Machines de théâtre

Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.

Machines de théâtre.

Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome II, p. 145-147 :

MACHINES DE THÉÂTRE. Les Anciens en avoient de plusieurs sortes dans leurs Théâtres, tant celles qui étoient placées dans l'espace ménagé derrière la Scène, que celles qui étoient sous les portes de retour, pour introduire d'un côté les Dieux des bois & des campagnes, & de l'autre les Divinités de la mer. Il y en avoit aussi d'autres au-dessus de la Scène pour les Dieux célestes, & enfin d'autres sous le Théâtre pour les Ombres, les Furies & les autres Divinités infernales. Ces dernières étoient, à-peu-près, semblables à celles dont nous nous servons pour ce sujet. Pollux ( L. IV.) nous apprend que c'étoient des especes de trapes qui élevoient les Acteurs au niveau de la Scène, & qui redescendoient ensuite sous le Théâtre par le relâchement des forces qui les avoient fait monter. Ces forces consistoient, comme celles de nos Théâtres, en des cordes, des roues, des contre- poids. Les Machines qui étoient sur les portes de retour, étoient des Machines tournantes sur elles-mêmes, qui avoient trois faces différentes, & qui se tournoient d'un & d'autre côté, selon les Dieux à qui elles servoient. Mais de toutes ces Machines, il n'y en avoit point dont l'usage fût plus ordinaire, que celles qui descendoient du ciel dans les dénouemens, & dans lesquelles les Dieux venoient, pour ainsi dire, au secours du Poëte. Ces Machines avoient même assez de rapport avec celles de nos Cintres ; car, au mouvement près, les usages en étoient les mêmes ; & les Anciens en avoient, comme nous, de trois sortes en général ; les unes, qui ne descendoient point jusqu'en bas, & qui ne faisoient que traverser le Théâtre ; d'autres, dans lesquelles les Dieux descendoient jusques sur la Scène , & de troisiemes, qui servoïent à élever ou à soutenir en l'air les personnes qui sembloient voler. Comme ces dernières étoient toutes semblables à celles de nos vols, elles étaient sujettes aux mêmes accidens : car nous voyons dans Suétone, qu'un Acteur qui jouoit le rôle d'Icare, & dont la machine eut malheureusement le même sort, alla tomber près de l'endroit où étoit placé Néron, & couvrit de sang ceux qui étoient autour de lui. Mais quoique ces Machines eussent assez de rapport avec celles de nos cintres, comme le Théâtre des Anciens avoit toute son étendue en largeur, & que d'ailleurs il n'était point couvert , les mouvemens en étoient fort différens ; car au lieu d'être emportés, comme les nôtres, par des chassis courans dans les charpentes en plafond, elles étoient guindées â une espece de grue, dont le col passoit par-dessus la Scène, & qui, tournant sur elle-même, pendant que les contrepoids faisoient monter ou descendré ces machines, leur faisoient décrire des courbes composées de son mouvement circulaire & de leur direction verticale, c'est-à-dire, une ligne en forme de vis de bas en haut, ou de haut en bas, à celles qui ne faisoient que monter ou descendre d'un côte du Théâtre à l'autre, & différentes demi-ellipses à celles qui, après être descendues d'un côté jusqu'au milieu du Théâtre, remontoient de l'autre jusqu’au-dessus de la Scène d'où elles étoient toutes rappellées dans un endroit du Postcenium, où leurs mouvemens étoient placés.

 

Références :

Pollux (lexicographe du 2e siècle de notre ère), Onomasticon, livre 4, livre consacré à la musique, à la danse et au théâtre : les trappes pour faire apparaître les acteurs.

Suétone, Vie de Néron, chapitre 12, paragraphe 5 : un accident dû à une machine de théâtre.

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