Annette & Jacques, ou les Sémestriers Alsaciens. Ballet-pantomime, de Beaupré, novembre 1792.
Théâtre du Palais, ex-Variétés.
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Titre :
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Annette & Jacques, ou les Sémestriers Alsaciens
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Genre
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ballet-pantomime
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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Musique :
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oui
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Date de création :
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10 novembre 1792
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Théâtre :
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Palais des Variétés
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Auteur(s) du ballet :
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Larigaudière, dit Beaupré
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L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 2 (février 1793), p. 312-313 :
[La pantomime raconte une histoire assez convenue, avec ce qu’il faut de patriotime pour attirer les spectateurs. Le compte rendu qui en est fait est plutôt positif : de « jolis tabelaux », une jeune actrice nouvelle, qui a « les bras bien moulés & un buste heureux », mais à qui on conseille, à elle comme à ses consœurs, de « soigner l'expression de leur physionomie » (il faut montrer les sentiments, les « affections de l’âme »), une décoration très plaisante. Le seul reproche ne concerne pas la pièce, mais l’administration du théâtre, qui fait des économies d’éclairage, au détriment du spectacle. L’auteur de ce ballet est un jeune homme plein de talent.]
Annette & Jacques, ou les Sémestriers Alsaciens. Ballet-pantomime de M. Beaupré.
On donne, depuis quelque tems avec succès sur ce théâtre, Annette & Jacques, ou les Sèmestriers Alsaciens, ballet-pantomime de Beaupré, de l'academie de musique. Une intrigue suivie, des situations comiques, de l'intérêt, des scenes plus heureusement liées que neuves, un choix d'airs agréables, voilà ce qu'on trouve dans ce ballet, dont l'exécution est justement applaudie. Annette, fille d'un vieil invalide, aime Jacques ; mais son pere veut la donner à un bourguemestre, homme ridicule & méchant ; en vain tout le village s'emploie pour engager le vieux pere à changer de dessein : celui-ci reste inflexible & va sacrifier sa fille, lorsque Jacques arrive en sémestre avec plusieurs dragons de son régiment. L'Invalide cede à ses prieres, à celles de sa fille ; les deux jeunes gens vont être unis ; mais le bourguemestre, qui a résolu de se venger, vient, au milieu de la nuit, déguisé en dragon, avec le projet d'enlever Annette : Jacques, qui l'a reconnu, est entré dans la maison, & le bourguemestre, au lieu d'Annette, enleve Jacques lui-même qui s'est affublé d'une longue capotte ; mais bientôt le ravisseur s'apperçoit de sa méprise : combat entre Jacques, des paysans & le bourguemestre, qui tire un coup de pistolet à l'amant d'Annette & le manque ; alors tout le village arrive, le bourguemestre se sauve & l'on danse.
Beaupré, dont on ne peut trop encourager les jeunes talens, s'est sur-tout distingué par la variété des grouppes : son ballet est une collection choisie des plus jolis tableaux de Teniers. Une jeune actrice, inconnue jusqu'à présent, mademoiselle Flore, a tiré tout le parti possible du rôle d'Annette qui n'étoit pas susceptible de fortes nuances : elle a les bras bien moulés & un buste heureux. On ne sauroit trop conseiller aux actrices de la pantomime de soigner l'expression de leur physionomie : la plupart d'entr'elles craignent trop de n'être pas assez jolies : elles oublient que mimer c'est sentir, & que la figure est le miroir où doivent se peindre, en laid comme en beau, toutes les affections de l'ame. La décoration a fait de plus grand plaisir : c'est un site très-pittoresque ; on croit être dans le Velay. L'administration de ce spectacle s'est laissé entraîner par l'exemple de quelques autres théâtres, en éclairant les coulisses en bougies au-lieu de lampes à la Quinquet : cette maniere d'éclairer, rembrunit la scene & nuit à l'effet de la pantomime. Figurez-vous un joli tableau de Teniers, éclairé à la maniere angloise !.... Le Noir est un artiste trop distingué pour ne pas corriger ce défaut, qui seroit plus sensible encore dans la grande pantomime qu'il se propose de donner, & pour laquelle il a, dit-on, engagé une troupe nombreuse & tout-à-fait distincte de celle de la comédie, de l'opéra & des ballets.
[Un semestrier, c’est un soldat en congé de semestre.]
D’après la base César, le ballet a connu 3 représentations, les 10, 11 et 12 novembre 1792.
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