Arlequin Odalisque, en un acte ; par le cit. Auger. 16 messidor an 8 [5 juillet 1800].
Théâtre des Troubadours
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Titre :
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Arlequin odalisque
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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16 messidor an 8 (5 juillet 1800)
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Théâtre :
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Théâtre des Troubadours
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Auteur(s) des paroles :
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Auger
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Almanach des Muses 1801
Colombine est tombée au pouvoir d'un corsaire qui l'a vendue pour le sérail du Grand-Seigneur. Arlequin instruit de cet événement, réussit, l'argent à la main, à s'introduire auprès de sa maîtresse. C'est le jour où le sérail doit s'assembler. Le sultan a répudié sa favorite, et doit faire un nouveau choix. Arlequin craint qu'il ne tombe sur Colombine ; mais c'est sur lui-même qu'il s'arrête. Le sultan le prenant pour une jeune négresse s'est enflammé pour lui. La favorite disgraciée gagne alors le bostangui, et lui ordonne de faire sortir la prétendue négresse. Arlequin va fuir avec Colombine ; ils sont arrêtés ; on les ramène au sultan, qui, dans cet intervalle s'étant réconcilié avec sa maîtresse, pardonne aux deux amans, et leur rend la liberté.
Des couplets mordans ; quelques-uns agréablement tournés.
Courrier des spectacles, n° 1219, 17 Messidor, an viii, p. 2 :
[Après le résumé de l’intrigue, tout à fait conforme aux règles de l’arlequinade, sans originalité (le critique cite des sources possibles), riche en couplets (dont il ne faut porutant pas abuser !), les uns mordants contre les femmes, d’autres plus favorable ayx femmes, et dont le critique donne des exemples. Il e part du succès « au début du citoyen Bosquier-Gavaudan. dans le rôle d'Arlequin », début très encourageant.]
Théâtre des Troubadours.
Voici l'analyse du vaudeville-parade donné avant-hier sur ce théâtre, sous le titre d'Arlequin, odalisque.
Colombine, prise par un Corsaire, a-été enfermée dans le sérail d'un grand Seigneur. Arlequin instruit de ce malheur, arrive à Constantinople, et au moyen d'une somme d'argent parvient à pénétrer jusqu'auprès de-sa maîtresse.
C'est précisément le jour où le Sérail doit s'assembler, afin que le Sultan, qui vient de renvoyer la Sultane favorite, fixe son choix sur une Odalisque. Arlequin, en.apprenant cette nouvelle, craint que le Sultan ne choisisse Colombine ; mais il est bien surpris lorsque sa hauteur le prenant lui-même pour une jeune et aimable Négresse, lui jette le mouchoir. Comment se tirera-t-il de là ? La Sultane disgraciée gagne le bostangi, et lui ordonne de faire à l'instant sortir du Sérail la prétendue Négresse. Colombine qui instruit Arlequin de ces circonstances, fait aussi consentir le bostangi à son évasion. Déjà ils franchissent le mur, lorsqu'on les arrête. On les ramène au Sultan, qui pendant ce tems s'est rendu au jardin du Sérail, où il croit trouver sa Négresse, et où il rencontre la Sultane, qu'il vient de quitter. On s» doute bien:que cet amant réconcilié avec sa favorite, pardonne à Arlequin et à Colombine et leur rend la liberté.
L'auteur, le citoyen Auger, n'a sans doute pas été chercher dans Madame Angot au Sérail de Constantinople, l'idée de plusieurs de ses scènes. Cependant on pourroit presque l'en accuser, ainsi que de s'être trop rappelé la scène du rendez-vous du Mariage de Figaro. Nous le félicitons bien sincèrement de sa facilité à tourner le couplet. Mais il ne faut pas en abuser, et le citoyen. Auger, dans une partie de sa pièce, n'a pas épargné les épigrammes, sur-tout contre un sexe dont l'autre partie de la pièce chante et célèbre les qualités et les avantages. Nous ne citerons pas de ces couplets mordants ; nous nous arrêterons à ceux-ci, qui sans doute n'offenseront pas l'amour-propre des dames.
Arlequin.
Air : Vaudeville de l'Isle des Femmes.
Ainsi voilà pourquoi, dit-on,
Le Français n'est point polygame,
Mais il a plus d'une raison
Pour ne posséder qu'une femme.
Le nombre dont vous faites cas
Chez nous seroit fort inutile : >
Car chez nous,
Une femme a tous les appas
Qu'à peine vous trouvez dans mille;
Le même engage Colombine à ne point plaire au Sultan :
Air: Cette étude autrefois commune.
Ta grâce à qui tout rend les armes
Du Sultan fixeroit les yeux ;
Dérobe tes modestes charmes
A ses regards trop curieux.
Ainsi la chaste Sensitive
Qu'approche une indiscrette main
Soustrait sa feuille fugitive,
Et la renferme dans son sein.
D'aussi jolies choses ont fait réussir la pièce, qui a dû une bonne partie de son succès au début du citoyen Bosquier-Gavaudan. dans le rôle d'Arlequin. C'étoit la première fois qu'il paroissoit sous le masque de Carlin, et la crainte de ne pas être goûté du public dans un rôle ou un autre est à si juste titre en possession de plaire, auroit pu nuire à son jeu, si les encouragemens les plus flatteurs et les plus mérités ne lui avoient prouvé tout l'intérêt que l'on prend à ses succès. L'aimable Arlequin du Vaudeville applaudissoit lui-même à son nouveau concurrent. Encore quelques essais de cet habit, et le cit. Bosquier-Gavaudan se convaincra qu'il est aussi bien fait à sa taille que ceux qu'il a endossés jusqu'à ce jour. F. J. B. P. G***.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 6e année, 1800 , tome II , p. 129-130 :
[Ce que ce compte rendu retient surtout, c’est qu’un autre théâtre que le Vaudeville se risque à représenter une arlequinade, qu’un autre acteur que le fameux Laporte ose jouer sous le masque d’Arlequin. Sinon, une pièce sans originalité (on a une source possible), quelques invraisemblances (mais elles sont nouvelles), des passages comique supprimés (dommage !), de « jolis couplets » et un nouvel Arlequin.
Arlequin odalisque.
Le théâtre des Troubadours n'avoit pas encore joué de pièce à arlequin, aucun acteur n'avoit osé entrer en concurrence avec le C. Laporle, l'aimable Arlequin du Vaudéville. Le C. Bosquier-Gavaudan l'a risqué le 15 messidor, et le succès a suivi ses efforts et son zèle, le C. Laporte lui-même applaudissoit souvent son nouvel émule. Lorsqu'il aura joué quelquefois sous le masque, et qu'il sera habitué à ce genre nouveau pour lui, sa timidité l'empêchera moins de développer ses moyens.
Le sujet de la pièce n'est pas neuf, il est tiré d’Arlequin Sultane favorite du théâtre de la Foire, opéra vaudeville en trois actes, de Lesage et Fuselier, qui avoit même été rajeuni il y a peu de temps sur le boulevard. L'auteur y a ajouté quelques invraisemblances, et a supprimé plusieurs passages d'un très-bon comique ; mais il y a de jolis couplets, et le jeu du C. Bosquier-Gavaudan a beaucoup contribué au succès de la pièce. Elle est du C. Auger.
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