Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.
Sotties.
Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome III, p. 168-169 :
SOTTIES. Les Sorties étoient des espéces de Farces caractérisées par une Satyre effrénée, & souvent même personnelle. Il ne nous en est parvenu qu'un très-petit nombre. Celle qui fut jouée aux Halles le Mardi-gras de 1511, étoit un tissu de traits amers & piquans contre le Pape Jules second. Je hasarderai une conjecture sur l'étymologie du mot de Sottie. Les Poëtes de ce tems cachoient le plus souvent leur véritable nom, ou ne l'indiquoient que dans quelque endroit de leurs Ouvrages, par des espéces d'acrostiches : c'est-à-dire, par les lettres initiales d'un certain nombre de Vers, lesquelles répondoient à celles dont leurs noms étoient composés ; mais souvent aussi ils en adoptoient d'autres qui pouvoient les faire connoître. Jehan Bouchet s'annonçoit sous celui du traverseur des voies périlleuses ; François Habert sous celui du banni de Liesse, &c. Pierre Gringore se déguisoit sous le titre de mere sotte. La Satyre caractérisoit particuliérement les Ouvrages de ce dernier : on peut en voir la preuve dans ses fantaisies & ses menus propos. Il est donc probable que, d'après le nom que cet Auteur avoit adopté, on a appliqué la dénomination de Sottie, aux Piéces de Théâtres que le ton satyrique distinguoit des autres. Comme on appelle, dans la conversation ordinaire, des Pasquinades, les plaisanteries épigrammatiques & mordantes, semblables à celles qu'on affiche à Rome sur la Statue de Pasquin.
Références :
Gringore (Pierre, 1475-1439), le Jeu du Prince des sots et mère Sotte (1512). On trouve le texte dans le site https://sottiesetfarces.wordpress.com/2015/05/27/jeu-du-prince-des-sotz/
Autres auteurs de sotties : Jehan Bouchet (1476-1557), François Habert (vers 1510-vers 1561).
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