Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.
INTERMEDE.
Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome II, p. 83-84 :
INTERMEDE. Ce qu'on donne en spectacle entre les Actes d'une Pièce de Théâtre, pour amuser le peuple, tandis que les Acteurs reprennent haleine, ou changent d'habits, ou pour donner le loisir de changer de décorations. Dans l'ancienne Tragédie, le Chœur chantoit dans les Intermèdes, pour marquer les intervalles entre les Actes. Les Intermèdes consistent, pour l'ordinaire, chez nous, en Chansons, Danses, Ballets, Chœurs de Mutique, &c. Aristote & Horace donnent, pour régle, de chanter pendant ces Intermèdes, des Chansons qui soient tirées du sujet principal ; mais dès qu'on eût ôté les Chœurs, on introduisit les Mimes, les Danseurs, &c. pour amuser les Spectateurs. En France, on y a substitué une symphonie de violons, & d'autres instrumens.
L'Auteur du Spectacle des Beaux-Arts (M. Lacombe) fait une observation bien judicieuse au sujet des Intermèdes qui coupent les Actes de nos Tragédies. Hé ! n'est-il pas ridicule, dit-il, que nos Tragédies, comme cela a été déjà observé, soient coupées & suspendues par des Sonates de Musique instrumentale, & que le Spectateur, qui est supposé occupé par les plus grands Intérêts, ou ému par les plus vives passions, tombe dans un calme soudain, & fasse ainsi diversion avec le pathétique de la Scène, pour s'amuser d'un menuet ou d'une gavotte ? Rien de plus propre en effet à faire revenir l'esprit du trouble où il étoit. Ces fortes d'Intermèdes nuisent, peut-être plus qu'on ne pense, aux succès de nos Tragédies. A chaque Acte l'Auteur est, pour ainsi dire, obligé de retravailler sur de nouveaux frais, pour faire illusion & pour toucher.
Références :
Aristote, Poétique, fin du chapitre 19, pose comme une règle que les intermèdes doit être occupés par des chants en rapport avec le sujet principal de la pièces
Horace, Art poétique, vers 193-195 :
Actoris partes Chorus officiumque virile
Defendat ; neu quid medios intercinat actus,
Quod non proposito conducat et haereat apte.
« Le chœur remplira le rôle et l’office d’un acteur ; tout ce qu’il chante dans les entr’actes, doit concourir à l’action, et se rattacher essentiellement au sujet ». (emprunt à l’édition avec deux traductions publiée aux éditions Hachette en 1877).
Lacombe (Jacques, 1724-1811), le Spectacle des beaux-arts, ou considérations touchant leur nature, leurs objets, leurs effets et leurs règles principales (1758), 2e partie, chapitre 6, p. 111, est hostile aux intermèdes musicaux entre les actes des tragédies.
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