Alix de Beaucaire

Alix de Beaucaire, drame lyrique en trois actes, de Bouthillier, musique de Rigel, 10 novembre 1791.

Théâtre de Mlle. Montansier

Titre :

Alix de Beaucaire

Genre

drame lyrique

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

10 novembre 1791

Théâtre :

Théâtre de Mlle Montansier

Auteur(s) des paroles :

Boutillier

Compositeur(s) :

Rigel

Almanach des Muses 1793

Sujet fort connu. Du spectacle, une scène touchante.

Mercure universel, tome IX, n° 254, Seconde Législature, du jeudi 10 Novembre 1791, p. 175 :

Théâtre de Mademoiselle Montensier.

Tout le monde connoit le fameux jugement de Salomon, qui, pour connoître la véritable mère, ordonna de couper un enfant en deux.

Alix de Beaucaire, opéra en trois actes, joué hier pour la première fois avec beaucoup de succès rappelle ce trait. Ce sujet est tiré d'une anecdote du régne de Louis IV, roi de France.

Le vicomte de Beaucaire presse l'hymen d'Alix sa fille avec Edmond, jeune seigneur ; le refus d'Alix lui donne des soupçons ; il découvre qu'elle aime Hugues son écuyer, et qu'elle en a un fils ; en ordonnant de le précipiter du haut d'un rocher dans un lac profond, le désespoir d'Alix, qui veut périr avec son fils, est un témoignage non équivoque : le vicomte s'irrite, s'appaise et pardonne.

Le troisième acte offre un beau tableau et un coup de théâtre intéressant, lorsqu'Alix ne pouvant sauver son fils veut se jetter avec lui dans le lac. Le fond de l'ouvrage a une teinte de ressemblance avec Agnès et Olivier, joué le 12 octobre dernier au théatre italien.

La musique produit de l'effet, quelquefois la touche en est ferme et le coloris frais ; mais elle nous a semblé par fois dure et difficile ; peut-être l'auteur a voulu augmenter l'illusion, en nous reportant au temps par la double magie des costumes, et d'un genre de musique qui n'est pas toujours celui de notre siècle. Il faut cependant distinguer plusieurs morceaux qui ont été vivement applaudis, tels que celui chanté par M. César.

C'est la première fois que j'aime, etc.

Le chœur qui ouvre le troisième acte est d'un style agréable. En général l'ouvrage a plu et obtenu un brillant succès, les auteurs demandés sont MM. Rigel pour la musique, Boutillier pour les paroles.

Les coutumes, quoiqu'un peu embellis, sont de la -plus grande exactitude, et font beaucoup d'honneur à M. Boucher, auteur du théâtre de la rue Richelieu, qui cultive avec succès cette partie essentielle de l'art dramatique,

La pièce est aussi bien jouée que chantée par MM. César, Micalef le Brun, Amiel, Lillier, Thomasin, Ferrieres.

Mercure de France, tome CXXXIX, n° 47 du samedi 19 novembre 1791, p. 102 :

[La pièce nouvelle jouée sur le Théâtre de Mlle Montansier devra attendre un peu pour être analysée : le critique n’a plus de place pour elle, il ne peut que souligner ses qualités, musicales en particulier, sur un sujet sans originalité (au moins trois modèles...). Le troisième acte est toutefois présenté comme « entiérement neuf & de l'effet le plus frappant », et justifie à lui seule le succès que la pièce a obtenu.]

L'espace ne nous permet pas de parler avec détail d'un autre Ouvrage, Alix de Beaucaire, donné avec grand succès sur le Théâtre de Mlle. Montansier ; nous dirons seulement que ce sujet, un peu commun, puisqu'il rappelle à la fois lnès de Castro, Agnès & Olivier, la Pantomime de la Forêt noire, & plusieurs autres, n'en a pas paru moins touchant, soutenu par une musique parfaitement assortie aux paroles; mais nous devons dire que presque tout le 3°. Acte,qui présente des tableaux du plus grand intérêt, est entiérement neuf & de l'effet le plus frappant. Cette partie seule de la Piece méritait de lui obtenir tout le succès qu'elle a eu, & sur lequel nous aurons peut-être l'occasion de revenir.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 1 (janvier 1792), p. 346-348 :

[Le compte rendu s’ouvre sur la question de la source. Sinon, la pièce est jugée de façon positive : en dehors de quelques longueurs (faciles à éliminer, de surcroît), elle « a mérite le brillant succès qu’[elle] a obtenu », et la musique porte la marque du brillant compositeur qu’est M. Rigel. Rien sur l’interprétation.]

THÉATRE DE MLLE. MONTANSIER.

On a donné, le jeudi 10 novembre, la premiere représentation d'Alix de Beaucaire, comédie-lyrique, en trois actes, paroles de M. Bouthillier, musique de M. Righel.

Le sujet de cette piece est tiré des Délassemens de l'homme sensible, de M. Arnaud, tome IIIe., 5e. partie.

Alix, fille du vicomte de Beaucaire, a épousé secrètement sire Hugues, bon gentilhomme, pauvre, mais doué de qualités estimables ; un jeune enfant de 3 ans est le fruit de leur mariage. Une bonne femme l'éleve sous le nom de son neveu. Un domestique du vicomte de Beaucaire, mauvais sujet, suspecte l'intelligence de sire Hugues & d'Alix, & fait naître des soupçons dans l'ame de son maître, qui cependant n'y ajoute pas beaucoup de foi. Le comte Edmont arrive pour réclamer des secours du vicomte, contre Louis ; il devient amoureux d'Alix ; le vicomte en est charmé. Il le propose à sa fille, qui ne paroît point disposée à lui donner la main ; le pere exige l'obéissance, chagrins cruels pour Alix, pour le jeune sire & pour Eléonore, dame de la cour d'Alix, & sa favorite. On craint que le vicomte de Beaucaire ne découvre le mariage qu'on a tant d'intérêt à cacher, & que l'enfant qui en est le fruit ne soit la premiere victime immolée à la colere paternelle. On résout de l'y soustraire. La bonne Hélene va le conduire à un village plus éloigné, & par-là se prive du plaisir d'assister au mariage de sa fille, pour obliger plus promptement la tendre Alix. Le grand désespoir de la mere, les caresses charmantes de l'enfant, l'intérêt que les autres personnages prennent à la situation d'Alix & de son époux, ont produit une scene du plus grand effet. Le vicomte arrive, apperçoit cet enfant ; ses soupçons sur la liaison d'Alix & de son écuyer, augmentent à la vue du trouble de sa fille infortunée. sire Hugues est conduit devant lui, les fers aux mains. Le vicomte furieux, mais nullement cruel, comme Salomon, feint de vouloir sacrifier cet enfant, dont les traits lui représentent ceux d'Alix & de sire Hugues ; persuadé que la tendresse maternelle arrêtera le bras de l'assassin, il ordonne à Ogier de précipiter l'enfant du haut d'un rocher ; Alix ne dissimule plus, court après le bourreau, arrache son enfant & veut se précipiter elle-même. Cette situation a produit le plus grand effet. Le comte Edmont sauve Alix de son désespoir ; en brave chevalier il intercede pour les deux époux. Le vicomte, après beaucoup de peine, finit par tout-pardonner.

Nous avons cru remarquer quelques longueurs dans les deux premiers actes qu'il est facile de faire disparoître. En général cet ouvrage a mérité le brillant succès qu'il a obtenu. La musique est de M. Rigel, en nommer le compositeur, c'est dire tout le bien possible de son nouvel ouvrage.

D’après la base César, la pièce est de Boutillier (ou Bouthillier) pour le texte, de Rigel pour la musique. La création a eu lieu au théâtre Montansier le 10 novembre 1791. La pièce a été jouée 55 fois au même théâtre jusqu'au 7 août 1793 (14 fois en 1791, 31 fois en 1792, 10 fois en 1793).

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