Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.
Théâtre italien.
Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome III, p. 258-260 :
Théâtre Italien. Les Théâtres en Italie ont communément quatre rangs de loges, outre un autre rang qui fait l'enceinte du Parterre. On voit même à Venise un Théâtre à sept rangs de loges. Celui de Parme n'a point de loges, mais seulement des gradins en' Amphithéâtre. A Venise, on peut aller masqué au Spectacle. Il y a ordinairement dans cette ville huit Théâtres ouverts, quatre pour les Comédies, & quatre pour les Opéra. Le Parterre est peu respecté dans ce pays. Les Spectacles, dans presque toutes les villes d'Italie, sont tumultueux ; les Italiens crient de toutes leurs forces viva, lorsque le Poëte ou les Acteurs les ont contentés ; si c'est le contraire, ils crient vadentro, en accablant quelquefois les Acteurs d'injures ; souvent même leur indignation va plus loin. A Gênes, à Lucques, à Florence, il y a plus de police, & par conséquent plus de décence dans les Spectacles. Dans plusieurs villes, on représente la Comédie en plein jour, alors les Spectacles font plus tranquilles. A Rome les femmes ne montent point sur le Théâtre, depuis la défense qui leur en fut faite par Innocent XI ; mais leurs rôles sont remplis par de jeunes garçons, qui en prennent les habillemens. La Comédie eut en Italie, comme ailleurs une origine très-grossiere. Elle consistoit d'abord dans des farces aussi insipides qu'indécentes qu'on représentent de place en place ; à ces farces succéderent les Comédies de la Passion, qui furent jouées à Rome, sur la fin du XIIle siécle. Ces Comédies pieuses étoient quelquefois accompagnées de Piéces Profanes, licencieuses & mal conduites, &c encore plus mal dialoguées. Bibiena, Marchiavel, l'Arioste, ont mieux conduit la fable de leurs Pièces ; mais ils semblent s'être modelés sur les anciens Acteurs pour la licence qui régne dans l'action & dans les Dialogues de leurs Comédies. Enfin des personnes d'esprit & de goût, opposerent à cet abus du Théâtre Italien, des traductions de Corneille & de Racine, & des Piéces imitées de nos meilleurs Auteurs ; d'autres travaillerent dans le goût des anciens Poëtes de la Grèce & de Rome. Il y a un genre singulier de Comédies, que nous avons reçu en France, & qui est assez en vogue en Italie ; c'est une espéce d'intrigue, mise en action, mais dont les Dialogues sont remplis sur le champ, & comme à l'impromptu, par les Acteurs ; cette espéce de Comédie tire son principal mérite de plusieurs rôles bouffons, qui lui sont essentiels, & de l'enjouement qui en fait l'ame. C'est en Italie qu'est le véritable règne de l'Opéra, puisqu’il y a eu des tems où l’on en a joués tous les jours sur six Théâtres à la fois. Le premier Opéra, suivant M. Ricoboni, parut en 1637 à Venise. Autrefois on représentoit ce Spectacle avec un superbe appareil de machines & de décorations ; mais les machines sont aujourd'hui négligées dans ce pays ; & tout l'art s'épuise en décorations.
Références :
Pièces :
L’Arioste (Ludovico Ariosto, dit,1474-1533) : outre son fameux Roland furieux, il a écrit une série de comédies d’intrigue.
Bernardo Dovizi da Bibbiena (1470-1520, cardinal et dramaturge) est surtout connu pour sa comédie en prose la Calandria (1513)
Machiavel (Niccolò de Bernardo deiMachiavelli, 1469-1527), plus connu pour ses écrits politiques, a aussi écrit des comédies, la Mandragola (environ 1518) et Clizia (1524).
Critique littéraire
Riccoboni (Louis ou Luigi, dit Lélio, 1676-1753) est à la fois acteur et historien du théâtre, en particulier le théâtre italien.
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