Récitatif

Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.

Récitatif.

Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome III, p. 14-16 :

RÉCITATIF ; est une maniere de chant qui approche beaucoup de la parole ; c'est proprement une déclamation en musique, dans laquelle le Musicien doit imiter, autant qu'il est possible, les inflexions de voix du Déclamateur. Ce chant est ainsi nommé récitatif, parce qu'il s'applique au récit ou à la narration, & qu'on s'en sert dans le dialogue. On ne mesure point le récitatif au chant ; car cette cadence, qui mesure le chant, gâteroit la déclamation : c'est la passion seule qui doit diriger la lenteur ou la rapidité des sons. Le Compositeur, en notant le récitatif sur quelque mesure déterminée, n'a en vue que d'indiquer, à-peu-près, comment on doit passer ou appuyer les vers & les syllabes, & de marquer le rapport exact de la basse continue & du chant. Les Italiens ne se servent pour cela que de la mesure à quatre tems ; mais les François entremêlent leur récitatif de toutes sortes de mesures. Le récitatif n'est pas moins différent chez ces deux Nations, que du reste de la musique. La langue Italienne, douce, flexible & composée de mots faciles à prononcer, permet au récitatif toute la rapidité de la déclamation : ils veulent, d'ailleurs, que rien d'étranger ne se mêle à la simplicité du récitatif, & croiroient le gâter, en y mêlant aucun des ornemens du chant. Les François, au contraire, en remplissent le leur autant qu'ils peuvent. Leur langue, plus chargée de consonnes, plus âpre, plus difficile à prononcer, demande plus de lenteur ; & c'est sur ces sons rallentis, qu'ils épuisent les cadences , les accens, les ports de voix, même les roulades, sans trop s'embarrasser si tous ces agrémens conviennent au personnage qu'il font parler, & aux choses qu'ils lui font dire. Aussi, dans nos Opera, les Etrangers ne peuvent ils distinguer ce qui est récitatif, & ce qui est air. Avec tout cela, on prétend, en France, que le récitatif François l'emporte infiniment sur l'Italien ; on y prétend même que les Italiens en conviennent ; & l'on va jusqu'à dire, qu'ils font peu de cas de leur propre récitatif. Ce n'est pourtant que par cette partie, que le fameux Porpora s’immortalise aujourd'hui en Italie, comme Lully s'est immortalisé en France. Quoi qu'il en soir, il est certain que, d'un commun aveu, le François approche plus du chant, & l'Italien de la déclamation. Que faut-il de plus pour décider la question sur ce point ?

Références ;

Lully s’est immortalisé en France par ses récitatifs.

Porpora s’immortalise aujourd’hui par ses récitatifs.

Ajouter un commentaire

Anti-spam