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Arlequin à Alger

Arlequin à Alger, parade en un acte, de Rougemont et Justin [Gensoul], 25 avril 1807.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Arlequin à Alger

Genre

parade (comédie avec des vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

25 avril 1807

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

de Rougemont et Justin [Gensoul]

Almanach des Muses 1808.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Hénée et Dumas, Martinet, Barba, 1807 :

Arlequin à Alger, comédie-parade en un acte et en vaudevilles, par MM. de Rougemont et Justin ; Représentée pour la première fois à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 25 avril 1807.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 12e année, 1807, tome III, p. 206 :

[Tout est dit d’emblée : on a affaire à une « jolie petite arlequinade ». Le critique a apprécié une scène qu’il estime « la plus comique ». Pièce gaie, jouée parfaitement. Que demander de plus ?

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Arlequin à Alger.

Cette jolie petite arlequinade est encore une paraphrase de l'Ode d'Horace, Donec gratus eram. Arlequin et Colombine se brouillent et se raccommodent. La scène la plus comique est celle où ils se vendent mutuellement à un corsaire, qui reçoit de Colombine l'argent qu'il donne à Arlequin. Le dialogue est gai. La pièce jouée parfaitement par Laporte, Hippolyte et mademoiselle Minette.

L'Esprit des journaux, n° 6, p. 282-286 :

[Comme la pièce n’est pas sérieuse, le compte rendu n’a pas à l’être non plus, et celui-ci s’ouvre sur un long développement sur le discours dévalorisant sur les femmes, qu’on retrouve même dans les arlequinades. Arlequin à Alger a fait rire, et les auteurs sont invités à multiplier les voyages de leur héros. Après le résumé de l’intrigue, le jugement porté est tout à fait positif : «  une gaité franche, plein de mots heureux, de situations piquantes, bien dialogué, bien versifié ». Si certaines plaisanteries sont « un peu fortes sur les femmes, les maris, le sérail, etc. », elles sont très drôles. et Arlequin à Alger fait retrouver au vaudeville « l'ancienne et bonne gai té de ses ancêtres ». Ce vaudeville, écrit avec gaieté, a obtenu un grand succès. Les auteurs se sont permis quelques plaisanteries  ; mais le critique nous invite à leur pardonner, ils ont tant fait rire le public !

Théatre Du Vaudeville.

Arlequin à Alger, vaudeville en un acte.

On a donné dernièrement à ce théâtre la Ligue des Femmes, et l'on a montré quels funestes effets pouvaient en résulter ; il faut croire que cet ouvrage n'a pas fait une grande impression, puisque l'on n'a pas craint de s'exposer à rallumer dans le cœur de ces dames une soif de vengeance que l'on avait présentée comme si dangereuse quelques jours auparavant. Il y a vraiment dans le nouveau vaudeville de quoi exciter toute l'indignation du beau sexe, et je l'invite, au nom de son honneur, à ne pas laisser échapper une si belle occasion de se venger des injures dont on se plaît à l'accabler : tout le monde s'en mêle, jusqu'à Arlequin qui sort de son caractère galant pour devenir médisant et satyrique : qu'un Turc, un corsaire dise du mal des femmes, encore passe ; son métier est de les enlever, de les vendre et non pas de les chanter ; mais qu'Arlequin oublie sa bonté, sa galanterie accoutumées pour traiter le beau sexe en corsaire, voilà ce que l'on a peine à comprendre, ce que l'on ne saurait excuser, et voilà cependant ce que s'est permis le Vaudeville. O Arlequin ! Arlequin ! effaceras-tu jamais la honte d'une pareille conduite !

 Pour comble de malheur, Arlequin méchant a plus d'esprit qu'Arlequin débonnaire,

Et toujours les plus coupables
Sont, hélas ! les plus aimables.

On dirait même que l'air d'Alger convient à notre héros ; depuis long-temps il cherchait vainement en France sa gaieté naïve, ses bons-mots sans art.... I1 a été les retrouver dans le pays des Maures ; nous le félicitons sur l'heureux succès de son voyage ; quand on s'embarque avec d'habiles pilotes, on est sûr d'arriver à bon port.

Les pilotes qui ont conduit Arlequin à Alger, c'est-à-dire, les auteurs du vaudeville nouveau sont MM. Rougemont et Justin ; nous leur faisons un compliment véritable, et nous les engageons à se rembarquer promptement pour les terres étrangères, s'ils doivent en rapporter toujours des découvertes aussi heureuses, que celle dont ils nous ont donné récemment la première représentation.

Arlequin s'est enfui d'Alger avec Colombine sa femme : il est très-heureux avec elle, sauf deux ou trois querelles par jour, suivies de deux ou trois raccommodemens. Après l'une de ces tendres altercations, voulant faire un présent à Colombine, il achète pour elle un joli perroquet et un cornet de bonbons : par malheur, Arlequin est gourmand et le perroquet aussi ; Arlequin entame les bonbons, le perroquet en veut sa part et l'imprudent oiseau donne un coup de bec à Arlequin, qui, sans plus de cérémonie, lui tord le cou, pour manger les bonbons seul et à son aise. La réflexion vient après la colère, mais il est trop tard et Arlequin se désole inutilement de ce que le perroquet est un peu mort, et le cornet de bonbons un peu vide ; il arrive en se désespérant et rencontre sur la scène M. Astour, Turc d'origine, corsaire de profession et très-désireux d'amener au sultan une beauté douce comme une Espagnole, aimable comme une Française et fidelle...... comme il n'y en a nulle part. Arlequin conte sa peine à ce pirate déloyal qui, espérant trouver dans Colombine la femme qu'il lui faut, cherche à arriver jusqu'à elle. Astour console le pauvre mari et lui offre d'aller cueillir dans son jardin un superbe bouquet pour le donner à Colombine au lieu du perroquet et des bonbons ; Arlequin accepte en lui recommandant de choisir les plus belles fleurs :

Que chaque fleur parla à ses yeux
Et de mon cœur soit l'interprète :
Le lys est beau, mais orgueilleux,
Je préfère la violette.
Que la rose au myrthe amoureux,
Par votre main soit enlacée,
Et placez par un art heureux
Le souci loin de la pensée.

Le corsaire va chercher le bouquet ; Colombine arrive, Arlequin lui promet un cadeau charmant ; elle lui dit qu'elle a aussi pensé à lui ; Astour revient, donne en cachette les fleurs à Arlequin, qui les offre à sa femme, et reçoit d'elle une paire de manchettes brodées. Tout va bien jusqu'ici, les époux sont d'accord ; mais le mari mal-adroit conte à sa femme l'aventure du perroquet, et quelle femme ne s'intéresserait pas au sort d'un oiseau à qui l'on a tordu le cou pour un coup de bec ? Colombine est indignée de cette barbarie ; pour surcroit d'infortune, Arlequin lui demande à déjeûner ; le moment n'était pas favorable, il eût mieux valu souffrir la faim et attendre : la dame répond qu'elle a laissé brûler les macaronis : l'époux s'indigne à son tour. – Laisser brûler des macaronis ! – Tordre le cou à un perroquet ! Colombine fait à Arlequin de sanglans reproches.

Quand je n'étais que ta maîtresse,
Je n'avais que des jours heureux ;
Tu répondais à ma tendresse
Et tu prévenais tous mes vœux :
Tu deviens brutal et sauvage,
Ton front est toujours obscurci..
Comme deux ans de mariage
Changent la tête d'un mari !

Ah ! sûrement, je suis bien changé ! s'écrie Arlequin, et la brouillerie la plus complette résulte de la mort du perroquet et de la perte des macaronis.

Sur ces entrefaites, arrive Astour, qui trouve Arlequin furieux ; le rusé corsaire envenime la blessure, et fait si bien, qu'il décide le mari à lui vendre sa femme, moyennant la somme de cent sequins, et sous la condition qu'elle sera sultane. Arlequin sort, après avoir fait ce marché. Arrive Colombine qui veut aussi se débarrasser de son mari, et qui n'imagine rien de mieux que de prier Astour d'emmener en Turquie ce drôle, ce fainéant, ce gourmand, etc. Le Turc y consent, à condition que Colombine lui donnera cent sequins pour se charger d'un pareil fardeau : Colombine lui fait des représentations et chante ce couplet, que l'on a vivement redemandé en faveur de Laporte, à qui il fait allusion :

Il est bonhomme et cependant
I1 mord, égratigne et déchire ;
On le voit toujours gai, content.
Et même en pleurant il fait rire ;
Dès qu'il paraît, on l'applaudit,
Et jamais rien ne l'embarrasse ;
Sa laideur même l'embellit ;
Et chaque geste est une grâce.

Astour trouve cela fort beau, mais il exige toujours les cent sequins, et Colombine se décide à les donner ; était-ce trop pour être débarrassée d'un si mauvais mari ?

Les deux époux se retrouvent sur la scène : Astour va les attendre au port où ils doivent s'amener réciproquement ; mais quel Arlequin serait assez endurci pour vendre sans remords Colombine ? Quelle Colombine serait assez vindicative pour ne pas regretter Arlequin ? Le moment de la séparation amène le repentir, le repentir amène un éclaircissement, l'éclaircissement une réconciliation et tout le monde se retire satisfait, hors le corsaire que personne ne plaint.

Ce vaudeville, écrit avec une gaité franche, plein de mots heureux, de situations piquantes, bien dialogué, bien versifié, a obtenu un grand succès. Les auteurs se sont permis quelques plaisanteries un peu fortes sur les femmes, les maris, le sérail, etc. ; mais il faut le leur pardonner, ils nous ont tant fait rire !

On a redemandé le couplet d'annonce que voici :

Arlequin, jaloux de vous plaire,
S'embarque aujourd'hui pour Alger,
Mai» il craint certain vent contraire
Dont il connaît trop le danger :
Chacun de vous devient l'arbitre
Du sort de notre voyageur,
N'allez pas user de rigueur
Et le renvoyer à son titre.

Nous nous en garderons bien, il faut qu'il reste au milieu de nous ; et puisse son exemple faire revivre au Vaudeville l'ancienne et bonne gai té de ses ancêtres ?

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