Arlequin Jockey, ou l’Equitomanie, vaudeville en un acte, 28 thermidor an 6 [15 août 1798].
Théâtre des Jeunes Artistes.
Courrier des spectacles n° 541 du 29 thermidor an 6 (16 août 1798), p. 2 :
[Jugement assez expéditif : peu de succès, une pièce faible, peu de couplets saillants, seuls un ou deux « ont paru faire plaisir ». Le récit de l’intrigue est celui d’une arlequinade sans surprise : Cassandre en père autoritaire, Colombine enjeu entre Arlequin et Gilles, qui finit trompé à la fin.]
Théâtre des Jeunes Artistes.
Arlequin Jockei ou l’Equitomanie, vaudeville en un acte, donné hier sur ce théâtre, a obtenu quelques applaudissemens. En général, la pièce est foible, et il y a peu de couplets saillans, à l’exception d’un ou de deux qui ont paru faire plaisir.
Cassandre, équitomane, a refusé sa fille Colombine à Arlequin, que le délabrement de sa fortune a forcé de se faire Jockei. C’est en cette qualité qu’il a été reçu chez le père de sa maîtresse ; mais à condition de ne plus entretenir Colombine de l’espoir de l’épouser. Gilles, aussi amateur de chevaux, vient proposer son cheval Pégase à M. Cassandre, moyennant deux mille écus. Le bonhomme réfléchit et propose à son tour à Gilles de prendre Colombine en échange pour Pégase. Gilles qui connoît le prix de sa bête hésite, et enfin accepte. Aussi-tôt il fait part de son mariage à Arlequin. Celui-ci se dé sespère. Enfin le notaire mandé pour le contrat arrive. Nouvel embarras pour Gilles, il ne sait pas signer ; et ne voulant pas que son ignorance fût connue, il convient avec Arlequin que celui-ci, au moment de signer, se glissera derrière lui, et signera à sa place ; Arlequin y consent et signe, mais au nom de Gilles il substitue celui d’Arlequin, et le contrat est ratifié par le beau-père.
L’auteur a été demandé et nommé, c’est le citoyen Hapdé.
Courrier des spectacles n° 544 du 2 fructidor an 6 (19 août 1798), p. 2 :
[Hapdé n’a pas apprécié le jugement porté sur sa pièce, et il le dit : sa pièce a été malencontreusement amputée d’un quart par l’enrouement d’un des acteurs, et le jugement sévère n’a pas lieu d’être. Pour lui, c’est une vengeance de journaliste lassé des plaisanteries des auteurs à propos de sa profession, alors que Hapdé insiste sur le peu d’importance de la pièce à ses yeux : elle n’est destinée qu’à aider de jeunes acteurs à montrer leur talent naissant.]
AU RÉDACTEUR de l’Article Arlequin Jockei, ou l’Equitomanie, inséré dans le Courrier des spectacles, en date du 29 courant
Paris, ce 3o thermidor , an 6.
A la sollicitation de plusieurs personnes, je me permets, citoyen, de répondre non à l’analyse de ma pièce, mais au jugement que vous avez daigné en porter : je me vois donc forcé de vous dire qu’il est désaprouvé par beaucoup de gens bien moins indulgens que vous, mais sans doute plus justes, ces rigoristes se sont apperçus que l’enrouement excessif qui survint tout-à-coup au jeune Grevin , chargé du rôle du Gilles, l’avoit visiblement obligé de passer plus de quatre couplets, et de rester à moitié d’un air parodié sur l’ouverture du Jeune Henry, ils ont vu tout cela, et le rédacteur bénévole et impartial, s’est bien gardé d’en parler.
Il devoit, ce me semble, penser qu’un vaudeville sans vaudevilles n’est plus qu'une conversation froide, insignifiante et décousue ; ce qui ne manqua pas d’arriver, car à peine je reconnus moi-même cette bluette, qui jusques là avoit obtenu de nombreux applaudissement : vous ne pouviez donc pas taxer affirmativement l’ouvrage de foiblesse, puisqu’on en a passé près d’un quart ; mais c'est une occasion si bonne que celle où l’on peut indisposer le public contre ces pauvres auteurs qui ont tant de plaisir à épigrammatiser leurs bons amis les journalistes qu'il ne faut en laisser échapper aucune ? Aussi le saisîtes vous à mon égard, et vous avez fort mal fait, car rien ne m’est plus indifférent que votre critique ; rien ne me paroît moins important que ma pièce faite seulement pour les quatre plus jeunes artistes du théâtre où elle fut jouée, enfans dont les talens augmentent chaque jour sous les yeux du public.
Je suis loin de réclamer des louanges que je ne mérite pas, mais j’ai le droit de me justifier ; quand je me vois injustement accusé.
Votre concitoyen Hapdé.
J'ai promis aux Auteurs qui croiraient leurs pièces mal jugées dans cette Feuille, d’accueillir et d'insérer leurs réclamations ; la place que je donne ici à celle du cit. Hapdé ne doit pas laisser douter que je ne sois prêt à en user de même à l’égard de tous ceux qui m’en adresseront.
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