Arlequin honnête homme, et Arlequin frippon, ou Les deux jumeaux, canevas italien en trois actes , de Lazzari, 12 novembre 1793.
Théâtre des Variétés amusantes.
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Titre :
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Arlequin honnête homme, et Arlequin frippon, ou Les deux jumeaux
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Genre
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canevas
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose
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en prose
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Musique :
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Date de création :
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12 novembre 1793
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Théâtre :
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Théâtre des Variétés Amusantes
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Auteur(s) des paroles :
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Lazzari
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L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 1 (janvier 1794), p. 352-357 :
[Un très long résumé, mais la pièce n’est en effet pas simple, et une brève critique : elle souligne d’abord que la pièce n’est bien sûr pas originale (l’utilisation de la gémellité est un classique du théâtre), mais qu’elle amusantes ; puis qu’elle est amusantes, si « on ne fait pas attention aux inconvenances théatrales, aux invraisemblances, & à une éclipse totale de style dans le dialogue » ; et que M. Lazzari la joue « fort bien ». Succès.]
THÉATRE DES VARIÉTÉS AMUSANTES.
Arlequin honnête homme, & Arlequin frippon, ou Les deux jumeaux, canevas italien en trois actes ; par M. Lazzari.
La premiere personne qu'Arlequin, négociant de Paris, & fort honnête homme, rencontre au retour d'un assez long voyage, est M. Cassandre, qui le somme, après les civilités ordimaires, de tenir la parole qu'il lui a donnée d'épouser sa fille Rosalbe ; Arlequin promet, & Cassandre se retire satisfait. Smaradine survient, & rappelle au premier qu'il doit la dédommager, en l'épousant, des peines & des soins qu'elle lui a prodigués pendant sa maladie. Arlequin est embarrassé; mais comme tant d'autres, comptant sur son argent pour se tirer de ce mauvais pas , il assure Smaradine qu'il lui donnera une récompense telle, qu'elle n'aura pas lieu de se plaindre.
Il est essentiel de savoir qu'Arlequin a laissé à Bergame son frere jumeau, & qu'il ne sait pas ce qu'il est devenu. La fortune n'est pas pour tous les hommes, & celui-ci, moins heureux qu'Arlequin premier, après diverses aventures, a été domestique à Amiens, d'où il arrive avec un habit galonné qu'il a volé à son maître avant de le quitter. Ce frippon ne connoissant point Paris, prie un de ses compagnons de voyage d'aller vendre cet habit & de se hâter, car il a grand besoin d'argent. Le camarade part, emporte l'objet volé, & pour vérifier le proverbe, ce qui vient par la flûte s'en va par le tambour, il proteste qu'Arlequin n'aura pas une indigestion des repas qu'il fera avec l'argent que doit lui valoir l'habit.
Arlequin second frappe à la porte d'une auberge ; on ouvre. Qu'on juge de son étonnement ! l'hôtesse court à lui, l'embrasse avec les démonstrations de la plus vive amitié, & lui dit qu'elle lui remettra, quand il voudra, la clef de sa petite maison, qu'elle a bien soignée pendant son absence. Arlequin entre pour dîner.
Florinde, son maître, arrive d'Amiens : il suit les traces d'Arlequin , & il veut tâcher de rattraper au moins des papiers de la plus grande conséquence, qu'il lui a volés avec son habit. Il raconte sa mésaventure à Scapin, il lui fait le signalement du voleur ; & comme il n'est pas beaucoup de personnes dans le monde qui aient la figure d'Arlequin premier, tout fait croire à Scapin que ce négociant, qui précisément vient de faire un voyage, pourroit bien avoir volé l'habit dont il est question. Cependant Scapin, voulant en homme prudent ne rien donner au hasard, appelle Arlequin premier, qui paroît avec l'habit galonné, & que son futur beau-pere Cassandre, à qui on l'a vendu, lui a donné. Florinde croit reconnoître son frippon ; Scapin va chercher la garde, & l'on emmene Arlequin en prison. Pour comble d'infortune, Florinde est devenu amoureux de Rosalbe à son dernier voyage à Paris, & il profite de cette occasion pour lui parler. Adieu les sentimens qu'on avoit voués au pauvre Arlequin.
Le frere de celui-ci sort de l'auberge ; il est content comme un Arlequin qui vient de faire un bon dîner ; mais son compagnon de voyage ne revient pas ; mais comment payera-t-il son écot ? Il faut convenir qu'il seroit fort embarrassé, s'il n'avoit l'espoir de voler quelque chose dans la petite maison, dont l'hôtesse lui a parlé, & qu'il est bien loin de savoir à qui elle appartient. En y entrant, Arlequin second a rencontré Cafsandre, & n'ayant rien compris à tout ce qu'il lui a dit, il a conclu qu'il étoit fou ou tout au moins saoul. Cassandre impatienté, veut venir à une explication, frappe à la porte de la petite maison ; mais le frippon se mettant aussi-tôt à la fenêtre, jette sur la tête de Cassandre l'éclopé, tous les pots, toutes les marmites qui lui tombent sous la main.
C'est ici que l'on doit rire. Dès le commencement du second acte, il faut qu'on s'intéresse au sort d'Arlequin premier, que nous voyons en prison déplorer son sort : heureusement M. Cassandre, qui va porter plainte contre Arlequin second, s'arrête, & voulant, à quel prix que ce soit, que sa fille Rosalbe soit épousée, promet au premier de le faire sortir aussi-tôt, s'il veut aussi-tôt terminer le mariage. Florinde & Scapin surviennent, & promettent de leur côté à Arlequin de le délivrer, s'il veut formellement renoncer à la main de Rosalbe, & contrefaire le possédé, pour dégoûter de lui M. Cassandre. Arlequin fera tout ce qu'on voudra, à la condition toutefois qu'on réparera son honneur.
Pendant ce tems Cassandre fait quelques démarches, & il croit qu'elles ont été fructueuses, & que ses amis l'ont diligemment servi, lorsqu'il rencontre Arlequin second, qu'il veut emmener pour épouser Rosalbe. Par bonheur, Scapin se trouve là, & rappelle à Arlequin ce qu'il a promis. Chacun le somme de tenir sa parole. Arlequin second surpris, ne sait auquel entendre : on le menace s'il n'épouse pas, & il ne sait à quoi se résoudre, lorsque M. Cassandre lui prend la main, & va l'unir à celle de Rosalbe ; mais celle-ci suivant le conseil de Scapin, feint de se trouver mal, & on l'emporte.
Arlequin resté seul, est bientôt accosté par Smaradine, qui, furieuse contre Arlequin premier , veut tuer d'un coup de pistolet notre frippon, qu'elle prend pour lui. Heureusement il ne faut que peu de chose pour épargner un grand crime, & s'il étoit nécessaire de donner une preuve de cette vérité, nous la trouverions dans le pistolet de Smaradine, qui fait long feu. Lorsqu'une conversation est commencée d'une maniere si chaude, on ne tarde pas à s'expliquer ; aussi Arlequin promet-il à Smaradine de l'aimer toujours, & il entre chez elle.
Arlequin premier vient de sortir de prison, & il arrive avec Florinde, qui n'a pas manqué de lui faire réparation d'honneur. Aussi, lorsque M. Cassandre veut lui parler de mariage, il fait des cris, des grimaces, des contorsions épouvantables, & telles que tout le monde en est effrayé. Un jeune homme fort amoureux de Rosalbe, accoste alors M. Cassandre, lui offre d'épouser sa fille ; & comme celui-ci a la rage de la voir marier, il lui donne son consentement.
Florinde & Scapin ont tout entendu, & désespérés de se voir pris dans leurs propres filets, ils prient Arlequin premier d'aller trouver M. Cassandre, & de lui dire que sa maladie n'étoit qu'une colique, & qu'il est prêt à épouser Rosalbe. Ce négociant honnête homme, qui est bon enfant, se prête à cette négociation, à la condition que tout ce qu'il fera ne sera que par supercherie, & que Florinde épousera en réalité. Arlequin se présente ; Cassandre donne dans le panneau; mais quelques instans après, ayant trouvé mauvais qu'Arlequin second, qu'il prend pour son gendre, sorte de chez Smaradine, il en témoigne le plus vif mécontement, & pour achever de se convaincre, il frappe à la porte d'Arlequin premier, qui paroît à la fenêtre. On imagine bien que les deux freres, dont un a l'air d'avoir apperçu l'autre, se reconnoissent, que tout se découvre ; qu'Arlequin honnête homme est très-fâché d'être le frere d'Arlequin frippon ; que Florinde épouse Rosalbe , & que le bonhomme Cassandre fait conséquemment tout ce qu'on veut. Il demande alors qu'Arlequin second soit de la fête ; mais son frere répond que c'est impossible , parce qu'il s'est trouvé mal en se jettant à ses genoux, & qu'il l'a laissé sur son lit.
On retrouve dans ce canevas, les Menechmes, les Deux jumeaux de Bergame, &c. &c. ; mais on y trouve aussi de la gaieté ; & quand on ne fait pas attention aux inconvenances théatrales, aux invraisemblances, & à une éclipse totale de style dans le dialogue, on peut beaucoup s'amuser à sa représentation, parce que M. Lazzari joue fort bien les Deux Arlequins. Ce canevas fut très-applaudi à la premiere représentation.
(Journal des spectacles.)
D’après la base César, la pièce a connu 4 représentations, du 12 novembre 1793 au 16 novembre 1794, aux Variétés Amusantes, Comiques et Lyriques. Puis elle a été jouée 2 fois en 1797.
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