Créer un site internet

Pièces de caractères

Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.

Pièces de caractères.

Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome II, p. 426-427 :

PIÈCES DE CARACTERES ; ce sont ces sortes de Comédies, dans lesquelles on s'attache à peindre & à ridiculiser un caractère quelconque, qui fait le sujet principal de la Pièce : telles sont les Comédies de l’Avare, du Tartuffe, du Bourgeois-Gentilhomme, du Malade Imaginaire, &c.

Le Théâtre ne nous fournit plus gueres de Piéces de caractères. Seroit ce parce qu'ils sont épuisés, ou parce que nous n'avons plus de Molière & de Regnard pour les bien saisir & les peindre ? On peut dire, à la vérité, que ces caractères qui marquent & qui tranchent dans la- société, tels que ceux qu'on a nommés, ont presque tous été pris par les habiles Maîtres ; mais un véritable génie comique en trouverait encore à coup sûr, dont il sauroit tirer parti.

Dans ce genre de Piéces, le Poète se propose de combattre un ridicule capital ; c'est un menteur, un jaloux, un misantrope, un joueur, un méchant, qui réunissent en eux tout ce que le vice a de ridicule & d'extravagant. On peut comparer ces portraits dramatiques à ces figures pittoresques, dont les traits chargés, & néanmoins tracés d'après nature, nous offrent un tableau frappant, qui nous porte à rire ou à nous indigner de nos propres défauts. Le Poète ici s'occupe moins du vrai que du vraisemblable. Il a le privilége de donner à son principal Personnage un caractère plus outré qu'il ne l'est en lui-même. En effet , la Scène est dans un point d'optique, où les traits doivent être aggrandis pour être apperçus. Telle est la Comédie du Misantrope, qui est moins le tableau d'un Misantrope ordinaire, que celui de la misantropie. Telle est celle de l'Avare, du Joueur, dont les caractères ne frappent & ne plaisent, que parce qu'ils sont outrés, & qu'ils ne le sont pas au-delà de la vraisemblance.

Références :

Molière, l’Avare : la peinture d’un ridicule, ici, l’avarice, se fait en outrant le portrait tout en restant dans les limites de la vraisemblance.

Molière, le Misanthrope : exemple d’une pièce de caractère, qui vise plus à montrer la misanthropie qu’un misanthrope ordinaire.

Jean-François Regnard (Jean-François, 1655-1709), le Joueur : pour que le caractère frappe, il faut outrer le trait, mais en restant dans les limites de la vraisemblance.

L’article suggère que le comique de caractère est perdu depuis que Molière et Regnard ne sont plus là pour bien saisir les caractères.

Faut-il classer le Bourgeois gentilhomme dans les comédies de caractère ?

Ajouter un commentaire

Anti-spam