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Arlequin décorateur

Arlequin décorateur, comédie-parade en un acte mêlée de vaudevilles, d’Antoine Année,; Alexandre de Ferrières et Nicolas Gersin, 7 fructidor an 6 [24 août 1798].

Théâtre du Vaudeville.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez le libraire au Théâtre du Vaudeville, an 6 :

Arlequin décorateur, comédie-parade en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles. Par les CC. Année, Gersin et Ferrière. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 7 Fructidor, an 6.

Couplet d’annonce :

Air : Vaudev. de la Soirée orageuse.

Arlequin, au-lieu de tableaux,
Ne vous offrira qu'une esquisse.
Quand pour vous il prend ses pinceaux ;
Il craint de paraître novice.
Cependant il peut aujourd'hui
Obtenir le plus doux suffrage.
Si vous daignez mettre pour lui
Quelquefois la main à l'ouvrage.

Courrier des spectacles, n° 550 du 8 fructidor an 6 [25 août 1798], p. 2 :

[Un vaudeville applaudi, mais dont les auteurs ne sont pas demandés, c'est paradoxal. Mais à ses qualités, « de la légèreté, de l'esprit, quelques saillies assez plaisantes, et beaucoup de mordant », il faut opposer un gros défaut, la nullité du plan et l'absence d'« intrigues » (au pluriel). Le critique pense qu'on ne peut sauver que les couplets dont il cite « les plus saillans ». Ceux qui parlent d'art ne manquent en effet pas d'intérêt, en particulier celui qui décrit « les mauvais ouvrages ».]

Théâtre du Vaudeville.

Le Vaudeville d’Arlequin décorateur, donné hier pour la première fois, a été souvent applaudi ; cependant les auteurs n’ont pas été demandés. Le plan est très-foible et même de toute nullité ; mais il y a de la légèreté, de l'esprit, quelques saillies assez plaisantes, et beaucoup de mordant. Les auteurs ont sur-tout exercé leur satyre contre la classe des nouveaux parvenus, et contre les drames et les ouvrages à diables dont nous sommes inondés.

Cette nouveauté manquant entièrement d’intrigues, nous nous bornerons à citer les couplets les plus saillans dont quelques-uns ont été redemandés.

Arlequin en parlant d'un Crésus moderne,
dit à ses ouvriers décorateurs
 :

Air du Vaudeville d'Arlequin afficheur.

C’est ce gros monsieur Champignon
Qui veut à force de peinture
Faire oublier dans sa maison
Qu’il en enleva la dorure ;
Mais tout bas, entre nous soit dit,
Chez les riches de cette trempe,
Vous devez sentir qu’il suffit
D’employer la détrempe.

Plus bas Arlequin parle ainsi de nos modernes chef-d’œuvres.

Air: Jeune fille et jeune garçon.

Ainsi dans leurs nombreux écarts,
Outrant les règles du génie,
Et l’ignorance et la folie,
Ont dégradé le goût des arts ;
Mais de leur imposture,
Le bon goût renaîtra,
Pour guide on reprendra
        La nature.                           Bis.

Arlequin continue de satyriser les mauvais ouvrages.

Air : Oh ! oui, l'homme le plus parfait.

Pour intérêt j’y vois l’horreur,
Pour nouveauté l’extravagance,
Pour sentiment de la fureur,
Et pour gaîté de l’indécence.
Quand verrons-nous les vrais talens,
Dissipant cette nuit profonde,
Renvoyer tons ces Revenans
Sur la scène de l'autre monde.

On a encore fait répéter le couplet suivant; il est très-joli dans la bouche d’Arlequin , qui s’exprime ainsi en parlant à sa Colombine :

Air : Souvent la nuit quand je sommeille.

Pour toi mon amour est extrême,
Et je ne puis aimer que toi ;
Auprès de toi, c’est toi que j’aime,
Absent de toi, j’aime encor toi ;
Toi m’offre une bien chère image,
Quand je suis éloigné de toi ;
Ah ! dis-moi, toi-même, dis-moi,
Si je puis t’aimer davantage.

Nous engageons les auteurs de choisir des plans plus forts, et nous sommes persuadés qu’ils ne pourront manquer d’avoir beaucoup de succès.

Nouvelle bibliothèque universelle des romans, Volume 3 [15 fructidor an six], p. xviii :

[Dans la suite d’un jugement qui se refuse à une sévérité excessive envers Arlequin Sentinelle, qui a eu du succès, mais qui n’est qu’une bluette au fonds très léger, et qui ne vaut que par des saillies et des couplets qui en « font tout le mérite » :

On doit porter à peu près le même jugement d’Arlequin décorateur, donné le 7, au même théâtre, dont l’intérêt paroît médiocre, et l’intrigue à peu près nulle, mais dont les bons mots et les jolis couplets ont fait excuser le défaut de la bordure.

D'après la base César, la pièce a connu un certain succès : elle a connu 21 représentations au Théâtre du Vaudeville, du 24 août 1798 au 18 avril 1799 (18 en 1798, 3 en 1799).

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