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Adelaïde, ou la Victime
Adelaïde, ou la Victime, drame en cinq actes & en prose, d'Hoffmann, 25 juillet 1793.
Théâtre de l'opéra comique national.
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Titre :
Adélaïde, ou la Victime
Genre :
drame
Nombre d'actes :
5
Vers / prose ?
prose
Musique :
non
Date de création :
25 juillet 1793
Théâtre :
Théâtre de l’Opéra Comique National
Auteur(s) des paroles :
Hoffmann
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 8 (août 1793), p. 288-298 :
[Pour une pièce qui tombe (et que le critique veut voir tomber, « Adelaïde ne peut ni ne doit rester au théatre »), le compte rendu est particulièrement long, signe qu’il se joue autour de cette pièce des choses essentielles. Après une esquisse très précise de la pièce, et qui s’attache à en faire sentir le caractère émouvant, il aborde enfin la partie proprement critique. Et les reproches s’enchaînent : il part de la comparaison possible avec d’autres pièces du même genre, Jenneval et Béverley, qu’il estime très supérieures. D’abord parce (on retrouve Boileau) certaines choses ne peuvent être montrées sur la scène : « L'indignation & l'horreur qu'ils ne cessent d'exciter, neutralisent l'intérêt de la pitié que devroient nécessairement inspirer Adelaïde & le jeune Charles ». De plus, les caractères de la pièce de Hoffmann sont trop opposés, entre bons et méchants, sans nuances. L’auteur n’a pas tiré de la situation mise sur la scène tous les effets qu’il pouvait en tirer : le critique prend pour exemple la scène où Adélaïde envoie son fils remettre à son mari le document qui la ruine. Cette exploitation insuffisante de ce que la situation comportait contribuent à rendre la pièce monotone, parce qu’elle est trop bien « huilée », tout s’y déroule sans heurts. Et le style est loin de racheter ces défauts : il est peu soigné, et la répétition incessante du verbe tuer, ou la crudité des propos des « méchants » est insupportable pour le public.
Habituellement, quand le critique dresse un tableau aussi noir, il le tempère en suggérant que la pièce peut être améliorée. Ici, au contraire, il insiste sur la nécessité de ne pas remettre la pièce sur la scène : impossible de montrer avec une telle intrigue autre chose que l’immoralité triomphant de la vertu : « le but de l'art dramatique doit toujours être la punition du vice & la récompense de la vertu », et Hoffmann est invité à se cosnacrer à un autre sujet, plutôt que de perdre son temps à tenter d’amender sa pièce. Après tout, bien des auteurs illustres ont connu l’échec quand ils ont voulu s’illustrer dans un autre genre que celui qui avait fait leur gloire. M. Hoffmann a toujours réussi dans le théâtre lyrique, qu’il continue à s’y illustrer plutôt que de tenter de briller dans le drame (on note que le propos ne condamne pas le drame, mais seulement la pièce de Hoffmann : il y a gros à parier que le critique ne pense pas grand bien du drame, même s’il ne dit rien de tel).
Le public a su écouter la pièce jusqu’au bout, ce dont le critique se félicite, et le félicite : « rien n'est plus indécent que de siffler, que d'interrompre une piece, & de la faire tomber souvent dès les premieres scenes », et le critique invite chacun à se sentir juge de la pièce, et ne pouvant rendre sa sentence « que lorsqu'il a bien entendu tout ce qu'on a à lui dire ». mais cela ne l’a pas empêché de demandé qu’Adélaïde disparaisse du répertoire. Et en même temps, il a vivement applaudi les acteurs, tous remarquables. Un sort particulier a été fait à la jeune actrice qui jouait le rôle de l’enfant : dans les petits rôles qu’elle joue, « elle donne une très-haute idée de son intelligence & du talent qu'elle aura un jour ».
La pièce s'inspire des Epreuves du sentiment, recueil de nouvelles de Baculard d'Arnaud (1774-1778
Le compte rendu cite plusieurs œuvres que le critique juge comparables : Jenneval ou le Barnevelt français est un drame de Louis-Sébastien Mercier (1769) et Beverley une tragédie imitée de l'anglais de Saurin (1769).]
THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE NATIONAL.
Adelaïde, ou la Victime, drame en cinq actes & en prose ; par M. Hoffmann.
Une anecdote des Epreuves du sentiment a fourni le sujet d'Adelaïde ; mais l'auteur, ainsi qu'il l'a dit lui-même, en a tellement surchargé les tableaux, que ce drame a produit les effets les plus déchirans. Essayons d'esquisser ce drame sombre, noir, où l'on trouve cependant tout le talent d'un homme qui connoît le théatre. Germeuil est l'époux d'Adelaïde : il a une femme vertueuse, un fils intéressant ; il les aime, il voudroit faire leur bonheur ; mais il est tourmenté par une passion malheureuse pour une Mme. de Sérignan, qui, à l'aide du nommé Plinval, emploie mille ruses pour ruiner Germeuil. Adelaïde se méfie des amis de son époux, sans connoître à fond toute leur scélératesse.
Le danger des liaisons est trop peu senti par une infinité d'honnêtes gens, & Germeuil y fait moins attention que personne ; il est foible par caractere, & le malheureux amour qu'il a pour Mme. de Sérignan, l'aveugle jusqu'au point de lui faire oublier tous ses devoirs envers sa femme & son fils. Adelaïde cependant est belle encore, & le jeune Charles est si intéressant ! ces deux infortunés sont l'innocence & la vertu personnifiées ; tandis que Mme. de Sérignan & l'odieux Plainval, son ami, offrent l'assemblage des vices les plus concentrés & les plus hideux.
Flottant sans cesse entre une estime profondément sentie pour Adelaïde, & un amour criminel pour Mme. de Sérignan, Germeuil chérit la vertu & se laisse entraîner par le vice. Il s'est complettement ruiné pour cette aventuriere, & il ne lui reste plus qu'un contrat de rente pour pourvoir aux besoins de sa femme & de son fils. Mme. de Sérignan le sait, Flainval ne l'ignore pas, & ils ne seront contens que quand ils seront en possession du contrat ; c'est pour cela qu'ils mettent en usage tous les moyens de séduction dont sont capables de semblables intrigans.
Germeuil est encore leur dupe ; mais il n'ose demander ce contrat à sa femme, & il a chargé la fidelle Charlotte, sa domestique, de ce soin : elle refuse, & il est contraint lui-même de la solliciter. L'infortunée Adelaïde lui représente qu'elle ne craint pas la misere pour elle, mais seulement pour son fils, & elle résiste autant que le peut faire une femme qui adore son mari ; mais il ordonne, & elle obéit. La voilà donc dénuée de toutes ressources, & n'ayant plus que la certitude de la misere & de l'infidélité de son époux. Son cœur sensible se brise ; elle en mourroit de douleur, si les tendres caresses de son fils ne lui imposoient le devoir de vivre.
Pendant que Germeuil va chercher le contrat, Mme. de Sérignan reçoit chez elle, & qui n'y reçoit-elle pas pour de l'argent, un officier de marine nouvellement arrivé de St. Domingue. On nomme Germeuil, on parle de lui de maniere à donner des soupçons ; l'officier est inquiet ; il connoît ces intrigans, & Germeuil est son ami ; il leur apprend cependant que par la succession d'un de ses oncles, qui vient de mourir en Amérique, Germeuil se trouve maintenant le plus riche particulier de Paris ; il le cherche même pour lui donner cette heureuse nouvelle : à ces mots, la joie des intrigans les décele ; ils croyoient Germeuil tout-à-fait ruiné, & ils voient qu'il peut encore satisfaire leur coupable ambition ; ils forment de nouveaux projets, ils tracent de nouveaux plans. L'officier s'appercevant qu'il les gêne, sort : Germeuil arrive.
II présente le contrat à Mme. de Sérignan, qui le refuse : un de mes amis, dit-elle, est venu à mon secours. Je sentois, d'ailleurs, que le sacrifice que j'avois exigé de votre amour étoit trop grand. Germeuil presse ; Mme. de Sérignan persiste ; elle ne veut désormais donner à Germeuil que des preuves de désintéressement & d'amour. Mais un souvenir importun la tourmente sans cesse : la maniere intime avec laquelle elle vit depuis long-tems avec Germeuil, donne matiere aux propos ; il seroit possible de les faire cesser, ou du moins de procurer à. Mme. de Sérignan la paix du cœur, en lui faisant une promesse de mariage, dans laquelle on stipuleroit un dédit de cent mille écus.
Vainement ce malheureux oppose que sa femme vit encore ; vainement il fait valoir beaucoup d'autres raisons non moins solides : le sort en est jetté ; il faut qu'il renonce à voir Mme. de Sérignan, ou qu'il lui donne cette nouvelle preuve de son amour ; l'infortuné succombe, & il signe, sans trembler, l'arrêt de mort de la trop infortunée Adelaïde. Accablée sous le poids du chagrin, elle est sur le point d'y succomber ; Germeuil fait appeller un médecin, ami de Plainval ; il ordonne une potion, dont il écrit la formule; on l'apporte, & Adelaïde est au moment de la prendre, lorsque Charlotte s'y oppose. Ah ! ma respectable maîtresse , lui dit-elle, j'ai des pressentimens affreux : jettez ce remede, & songez que vous ne devez pas en faire usage, puisque ce sont les scélérats amis de votre époux qui vous ont procuré le médecin par lequel il vous a été indiqué.
Ces mots sont à peine achevés, que l'officier de marine entre avec la plus grande précipitation. Madame, dit-il, gardez-vous de prendre la funeste potion que l'ami de Plainval vous a ordonnée ; c'est un poison subtil ; ces scélérats ont juré votre mort. Que leur ai-je fait, s'écrie douloureusement Adelaïde ? est-ce dans ce moment que mon époux auroit dû m'abandonner ? O ciel !
L'officier sort pour aller faire punir Mme. de Sérigmn & ses complices ; mais Germeuil ne rentre pas ; l'inquiétude d'Adelaïde est à son comble ; le désespoir s'empare de son ame ; éperdue, égarée, elle veut mourir ; le poison est encore là ! & puisqu'il faut que la scélératesse de ses ennemis triomphe, elle mourra.
O malheureuse ! dit Charlotte, en versant un torrent de larmes, qu'allez-vous faire ? Pensez à votre époux, pensez à votre fils ; quand vous ne serez plus, sera-ce Mme. de sérignan qui lui servira de mere ? Arrêtez, arrêtez, je ne souffrirai jamais que vous attentiez à votre vie. — Et moi, je t'arracherai la tienne, si tu veux m'en empêcher, répond Adelaïde, en montrant un couteau à Charlotte ; n'approche point, ou tu périras sous mes coups... C'en est fait, Adelaïde n'a plus que quelques instans à vivre ; elle ne verra plus Germeuil. Juste ciel ! pourquoi faut-il que le jeune Charles, en se précipitant dans ses bras, & poussant les cris les plus attendriffàns, vienne déchirer son cœur bien plus cruellement que le poison ne déchire ses entrailles ! mais le ciel a pris pitié de ses tourmens , elle est morte.
Germeuil survient : il la voit ; quel moment affreux pour un homme sensible qui a tant de reproches à se faire ! Elle n'est plus...... ses mains, que le jeune Charles arrose de ses larmes, sont glacées ! ses levres, qui semblent encore sourire à Germeuil, sont glacées ! Que dira désormais Germeuil à son fils lorsqu'il lui demandera sa mere ? mais la pâleur de la mort se répand sur son front, ses genoux chancelent ; aura-t-il la force de lire les quelques mots qu'Adelaïde a écrits avant de mourir ?.... Grand Dieu ! elle n'a pris la plume que pour recommander son fils à Germeuil, & lui protester qu'elle l'aimoit encore en mourant, & qu'elle n'avoit vécu que pour l'aimer. Cette lettre échappe des mains de Germeuil ; il pousse un long & douloureux soupir ; ses yeux s'obscurcissent, & il tombe sans connoissance & sans vie.
Ce drame ressemble beaucoup à plusieurs autres drames déjà connus, & particuliérement à Jenneval & à Béverley ; mais malheureusement le parallele n'est pas en faveur d'Adelaïde. Il semble cependant qu'après le succès de la nouvelle de M. d'Arnaud, qui lui en a fourni le sujet, l'auteur de la victime auroit dû s'attendre à reussir. Pourquoi donc la représentation de ce drame n'a-t-elle produit aucun effet ? Boileau nous le dit :
C'est qu'il est des objets que l'art judicieux
Doit offrir à l'oreille & reculer des yeux.
L.'horrible catastrophe de ce drame & les caracteres plus horribles encore du proxénete Plainval & de Mme. de Sérignan, sont de ce genre. L'indignation & l'horreur qu'ils ne cessent d'exciter, neutralisent l'intérêt de la pitié que devroient nécessairement inspirer Adelaïde & le jeune Charles.
D'ailleurs, l'auteur n'a pas assez adroitement manié ces différens caracteres ; l'opposition tranchante qui existe entr'eux est trop marquée ; il falloit en adoucir les nuances, & fondre les teintes, ou s'exposer à ne produire qu'un tableau repoussant. Les couleurs les plus fortes sont celles qu'on apperçoit les premieres, le caractere de Rosalie dans Jenneval est bien plus artistement ménagé que celui de Mme. de Plainval : aussi le supporte-t-on mieux au théatre ; & celui de Leuzon dans Béverley est plus ingénieusement placé que celui de Charlotte : aussi produit-il beaucoup plus d'effet.
On pourroit reprocher encore à l'auteur d'Adelaïde, de n'avoir pas tiré tout le parti que le talent qu'il a montré dans Phedre, Euphrosine, Stratonice, & plusieurs autres ouvrages, qui, pour avoir un caractere moins marqué, n'en sont pas moins estimables ; nous lui reprocherons, disons-nous, de n'avoir pas tiré tout le parti possible de l'idée aussi lumineuse que frappante d'Adelaïde, qui conserve assez de présence d'esprit pour envoyer à Germeuil le contrat de rente par son jeune fils. Cette belle situation ne présente pas assez de développemens, & plusieurs autres, telles que les explications de Plainval & de Mme. de Sérignan , qui mettent au jour leur friponnerie & leur scélératesse, en offrent beaucoup trop. D'ailleurs, la position de Germeuíl & celle d'Adelaïde, qui sont toujours les mêmes depuis le commencement jusqu'à sa fin de la piece ; les entrées des différens personnages, qui sont toujours également motivées, & l'intermittence des actes, dont l'un se passe dans la chambre d'Adelaïde, & l'autre dans l'appartement de Mme. de Sérignan, impriment sur ce drame une monotonie qui ne devroit pas se faire sentir dans un ouvrage de cette importance. Le style, par malheur, ne rachete pas ces défauts : il est peut-être encore moins soigné que tout le reste. On y dit vingt fois, je le tuerai, ou tuez-moi, ou vous me tuerez, & Plainval & Mme. de Sérignan disent des choses si dures, si crues, que le public ne sauroit les entendre sans murmurer.
Mais, dira-t-on peut-être, en faisant toutes les corrections désirables, en supprimant tout ce qui a déplu au public, & sur-tout l'empoisonnement d'Adelaïde, en un mot, en remettant vingt fois, s'il le saut, son ouvrage sur le métier, l'auteur parviendra, peut-être, à faire rester sa piece au théatre ; non, c'est vainement qu'il s'en flatteroit, & nous le lui disons avec la franchise qui nous caractérisera sans cesse, l'immortalité [sic, pour immoralité] des personnages de Plainval & de Mme. de Sérignan s'opposeront toujours au succès d'Adelaïde. On ne sait malheureusement que trop qu'il existe des caracteres aussi atroces; mais on ne veut pas les voir au théatre, & l'on a raison, parce que le but de l'art dramatique doit toujours être la punition du vice & la récompense de la vertu. Or, le vice triomphe dans Adelaïde, & la vertu y succombe ; donc cette pìece ne peut ni ne doit rester au théatre. Nous savons bien que l'officier de marine sort, en disant qu'il va faire punir les scélérats ; mais cela ne suffit pas ; nous voyons mourir Adelaïde ; nous voyons ces scélérats jouir de tous ses biens ; nous voyons même que le dédit de cent mille écus leur est assuré, & nous ne sommes pas certains qu'ils seront punis ; donc Adelaïde ne peut ni ne doit rester au théatre. On dira peut-être que cet arrêt est un peu sévere, & que M. Hoffmaan pourra en appeller. Sans doute, mais il n'en sera pas moins vrai que cet appel lui fera perdre du tems, & que si, au-lieu de le faire, il s'occupe d'un autre ouvrage du genre lyrique, dans lequel il a toujours réussi, il acquerra bientôt de nouveaux droits de notre reconnoissance.
Quinaut, qui faisoit si bien un opéra, échoua quand il voulut faire une comédie ; & Voltaire, qui faisoit si bien une tragédie, échoua quand il voulut faire un opéra. M. Hoffmann voudroit-il être plus heureux que Quinaut & Voltaire ?
Le public n'a pu voir cette piece sans éprouver cette horreur qu'inspire toujours le crime dans sa hideuse vérité. Malgré quelques murmures, il l'a écoutée jusqu'à la fin ; puis il a engagé les acteurs à ne plus représenter ce drame monstrueux. C'est ainsi qu'on devroit toujours faire : rien n'est plus indécent que de siffler, que d'interrompre une piece, & de la faire tomber souvent dès les premieres scenes. Chaque particulier, qui prend son billet à la porte d'un spectacle, le jour d'une premiere représentation, ne pense pas assez qu'il est juge, & qu'un juge ne doit prononcer que lorsqu'il a bien entendu tout ce qu'on a à lui dire. Le public qui assistoit au drame d'Adelaïde a senti sa dignité ; il a laissé finir l'ouvrage, & a demandé qu'on le supprimât du répertoire : mais en même-tems il a fait venir tous les acteurs, & leur a rendu le tribut d'éloges qu'ils méritoient tous, pour la maniere dont chacun d'eux avoit joué son rôle. Il nous suffira de les nommer, pour donner une idée des applaudissemens que le public a dû leur prodiguer. Cette piece étoit jouée par les Mlles. Gontier, Carline, St. Aubin, & par MM. Granger, Solier & Chénard. La fille de M. Philippe y jouoit le rôle d'enfant. Depuis quelque tems, cette très-jeune personne joue, à ce théatre, des petits rôles dans lesquels elle donne une très-haute idée de son intelligence & du talent qu'elle aura un jour.
César : une seule représentation citée, la première, le 25 juillet 1793.
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