Pièces d'intrigue

Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.

Pièces d’intrigue.

Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome II, p. 425-426 :

PIÉCES D'INTRIGUE. On appelle ainsi certaines Comédies qui roulent presque toutes entières sur des intrigues, & qui n'ont point un caractère principal à peindre &à ridiculiser, comme l'Avare, le Grondeur, le Joueur, &c. On exige dans ces sortes de Pièces une action intéressante, & des incidens qui amènent des situations singulières & plaisantes. Dans les Pièces de caractère, tout se rapporte à un Personnage principal : dans celles-ci, ce sont des Amans qui, par différens stratagêmes, s'efforcent de lever les obstacles qu'on met à leur amour. L'intérêt se réunit en leur faveur. Le Spectateur aime à les voir tendre des piéges, & se réjouit avec eux, lorsqu'ils ont réussi à tromper la vigilance de leurs surveillans. Plus une action fournira de ces incidens, plus elle sera comique. L'art de l'Auteur est donc d'introduite des Personnages en même tems méfians & crédules. On fait ici un grand usage des rôles de Vieillards, qu'on appelle rôles à manteau, attendu la crédulité & la défiance particuliere, & propre à cet âge On y emploie avec sucès des Valets fourbes, des Soubrettes adroites, des Astrologues imposans. Les rravestissemens d'un même Personnage, en différens autres, y font le meilleur effet pour exciter le rire Théâtral, aux dépens de ceux qui se laissent duper par ces Métamorphoses. Tel est Crispin dans le Légataire Universel, où il paroît en Gentilhomme Campagnard, en Veuve & en Malade. Tel est Scapin dans ses Fourberies, qui, tandis que Géronte se cache la tête dans son sac, de peur d'être reconnu par ceux qui le cherchent, contrefait lui même ses ennemis, & feint de recevoir les coups de bâton, qu'il fait pleuvoir sur le sac, & mille autres de cette espéce.

Références :

Molière, les Fourberies de Scapin, acte 3, scène 2 : Scapin, contrefaisant les ennemis de Géronte pour mieux lui donner des coups de bâton qu’il feint de recevoir.

Regnard (Jean-François, 1655-1709), le Légataire universel : Crispin, type du personnage qui multiplie les identités, gentilhomme campagnard, veuve, malade, pour duper les autres.

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