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Almanza, ou la Prise de Grenade

Almanza, ou la Prise de Grenade, mélodrame héroïque en trois actes, à grand spectacle, de J.-A.-M. Monperlier, musique de Quaisain et Lanusse, créé sur le Théâtre de l'Ambigu-Comique le 23 juillet 1814.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1814 :

Almanza, ou la Prise de Grenade, mélodrame héroïque, en prose et à grand spectacle, Par J.-A.-M. Monperlier ; Muisque de MM. Quaisain et Lanusse ; Ballet de M. Millot ; Représenté, pour la première fois, sur le Théâtre de l'Ambigu-Comique, le 23 Juillet 1814.

Liste des personnages :

ISABELLE, reine de Castille.

Mlle. Lévesque.

ALDAMIR, prince maure, gouverneur de Grenade.

M. Fresnoy.

ALMANZA, pupille d'Aldamir.

Mlle. Adèle Dupuis.

LORENZO, capitaine castillan.

M. Christman.

THEOBALD, jeune Ménestrel français.

M. Grévin.

ALAIS, fille d'Olcanor.

Mlle. Eléonore.

OLCANOR, commandant de la tour.

M. Joigny.

ALVARO, soldat castillan.

M. Adam.

ZULBAR, écuyer d'Aldamir.

M. Stokleit.

FERNAND, officier castillan.

M. Sallé.

Un Geolier, personnage muet.

 

Soldats castillans.

 

Soldats maures.

 

Danseurs, Danseuses, Peuple.

 

La Scène est en Espagne ; l'action se passe dans Grenade, aux deux premiers actes ; et au troisième, dans le camp d'Isabelle.

Journal des arts, des sciences, et de littérature, n° 310 (Cinquième année). 30 Juillet 1814, p. 135-136 :

[Dans un compte rendu qui fait largement appel à la sagesse des nations, le critique commence par souligner que la pièce n'a pas triomphé sans coup férir : il a fallu attendre la deuxième représentation et les suivantes pour que le succès s'affirme, avec ou sans corrections. Le résumé de l'intrigue n'est volontairement pas complet, et le critique voit dans la multitude des événements le signe d'une pièce tragique. Tous y ont contribué, l'auteur par ce qui fait une tragédie, une action très riche, des combats, un style ampoulé, mais aussi l'administration du théâtre qui a investi dans tous les accessoires, costumes comme décors. La chaleur a sans doute freiné l'enthousiasme des spectateurs est promise au succès. Quelques mots sur l'interprétation, avec une mention particulière qu'un des acteurs, décrit comme polyvalent.]

AMBIGU-COMIQUE.

Almanza, ou la Prise de Grenade, mélodrame en trois actes, à grand spectacle, paroles de M. Montperlier, musique de MM. Lanuse et Quaisin, ballets de M. Millot.

Ce mélodrame a dit-on, été joué avec un grand succès à Lyon, ce qui donne un démenti au proverbe : Nul n'est prophète en son pays. Ce succès était d'un favorable augure pour Paris ; cependant on assure que la première représentation n'a pas tout à fait répondu à l'attente des amateurs. Je ne sais si l'auteur a fait quelques corrections ; mais la seconde représentation, à laquelle j'ai assisté, a produit le meilleur effet, et celles qui ont suivi ont également été très-applaudies.

Almanza, jeune orpheline, a inspiré l'amour le plus violent à son tuteur, le seigneur Aldamir; mais elle n'aime que son amant, le jeune Lorenzo, et quoiqu'elle soit séparée de lui, elle lui a juré une fidélité à toute épreuve. Avec Almanza, les absens n'ont point tort : y a-t-il beaucoup de femmes qui lui ressemblent ?

Lorenzo, dont la tendresse n'est pas moins vive que celle de son amante, s'est mis à la tête de quelques braves de l'armée d'Isabelle, où il sert, et est venu attaquer un des faubourgs de Grenade. Succombant au nombre, il a été fait prisonnier par Aldamir lui-même, et enfermé dans la tour du château. Heureusement, le ménestrel Théobald, son ami, s'est introduit auprès d'Aldamir, a gagné sa confiance, et parvient, à force de mensonges, à sauver Lorenzo, qu'il accompagne au camp d'Isabelle. Lorenzo dirige une nouvelle attaque et s'empare de Grenade ; mais tandis qu'il combattait, un complot infernal est tramé par un traitre, qui, de concert avec Aldamir, fait sauter une redoute importante. L'explosion a lieu avec fracas, mais aucun des personnages innocens n'est atteint ; Aldamir seul est blessé en défendant Grenade. Le coup est-il mortel ? C'est ce que le public ignore, mais cela ne fait rien à l'affaire.

Attendu que l'on ne peut pas tout dire dans une analyse, je passe sous silence divers incidens qui font d'Almanza une véritable tragédie. L'auteur n'a point épargné les événemens, les combats, les grandes phrases ; et l'administration, de son côté, n'a rien ménagé en costumes, en décorations et autres accessoires. Si cet ouvrage eût été joué pendant l'hiver, il ne serait question que d'Almanza ; mais les chaleurs sont très-fortes depuis quelques jours, et la température a refroidi le zèle des curieux ; cependant Almanza devrait plaire dans toutes les saisons. La pièce est jouée avec ensemble ; Grevin, surtout dans le rôle du ménestrel, prouve qu'il serait aussi bien placé dans la comédie que dans le mélodrame.

Sarrazin.          

Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l'an 1815, p. 186-189 :

[Compte rendu particulièrement déséquilibré. La majeure partie est consacrée au résumé de l'intrigue, une intrigue sans surprise (encore un conflit entre le tuteur d'une jeune femme et un chevalier qui tombe amoureux de la jeune femme au premier regard. Toute la pièce comporte la liste habituelle des incidents qui menacent régulièrement, au théâtre, les couples dans cette situation. Le beau chevalier est fait prisonnier, mais il s'évade avec l'aide de sa bien-aimée, le tuteur veut faire périr son rival, mais il le confie à cette fin à sa pupille déguisée en soldat. Et quand il décide de le tuer dans la tour où il le garde captif, il charge de cette mission un homme corruptible : une bourse d'or fait l'affaire. Puis il tente de faire exploser le camp de la reine Isabelle, près de laquelle les combats ont lieu. Le camp explose, mais les héros ne sont pas atteints, et il suffit qu'ils se justifient devant la reine, y compris grâce au tuteur qui, blessé, rétablit leur honneur : « la fête de la victoire est aussi celle de l'hymen »... Une phrase suffit pour porter un jugement sur la pièce : elle est trop riche en événements, ce qui explique les « légères improbations » qui ont perturbé la première représentation  les suivantes se sont mieux déroulées, sans que le critique précise s'il y a eu des modifications expliquant ce changement d'attitude du public.]

ALMANZA, ou la prise de Grenade, mélodrame en 3 actes, par M. Monperlier. (23 juillet)

Le jeune castillan Loranzo [sic] est attiré à Grenade par le désir de se distinguer dans ces joûtes, dans ces tournois, par lesquels les chevaliers maures et chrétiens s'exerçaient pendant la paix à des combats plus sérieux. Il voit la belle Almanza, pupille d'Aldamir, gouverneur de Grenade ; elle fait, sur son cœur, la plus vive impression : il ose en faire l'aveu et apprend avec ivresse qu'il est payé de retour. Ces amans jouissaient d'un bonheur dont le mystère semblait doubler le prix, quand Isabelle. reine de Castille, vient mettre le siége devant Grenade. Lorenzo est obligé de quitter son amante pour se ranger sous les bannières de la reine.

Aldamir brûle pour Almanza d'un amour qui va jusqu'au délire ; mais elle ne peut souffrir son tuteur ; sa résistance ne fait qu'irriter la passion d'Aldamir, qui ne donne que vingt-quatre heures, à Almanza pour se disposer à recevoir sa main ; la fête est préparée et doit être embellie par les talens du ménestrel Theobald, qui a reçu l'accueil le plus flatteur d'Aldamir.

A peine la fête est-elle terminée qu'on apprend qu'un parti espagnol a osé pénétrer dans la ville ; le chef a été fait prisonnier ; on l'amène ; c'est Lorenzo qui, emporté par le désir de pénétrer jusqu'aux lieux qu'habite Almanza, s'est témérairement précipité au milieu des ennemis. Le prisonnier et le chef des maures ont ensemble une conversation dans laquelle ils mettent un peu plus que de la fierté, et qui se termine par l'ordre d'enfermer dans une tour Lorenzo dont Aldamir découvre l'amour pour Almanza.

Le brave chevalier va périr; mais la Providence lui a ménagé un puissant protecteur ; c'est le ménestrel Theobald qui est parvenu à gagner la confiance d'Aldamir, en lui découvrant le secret d'Almanza de Lorenzo. Son projet est d'assurer leur fuite ; il persuade au gouverneur qu'il peut se défaire de son rival en se parant de tous les dehors de la générosité. Il faut renvoyer Lorenza [sic] en le faisant escorter par un soldat qui l'assassinera hors des murs de Grenade : l'exécuteur de ce crime est tout prêt. Aldamir donne dans ce piège ; il approuve d'abord ce projet. Les amans sont sauvés ; car c'est Almanza qui, cachée sous une armure et un casque, représente le soldat qui doit frapper le chevalier espagnol. Mais bientôt Aldamir change d'avis, et pense qu'il est plus sûr et plus prompt de faire périr Lorenzo dans la tour ; il charge de cette sanglante mission un scélérat qui se laisse néanmoins attendrir par une bourse pleine d'or, et Lorenzo et son fidèle Théobald parviennent à regagner le camp d'Isabelle.

La rage qui s'empare d'Aldamir quand il apprend que son rival lui est échappé, ne peut être adoucie que par l'espoir de le voir périr bientôt parmi des milliers de victimes. Un castillan, traître à l'honneur et à sa patrie, vient donner au gouverneur de Grenade le moyen de surprendre le camp de la reine ; une mine est préparée sous la principale redoute, et le perfide Alvaro se charge d'y mettre le feu, quand il ne [sic, pour en] recevra le signal par un flambeau placé à l'extrémité de la tour.

Almanza, instruite de cet infernal projet, et tremblante pour ce qu'elle aime, accourt au camp espagnol pour dévoiler et faire échouer cet exécrable complot ; mais la crainte et la fatigue épuisent ses forces, elle tombe évanouie, et l'explosion de la mine se fait entendre avec un fracas épouvantable. Almanza et Lorenzo échappent tous deux comme par miracle ; les maures viennent attaquer les castillans, et la foudre qu'ils avaient préparée retombe sur leur tète. Loranzo [sic], animé par l'amour et l'honneur, fait des prodiges de valeur dans le combat, et la plus odieuse accusation est la récompense de ses exploits. L'infâme Alvaro ose tenter de faire retomber sur le généreux chevalier le crime qu'il a commis ; il l'accuse d'avoir fait sauter la mine et facilité l'attaque inopinée de l'ennemi. Lorenzo ne peut opposer à cette horrible calomnie qu'un démenti et des sermens.

Isabelle balance, incertaine ; elle va peut-être flêtrir l'innocence par un soupçon outrageant, quand Aldamir, blessé à mort dans le combat, vient, avant d'expirer, rendre l'honneur à Lorenzo, et découvrir le traître, que Théobald a déjà saisi. La fete de la victoire est aussi celle de l'hymen.

La multitude des événemens a peut être nui au succès de cette pièce ; la première représentation a excité quelques légères improbations ; mais la seconde, et celles qui l'ont suivies, ont du consoler l'auteur de cet échec.

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