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Satyre dramatique

Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.

Satyre dramatique.

Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome III, p. 104-105 :

SATYRE DRAMATIQUE ; genre de Drame particulier aux Anciens. Les Satyres Dramatiques, ou, si l'on veut, les Drames satyriques, se nommoient en latin Satyri, au lieu que les Satyres, telles que celles d'Horace & de Juvenal, s'appelloient Satyræ. Il ne nous reste de Drame satyrique, qu'une seule Piéce de l'antiquité ; c'est le Cyclope d'Euripide. Les Personnages de cette Piéce sont Polyphème, Ulysse, Sylène, & un Chœur de Satyres. L'action est le danger que court Ulysse dans l'antre du Cyclope, & la maniere dont il s'en tire. Le caractère du Cyclope est l'insolence, & une cruauté digne des bêtes féroces. Le Sylène est badin à sa maniere, mauvais plaisant, quelquefois ordurier: Ulysse est grave & sérieux, de maniere cependant qu'il y a quelques endroits où il paroît se prêter un peu à l'humeur bouffonne des Sylènes. Le Chœur des Satyres a une gravité burlesque : quelquefois il devient aussi mauvais plaisant que le Sylène. Ce que le Pere Brumoi en a traduit, suffit pour convaincre ceux qui auront quelque doute. Peu importe, après cela, de remonter à l'origine de ce Spectacle, qui fut, dit-on, d'abord très-sérieux. Il est certain que du tems d'Euripide, c'étoit un mélange du haut & du bas, du sérieux & du bouffon. Les Romains ayant connu le Théâtre Grec, introduisirent chez eux Cette sorte de Spectacle, pour réjouir non-seulement le Peuple & les acheteurs de noix, mais quelquefois même les Philosophes, à qui le contraste, quoiqu'outré, peut fournir matiere à réflexion. Horace a prescrit, dans son Art Poétique, le goût qui doit regner dans ce genre de Počme ; & ce qu'il en dit, revient à ceci. Si l'on veut composer des Drames satyriques, il ne faut pas prendre dans la partie que font les Satyres, la couleur ni le ton de la Tragédie ; il ne faut pas prendre non plus le ton de la Comédie : Davus est trop rusé; une Courtisane qui excroque un talent à un vieil avare, tout fin qu'il est, est trop subtile. Ce caractère de finesse ne peut convenir à un Sylène qui sort des forêts, qui n'a jamais été que le serviteur & le gardien d'un Dieu en nourrice. Il doit être naïf, simple, du familier le plus commun. Tout le monde croira faire parler de même les Satyres, parce que leur élocution semblera entiérement négligée ; cependant il y aura un mérite secret , & que peu de gens pourront attraper ; ce sera la suite & la liaison même des choses. Il est aisé de dire des choses avec naïveté ; mais soutenir long-tems ce ton sans être plat, sans laisser du vuide, sans faire d'écarts, sans liaisons forcées, c'est peut-être le chef-d'œuvre du goût & du génie.

Références :

Euripide, le Cyclope, le seul drame satyrique qui soit resté de l’Antiquité. Il met en scène « Polyphème, Ulysse, Sylène, & un Chœur de Satyres ».

Horace et Juvénal, les satiriques latins, exemple des Satyræ, distinguées des drames satiriques, appelés en latin Satyri.

Horace, dans l’Art poétique, vers 220-250, prescrit le ton à adopter dans le drame satirique.

Lucilius met sur scène dans une de ses comédies (perdues) une servante nommé Pythias qui escroque le vieillard Simon. Il y a aussi une Pythias, esclave d’une courtisane dans l’Eunuque de Térence, pièce inspirée de Ménandre, mais elle n’escroque pas de vieillard.

Ménandre : dans une de ses comédies perdues, la Périnthienne, figure un valet nommé Davus. On le retrouve dans l’Andrienne de Térence.

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