Adrienne de Courtenai, ou le Monastere des bois, mélodrame en trois actes à grand spectacle, de M. Pompigny, musique de M. Quaisain, ballet de M. Richard, 17 février 1807.
Théâtre de l'Ambigu-Comique.
Almanach des Muses 1808, où Adrienne de Courtenai devient Arianne.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1807 :
Adrienne de Courtenai, ou le Monastère des bois, mélodrame en trois actes, à grand spectacle ; Fait historique sous la date de 1226 ; Musique de M. Quaisain ; Ballet de M. Richard, pensionnaire de l’Académie Impériale de Musique. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l’Ambigu-Comique, en février 1807.
Courrier des spectacles, n° 3663 du 21 février 1807, p. 2 :
[Avant de résumer l'intrigue, le critique a besoin de rappeler ce qu'est l'illustre famille des Courtenay dont certains membres ont régné à Jérusalem. L'héroïne de la pièce nouvelle est un digne membre de cette famille. La pièce est bien une pièce historique, puisqu'elle met en scène les malheurs de Ferrand, comte de Flandres, douze ans captif de Philippe Auguste après la bataille de Bouvines. Sa sœur Aliénor exerce le pouvoir à sa place, et elle tente de séduire un membre de sa cour, le comte Henry. Mais ce dernier aime Adrienne de Courtenay. Cette situation entraîne l'habituelle série d'exactions (emprisonnement, incendie auquel les personnages n'échappent que par miracle, découverte par le comte de Flandres découvre qu'Adrienne est sa fille, « née d'un mariage clandestin ». Aliénor voit avec effroi revenir le chevalier qu'elle avait chargé de faire disparaître Adrienne et le comte Henry, il dénonce les crimes d'Aliénor, mais Ferrand pardonne tout à tous, et « unit sa fille à Henry » (dénouement fort classique dans les mélodrames). « Mélodrame très bien monté », acteurs jouant « avec beaucoup d'ensemble ». Les actrices féminines ont droit à un compliment particulier, l'une pour l'intelligence avec laquelle elle appréhende son rôle, l'autre pour les larmes qu'elle a tiré de tous les yeux (elle a été redemandée par tous, ce qui est « un honneur assez rare aux Boulevards ». L'auteur n'est pas nommé, pas plus que le compositeur ou le chorégraphe, tous deux pourtant nécessaires.]
Théâtre de l’Ambigu-Comique.
Adrienne de Courtenay.
Le nom de Courtenay est fort célèbre dans notre histoire. Les siècles des croisades et de la chevalerie l’ont consacré sous le double rapport de la noblesse et de la bravoure. On sait qu’un des successeurs de Godefroy de Bouillon au trône de Jérusalem étoit du sang des Courtenay. On sait que plusieurs faits d’arme ont illustré ce nom, fameux à la Cour des Rois de France et dans les combats. Adrienne de Courtenay est de cette noble famille. C’est une héroïne qui se montre digne de ses ayeux.
La bataille de Bovines [sic] trahit les espérances de Ferrand, comte de Flandres ; prisonnier de Philippe Auguste, il gémit pendant douze ans dans la captivité. En son absence, Aliénor, sa sœur prend les rênes de l'état. Elle est jeune encore, et dans l’âge de plaire. Un des seigneurs de la cour, le comte Henry, captive son cœur, mais il a donné sa foi à Adrienne de Courtenay. Irritée de cette préférence, Aliénor, suscite un duel à Henry, et aposte des gens qui sont chargés de se défaire des deux combattans. Cependant Henry échappe à leurs embûches, et en arrivant à la cour, il est accusé de haute trahison ; envain le sire de Craon, son ami, cherche à le justifier, on l’entraîne dans une prison, tandis qu’Adrienne est elle-même victime des persécutions d’Aliénor.
Ferrand, comte de Flandres, revient dans ses états ; il arrive aux lieux où gémissent Henry et Adrienne. Aliénor que l’arrivée de son frère contrarie, fait mettre par ses agens le feu au château où sont enfermées ses victimes ; le sire de Craon les délivre, et Adrienne vient se jeter aux pieds du Comte ; elle explique et les persécutions qu’elle a éprouvées, et celles dont est menacé Henry. Ferrand l’interroge ; et au moyen de certains rapprochemens, d’un portrait et d’une lettre, il reconnoît dans Adrienne sa propre fille, née d’un mariage clandestin avant sa captivité.
Aliénor qui poursuit ses coupables projets, vient demander vengeance contre Henry ; elle amène un chevalier pour combattre le Comte. Un autre guerrier masqué paroît, accepte le combat, et tue le chevalier d’Aliéuor ; et sommé de se nommer, il lève la visière de son casque, et la Princesse reconnoît eu lui le guerrier dont elle s’est servie pour faire périr Henry, et dont elle avoit ordonné secrettement le trépas. Rongé de remords, il est venu venger l'innocence, et déclarer les crimes d’Aliénor. Celle-ci, confuse et humiliée, implore son pardon. Ferrand oublie tout, et unit sa fille à Henry.
Ce mélodrame est fort bien monté, les rôles y sont joués avec beaucoup d’ensemble par Joigny, Tautin et Vigneaux. Mlle. Leroy rend avec beaucoup d’intelligence le personnage d’Aliénor ; mais Mlle. Lévêque arrache des larmes de tous les yeux dans le rôle d’ Adrienne. Elle a été unaniment redemandée après la représentation ; c’est un honneur assez rare aux Boulevards.
On trouve dans la presse du temps trace de représentations assez nombreuses entre 1807 et 1812 (sans aucune prétention à l’exhaustivité) : à partir des publications suivantes, Journal des débats et des décrets, Journal de l’Empire, Journal de Paris, on repère depuis le site Gallica de la BNF les représentations suivantes :
17 février 1807 (signalée comme la première représentation), 18, 19, 21 24, 27, 28 février, 2, 3 5, 8, 10, 12, 18, 26 mars, 1er, 6, 12, 14 avril, 4, 26 juillet, 27 septembre, soit 22 représentations en 1807 ;
16, 27 janvier 1808, 3, 19 mars, 11 juillet, soit 5 représentations en 1808 ;
19 févier 1809, 4 mars, 10 octobre, soit trois représentations en 1809 ;
20, 26 août 1810, 26 octobre, 5 novembre, soit quatre représentations en 1810 ;
4 avril 1811, soit une représentations en 1811 ;
29 février et 2 mars 1812, soit 2 représentations en 1812.
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