Imprécation

Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.

IMPRÉCATION.

Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome II, p. 61-62 :

IMPRÉCATION. Les Imprécations sont un grand effet sur le Théâtre, lorsqu'elles échappent à la passion, ou plutôt à une colère qui paroît juste, & qu'elles se réalisent sur un innocent. Elles jettent alors celui qui les a faites, dans un désespoir accablant, qui fait qu'on le plaint d'autant plus, que son imprudent emportement le jette dans un malheur plus grand. Telles sont les imprécations terribles de Thésée contre son fils, qu'il croit coupable, & qui ne l'est pas :

Et toi, Neptune, & toi, si jadis mon courage,
D'infâmes assassins nettoya ton rivage,
Souviens-toi que, pour prix de mes efforts heureux,
Tu promis d'exaucer le premier de mes vœux.
Dans les longues douleurs d'une prison cruelle,
Je n'ai point imploré ta puissance immortelle.
Avare du secours que j'attends de tes soins,
Mes vœux l'ont résèrvé pour de plus grands besoins.
Je l'implore aujourd'hui : venge un malheureux pere.
J'abandonne ce traître à toute ta colère.
Etouffe dans son sang les désirs effrontés.
Thésée, à tes fureurs, connoîtra tes bontés.

Cette horrible Imprécation a son effet. Et quelle est la consternation de ce malheureux père, lorsqu'il apprend que Neptune a exaucé son vœu, & qu'il reconnoît en même tems l'innocence de son vertueux fils !

Référence :

Racine, Phèdre, acte 4, scène 2, vers 1065-1076 : les imprécations de Thésée contre Hippolyte, qu’il croit coupable.

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