Adolphe et Clara, ou les deux prisonniers, opéra en un acte, de Marsollier, musique de Daleyrac. 22 Pluviôse an 7 [10 février 1799].
Théâtre de la rue Favart, Opéra-Comique
[On trouve parfois titre et sous titre inversés: les Deux prisonniers, ou Adolphe et Clara (et Clara devient parfois Claire). Et la pièce a été adaptée par le compositeur italien Pucitta, sous le titre de I Prigioneri ossia Adolfo è Chiara.]
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Titre :
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Adolphe et Clara, ou les deux prisonnniers.
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Genre
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opéra-comique
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Nombre d'actes :
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1
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Vers ou prose ,
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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22 pluviôse an 7 [10 février 1799]
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Théâtre :
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Théâtre de l’Opéra-Comique, rue Favart
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Auteur(s) des paroles :
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Marsollier
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Compositeur(s) :
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Daleyrac
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Almanach des Muses 1800
Deux époux très-légers, mariés trop jeunes, croient avoir à se plaindre l'un de l'autre. Ils sollicitent tous deux, et séparément, d'un ministre leur parent, une lettre-de-cachet qui force leur séparation. le ministre la leur expédie, avec l'espoir de les rapprocher. Il les envoie en conséquence chez un de ses amis, dont le château se transforme en prison d'état, et le propriétaire en gouverneur. A peine les époux sont-ils renfermés et séparés, qu'ils regrettent de n'être plus ensemble. Ils emploient tous les moyens possibles pour séduire leurs gardiens, qui feignent de se laisser corrompre. Ils sont au moment de s'échapper, lorsque le faux gouverneur les fait arrêter, et promet de rendre la liberté au premier des deux qui signera l'acte de divorce qu'il est chargé de leur présenter. Mais ils refusent leurs signatures, et jurent de mourir ensemble plutôt que de sortir de prison l'un sans l'autre. le but du ministre est rempli, l'épreuve a réussi, le gouverneur rend la liberté aux deux prisonniers.
Joli cadre, scène bien conduites, dénouement naturel et piquant.
Musique heureusement adaptée au sujet.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Maradan, an septième :
Adolphe et Clara, ou les deux Prisonniers, comédie en un acte et en prose, mêlée d'ariettes. Paroles de B. J. Marsollier. Musique du citoyen Dalayrac. Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de l'Opéra-Comique national, rue Favart, le 22 pluviôse an 7.
Courrier des spectacles, n° 720 du 23 pluviôse an 7 [11 février 1799], p. 2 :
Théâtre Favart,
La comédie donnée hier à ce théâtre, sous le titre d’Adolphe et Clara, ou les deux prisonniers, a obtenu le plus grand succès.
Le défaut de plaça nous oblige d’en remettre l’analyse à demain. Nos lecteurs auront une idée de l'agrément de cet ouvrage ; en apprenant que les auteurs sont, pour les paroles, le citoyen Marsollier, et pour la musique, le citoyen Dalayrac. Ils ont été tous deux vivement demandés : le citoyen Dalayrac a seul paru au milieu des plus vifs applaudissemens.
Courrier des spectacles, n° 721 du 24 pluviôse an 7 [12 février 1799], p. 2 :
[Compte rendu réduit presque entièrement au résumé de l'intrigue. Après avoir nommé les auteurs et signalé le succès de la pièce, après la liste des personnages et des interprètes, le critique raconte en détail une histoire touchante, celle de ces deux jeunes gens mariés trop tôt, qui ne comprennent qu'ils s'aiment quand ils sont enfermés dans une forteresse pour les punir. Cette prétendue captivité était bien sûr une ruse, et elle leur permet de retrouver leur bonheur perdu. La conclusion de l'article est rapide : rien qu'en lisant l'analyse, on est censé être convaincu du charme de la pièce, la musique est « parfaitement adaptée au sujet, et d'une composition agréable », et le squatre acteurs ont té parfaits.]
Théâtre Favart.
Nous avons annoncé dans notre numéro d’hier le succès qu’avoit obtenu la veille à ce théâtre le nouvel ouvrage des citoyens Marsollier et Dalayrac. Voici les noms des personnages et des artistes qui les remplissent :
Adolphe,
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Elleviou.
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Le Commandant,
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Chenard.
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Gaspard,
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Dozainville.
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Clara,
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La cit. Saint-Aubin.
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La scène se passe en Prusse.
Un ministre a marié Clara de Ronsberg, sa nièce, âgée de 17 ans, à un jeune officier qui touche à peine à sa vingtième année. L’étourderie et la légèreté de ces deux jeunes gens ont été une source continuelle de querelle entr’eux, et au bout de six mois de mairiage, ils en étoient à ne pouvoir plus vivre ensemble. L’oncle désespéré de cette mésintelligence, imagine un moyen singulier de les corriger d’une antipathie qui n’est que l'effet de leur extrême jeunesse : il les envoye alternativement et à i’insçu l'un de l’autre, chez un de ses amis qui possède le chateuu de Limbourg, en le prévenant de l’erreur de ces deux époux, et le priant de leur faire croire qu’ils sont dans une prison.
Au reçu de la lettre du ministre, le maître du château dispose tout chez lui pour remplir les intentions de son ami, il prend le ton et l’extérieur d’un commandant. Gaspard, son garde chasse, est un geôlier à la mine effrayante, à la voix sévère, et les domestiques sont convertis en. Soldats.
Clara arrive et n’a pas oublié un énorme attirail de ces objets qui servent à la parure et aux agrémens d’une femme, tels que cartons à chapeaux, harpe,musique,etc. Aux questions que le commandant lui fait sur les raisons qui ont forcé son oncle à l’enfermer par lettre de cachet : elle répond, sans perdre de vue tous les objets de caprice ou de coquetterie déposés autour d’elle ; et comme elle précipite elle-même l’instant de sa retraite, on la fait conduire dans la chambre du château la plus triste et la plus isolée ; mais elle apprend qu’un jeune homme va être amené dans le même château : elle se promet déjà de lui plaire et pense à se mettre sous les armes. Adolphe ne tarde pas à arriver au château ; il se présente au commandant; avec toute cette légèreté qui est censée avoir servi de motif à la sévérité du ministre, et dit autant de mal de sa femme, qu’elle même vient d’en dire de lui. Bientôt apprenant qu’une femme jeune et charmante est prisonnière avec lui et qu’il pourra la voir, il en fait d’avance sa conquête ; mais il n’est pas peu surpris de reconnoître dans cette personne sa propre femme : il lui apprend qu’il est arrêté : « Arreté ! dit-elle gaiement, contez moi donc ça. On se dit d’abord les choses les plus piquantes ; placés aux deux extrémités de la scène, l’une chante et l’autre lit ; c’est à qui se dira les choses les plus méchantes , et avec le ton d’une ironique insouciance. Cependant , pour se livrer davantage au plaisir de se persiffler, on rapproche les sièges fort près l’un de l’autre : les vérités même les plus dures finissent par avoir leur intérêt ; on songe ensuite qu'il faudra passer ensemble peut-être toute sa vie dans ce triste château ; et sous le masque d’une sorte de résignation, l’amour opère bientôt les plus doux rapprochemens.
Le commandant surprend les époux, ou plutôt alors les amans dans un parfait accord, il en témoigne beaucoup de surprise et avec un ton sévère les reuvoye chacun à leur chambre. Le terrible Gaspard cependant a ordre de se laisser fléchir ou corrompre, l’occasion ne tarde pas à s’en présenter. Il consent à se charger d’une lettre pour Adolphe, il fait plus, il procure aux jeunes gens une entrevue et veut faciliter leur fuite au moyen d’une échelle ; déjà par une croisée ils vont descendre sur les parapets du château, lorsqu’on sonne l’allarme. Le commandant survient environné de ses hommes armés ; les fugitifs sont arrêtés, et le commandant certain alors que ce sont deux époux dont la mésintelligence a excité les rigueurs du ministre, annonce pouvoir consentir à la liberté de l’un des deux pourvu qu’il signe un acte de séparation. Tous deux préfèrent la captivité à une liberté qui seroit achetée aussi chère [sic]. Ils avouent même que le séjour du château, malgré le régime sévère qu’ils doivent y subir, leur sera un séjour délicieux s’ils peuvent y passer leur vie dans les bras l’un de l’autre ; ce dernier trait pénètre le prétendu commandant qui en leur révélant sa ruse, leur dit qu'ils peuvent jouir à Berlin du bonheur qu’elle leur a rendu. Cette analyse fait un éloge suffisant de ce charmant ouvrage , dont la musique elle même est parfaitement adaptée au sujet, et d 'une composition agréable. La c. Saint-Aubin et les citoyens Elleviou, Chenard et Dozainville, ont joué avec leur perfection ordinaire.
L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-huitième année, volume VI, ventôse an 7 [février 1799], p. 178-180 :
[L’essentiel du compte rendu est cosnacré au résumé d’une intrigue sans réelle surprise, même si le critique trouve le dénouement inattendu, non pour la paix entre les époux, parfaitement prévisible, mais pour le moyen employé. Sinon, le succès de la pièce tient à ses qualités, sujet bien exploité, style soigné, dialogue toujours gracieux, scènes filées avec art, intérêt croissant, liste de qualités sans surprise. La musique n’est pas jugée assez neuve : le compositeur a puisé dans ses propres œuvres. « Les auteurs ont été demandés avec transport », ils ont été nommés, et le compositeur « a été amené sur le théâtre ».]
THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE NATIONAL, RUE FAVART.
Adolphe & Claire, on les deux Prisonniers.
Adolphe, officier prussien, & Claire, nièce d'un ministre de Frédéric, se sont mariés trop jeunes, & ont fait presque aussitôt mauvais ménage. Claire, quoique très-vertueuse, est coquette & étourdie ; & Adolphe, quoique sensible & plein d'honneur, a été peu fidèle à sa femme. ll sollicite une lettre de cachet pour s'en débarrasser, dans le moment où elle emploie contre lui le même moyen ; l'oncle de Claire, qui a le projet de réunir, par un stratagême bizarre, ces deux époux, plus inconséquens que coupables, accorde à chacun d'eux, en particulier, l’ordre fatal qu'ils lui demandent, & choisit pour lieu de l'épreuve le vieux château de Limbourg, qui appartient à un militaire de ses amis ; celui ci prévenu par une lettre du ministre, fait tout préparer pour donner à ce bâtiment gothique l'appareil d'une prison d'état, & bientôt les deux époux y sont amenés séparément. Claire se désole en réfléchissant sur l'ennui qu'elle va éprouver dans ce triste séjour ; mais on lui apprend qu'un beau jeune homme y est détenu comme elle, & elle court à sa toilette en méditant déjà une conquête. Adolphe , de son côté, se console facilement, quand on lui annonce qu'une jolie femme partage sa détention ; tous deux soupirent après le moment de l'entrevue ; il arrive enfin : quelle est leur surprise, lorsque levant les yeux l'un sur l'autre ils se reconnoissent mutuellement ! Ils se font des reproches, ils se disent des vérités dures, mais peu à peu, ils s'adoucissent ; leur malheur commun rapproche insensiblement leurs cœurs, & déjà ils sont raccommodés quand le maître du château (alors gouverneur de la place,) ordonne leur séparation, motivée sur le respect qu'on doit aux mœurs ; vainement, ils lui représentent qu'ils sont mariés l'un à l'autre, il feint de ne point le croire, & on les sépare réellement. Le désespoir s'empare de leur ame ; jamais ils ne se sont aimés si vivement ; ils trouvent le moyen de s'écrire, puis de s'échapper de leurs chambres, puis, enfin, de se voir clandestinement ; un soi-disant geolier feint de se laisser corrompre, il leur apporte une échelle pour favoriser leur évasion nocturne, quand tour à coup ils sont surpris par le farouche gouverneur. Celui-ci leur signifie un ordre du ministre qui leur enjoint de signer un acte de séparation, sous peine de rester en prison. Ils s'y refusent obstinément,. & préfèrent mourir dans un cachot. Le faux gouverneur ne peut plus résisler à l’intérêt qu'inspire . une si forte épreuve, & il leur découvre enfin la vérité.
Tel est le sujet d'une pièce en un acte jouée sur ce théâtre ; elle a obtenu un succès complet & mérité. L'auteur a su tirer du sujet le plus simple, le parti le plus heureux ; son style est soigné ; son dialogue, alternativement léger & sentimental, est toujours gracieux ; toutes ses scènes sont filées avec art, l'intérêt y va toujours en croissant ; enfin , les effets y sont si habilement ménagés, que malgré l'unité de l'action, il est difficile de deviner le dénouement. On s'attend bien à la réunion des deux époux, mais on a peine à concevoir par quels moyens elle pourra s'opérer, & c'est en cela particulièrement que l'auteur a prouvé une grande connoissance du théâtre.
La musique offre des morceaux bien faits & très agréables ; il nous semble pourtant que le mérite n'en est pas égal, & qu'elle rappelle quelques motifs déjà connus ; le compositeur s'est emprunté à lui-même.
Les auteurs ont été demandés avec transport. On a nommé le C. Marsollier pour les paroles, & le C. Daleyrac pour la musique. Celui ci a été amené sur le théâtre au milieu des applaudiffemens unanimes.
Dans la base César : la pièce a connu 63 représentations au Théâtre Italien, du 10 février 1799 au 31 octobre 1799.
Carrière à l'Opéra :
1 représentation en 1815 (27/09) (dans le cadre d’une représentation pour la retraite d’une actrice de l’Opéra Comique).
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