Acte, pourvu que ce soit à propos. Il est convenable que les Plaisirs, les Amours & les Graces présentent, en dansant, à Enée les armes dont Vénus lui fait don. Il est naturel que les Démons, formant un complot funeste au repos du Monde, expriment leur joie par des danses. Un grand défaut dans un Opéra, est d'avoir deux Actes de suite sans Fêtes. Ce défaut devient plus sensible, depuis que le goût du Public est déclaré pour les Divertissemens.

Le Poète doit jetter de la variété dans ses Fêtes. Ce seroit un défaut insupportable dans un Poème, que de voir deux Fêtes de même caractère.

Quinault coupe ses Opéra de maniere que les Fêtes y viennent comme d'elles-mêmes, & se succèdent avec la plus grande variété. Souvent même elles forment un contraste touchant avec la situation. Dans l'Opéra de Roland, Angélique, aimée de ce Héros, déclare à sa Confidente son amour pour Médor. Dans l'instant même, une troupe d'Insulaires délivrés par Roland, viennent lui présenter un bracelet de la part de leur Libérateur, & forment des danses à la maniere de leur pays. Au second Acte, Angélique trouve Médor au milieu d'une Forêt, auprès de la Forêt Enchantée de l'Amour. Elle a vainement combattu sa passion. Une troupe d'Amours, de Syrènes, de Nymphes, de Sylvains, d'Amans & d'Amantes Enchantés, invitent Angélique & Medor aux plaisirs de l' Amour. Au troisieme Acte, Angélique ayant préféré Médor & lui ayant donné l’Empire du Cataï, les Sujets d'Angélique viennent rendre hommage à leur nouveau Maître; ce qui forme une Fête majestueuse. Au quatrieme Acte, Roland trahi, & plus amoureux que jamais , trouve une troupe de Bergers & de Bergeres célébrant l'hymenée d'un Berger du lieu. Il apprend d'eux l’infidélité d'Angélique. Dans sa fureur, il brise les rochers, renverse les arbres, & fait fuir les Bergers épouvantés. Logistille, environnée des Fées, & évoquant les Ombres des anciens Héros pour l'aider à rendre la raison à Roland , forme la Fête du cinquieme Acte.

Références :

Fontenelle (1657-1757), Enée et Lavinie (tragédie en musique, 1690, musique de Pascal Colasse), acte 4, scène 5 : Vénus apporte à Enée les armes que Vulcain a forgées pour lui.

Quinault, Roland (tragédie en musique, 1685, musique de Lully) : les différentes fêtes de cet opéra, à chaque acte, sont particulièrement bien liées au déroulement de l’action. Elles sont détaillées ici.

A quoi renvoient ces démons qui expriment en dansant leur joie de comploter contre le repos du monde ? Scylla ? Houdar de La Motte ? Autre œuvre, autre auteur ? Il y a d’autres danses des démons, comme celles de Castor et Pollux (Gentil-Bernard et Rameau, 1737).

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