Arlequin journaliste, arlequinade en un acte mêlé de vaudevilles, de Chazet, Dupaty et Mardelle, 22 Frimaire an 6 [12 décembre 1797].
Théâtre du Vaudeville
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Titre :
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Arlequin journaliste
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Genre
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arlequinade
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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22 frimaire an 6 [12 décembre 1797]
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Chazet, Dupaty et Mardelle
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Almanach des Muses 1799.
Laronde, écrivain public, veut marier sa fille à un homme-de-lettres. Gilles est propriétaire d'un journal, et en a confié la rédaction à Arlequin ; tous deux aiment la fille de Laronde. Gilles a l'aveu du père, Arlequin a celui de la fille ; c'est que Gilles est riche, et qu'Arlequin est spirituel et tendre. Arlequin ne peut l'emporter sur son rival s'il ne devient point propriétaire du journal qu'il rédige ; il y réussit en suscitant des craintes et des embarras à Gilles. Laronde n'hésite plus alors à lui donner sa fille.
De l'esprit et de la gaîté.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1797, volume 6 [novembre-décembre 1797], p. 265-268 :
[Le compte rendu met bien en valeur ce qui importe dans une telle pièce : l’esprit et l’actualité. L’intrigue, vite résumée, sert à se moquer des journaux (il y a beaucoup de journaux, et cette partie de la pièce a « excité des murmures » (longueurs), tout comme le dénouement. Mais certaines scènes ont au contraire suscité « des applaudissemens unanimes » (c’est notamment le cas quand les personnages regrettent la perte de l’innocence et des bonnes mœurs : le critique retrouve dans le public la même condamnation de la décadence des mœurs...). Le couplet à la fin de l’article vante l’abondance des victoires françaises.]
THÉÂTRE DU VAUDEVILLE.
Arlequin journaliste.
M. Laronde, écrivain public, veut marier sa fille à un homme de lettres , afin de ne pas déroger ; Arlequin prend en conséquence le parti de rédiger un journal dont Gilles est propriétaire. Ce Gilles est, comme lui, amoureux de Mlle. Laronde; mais comme Arlequin ne manque ni d'esprit, ni de malice, il le dégoûte de son entreprise, en lui suscitant quelques embarras, & parvient ainsi à lui enlever sa maîtresse & sa propriété.
Tel-est à peu près le sujet d’Arlequin journaliste, donné sur ce théâtre ; cette intrigue sert de cadre à la satyre de presque tous les journaux actuels, & comme elle est en quelque sorte étrangère au but de la pièce, on ne doit pas la juger avec rigueur. Aussi, quoique le dénouement & quelques longueurs aient parfois excité, des murmures, des applaudissemens unanimes ont accueilli plusieurs scènes qui pétillent d'esprit & de saillies.
Nous citerons la première, entre deux colporteurs qui disputent sur le mérite des journaux qu'ils vendent dans la rue, & les passant tous en revue, font la critique de ehacun en un seul mot, & par opposition à son titre, comme celle de l'Esprit des journaux qui est sans esprit, du Point du jour qu'on ne voit que le soir, & de plusieurs autres. Cette satyre est agréable parce qu'elle est très-resserrée, & que chaque malice, toujours contenue dans un seul vers, y est le plus souvent enveloppée dans un jeu de mots qui lui donne plus de finesse.
Le public a aussi beaucoup goûté la situation dans laquelle Arlequin & sa maîtresse décident ensemble les titres sous lesquels on doit insérer dans le journal les divers morceaux qui y sont adressés. C'est à l'article changement de domicile qu'on mettra des considérations sur les fortunes, & aux effets perdus, un morceau sur l'innocence & les bonnes mœurs.
Cette derniere saillie a été surtout vivement applaudie ; elle est du nombre de ces vérités généralement & profondément senties, qui , quoique répétées chaque jour sur nos théâtres, excitent chaque jour un nouvel enthousiasme. Ces applaudissemens prouvent, au surplus, que l'esprit public gagne chaque jour ; mais ils ne prouvent plus rien pour la saillie en elle-même, & les auteurs auroient tort de s'en attribuer le mérite.
Nous citerons le couplet d'un colporteur qui se plaint de n'avoir vendu ses journaux que depuis la paix ; pendant la guerre , dit-il, j'eusse mieux fait mes affaires, à crier le journal.
Et spéculant sur les exploits
Des enfans de la gloire,
J'aurois fait fortune en trois mois,
A deux sous par victoire.
Les auteurs, qui ont été demandés, sont les citoyens Chazet & Emmanuel Dupaty.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 3e année, 1797, tome IV, p. 539-541 :
Arlequin journaliste, Comédie en un acte, donnée pour la première fois au théâtre du Vaudeville le 22 frimaire.
Arlequin, rédacteur de l’Original, journal dont Gilles est propriétaire, est amoureux de Mlle.
Laronde, fille d'un écrivain public, qui veut qu'elle épouse un homme de lettres, et la destine au propriétaire de l'Original, quoiqu'il ne le connoisse pas. Gilles est aussi amoureux de Mlle. Laronde ; mais Arlequin par différentes ruses et beaucoup d'embarras qu'il lui suscite parvient à le dégoûter de son entreprise ; il le force à lui céder sa propriété, et épouse Mlle. Laronde.
Cette Bleuette, dont l'intrigue n'est presque rien, a réussi par ses jolis détails.
Dans la première scène, deux colporteurs disputent sur le mérite des journaux qu'ils vendent, et la critique qu'ils en font est d'autant plus ingénieuse, qu'elle est courte et resserrée dans l'espace d'un vers, pour chacun des titres auquel elle fait allusion. Nous allons citer quelques-uns des titres critiques.
L'Observateur n'y voit goûte ; le Point du jour se voit le soir ; le Tableau n'est qu'une croûte ; le Fanal est un peu noir ; l'Echo répète ce que personne n'a dit ; le Postillon est mal monté ; et l'Esprit des Journaux est sans esprit.
L'un des colporteurs, qui ne fait le métier que depuis la paix, se plaint qu'il n'est pas si bon qu'il l'étoit pendant la guerre, et il ajoute :
En spéculant sur les exploits
Des enfans de la gloire,
J'aurois fait fortune en trois mois,
A deux sous par victoire.
Arlequin décidant avec sa maîtresse les titres sous lesquels on doit mettre différens morceaux qu'on lui a adressés pour son journal, place à l'article changement de domicile des considérations .sur les fortunes ; et aux effets perdus, un morceau sur la morale et les bonnes mœurs.
La pièce a été fort applaudie ; elle est des citoyens Chazet et Dupaty, jeunes auteurs de quelques pièces jouées avec succès au Vaudeville.
La base César confond cette pièce avec celle de Delrieu (de 1793). Des représentations accordées aux divers Arlequin journaliste, on peut déduire que la pièce de Dupaty, Chazet et Mardelle a été représentée 15 fois sur le Théâtre du Vaudeville du 12 décembre 1797 au 11 avril 1798.
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