Arlequin sourd-muet, ou Cassandre opérateur, arlequinade en vaudeville, d’Eugène Décour [Eugène-Hyacinthe Laffillard] et Joseph Aude neveu, créée sur le Théâtre des Jeunes Artistes le 29 avril 1807.
Publication : à Paris, chez Hénée et Dumas, 1807, qui donne pour date de la première le 18 avril 1807 (alors qu’elle a eu lieu le 29 avril, selon le Courrier des spectacles).
Courrier des spectacles, n° 3733 du 2 mai 1807, p. 2 :
[Comme la pièce nouvelle peut se contenter d’un compte rendu succinct, le critique commence par faire le point sur le succès prodigieux des pièces à magie et à talisman, très à la mode. Ce n’est qu’après ce hors-d'œuvre qu’il évoque Arlequin sourd-muet, dont il signale qu’il est un simulateur, utilisant ce moyen pour s’approcher de Colombine en trompant son père Cassandre. Une arlequinade de plus ! Le succès de la pièce tient apparemment à « un ou deux couplets » qui ont été répétés, tandis que les autres ont été applaudis, et à la qualité de l’interprétation. Comme il lui reste de la place, le critique signale la réapparition d’une pièce plus ancienne, Vernon de Kergaleck, qu'il juge fort gaie et bien interprétée pour ce qui est du rôle principal.
Parmi les nombreux sens du mot « opérateur », il faut probablement choisir celui de « Charlatan qui débite ses remèdes, & qui vend les drogues en place publique ». C'est le sens que met en avant le Dictionnaire de l'Académie, quatrième édition (1762), la cinquième édition de 1798 distinguant deux sens, « celui qui fait les opérations de chirurgie » et « dans un autre sens pour Un Charlatan,qui débite ses remèdes, et qui vend ses drogues en place publique ».]
Théâtre des Jeunes Artistes.
Arlequin sourd-muet.
Les Sirènes approchent de leur centième représentation ; c’est une fortune presque aussi brillante que celle du Pied de mouton. Le Pied de bœuf doit succéder aux Sirènes comme la Queue du Diable a remplacé le Pied de mouton, mais le Pied de bœuf surpassera peut-être tout ce qu’on a vu de plus étonnant dans l’art des Protée : car on assure que la baguette de l’enchanteur ne s’arrêtera qu’à la cent cinquante-troisième métamorphose. En attendant d’aussi grandes merveilles, quelques auteurs qui ne prétendent point aux honneurs de la magie, nous amusent par quelques bluettes, parmi lesquelles on peut compter avec honneur Arlequin sourd-muet. Ce n’est pas que cet illustre personnage n’entende et ne parle aussi bien qu’un autre ; mais comme Cassandre, père de Colombine, a la prétention d’être un grand clerc, il imagine qu’en se présentant comme sourd muet, il se rendra bien plus intéressant, et son stratagème lui réussit en effet fort heureusement.
Les auteurs de ce vaudeville ont dû être contens de leurs succès. On a fait répéter un ou deux couplets, et les autres ont été généralement applaudis. Le rôle d’Arlequin est joué avec beaucoup d’intelligence par le petit Prudent. Vernet est très-plaisant dans celui de Gilles, et Lepeintre a bien rendu celui de Cassandre.
Cette pièce est de MM. Eugène et Joseph. Elle a été suivie d’une comédie en un acte intitulée : Vernon de Kergaleck. C’est une pièce fort gaie, dont nous avons rendu compte dans le tems. Le rôle principal, celui de Vernon, est joué d’une manière très-plaisante par Ozane.
Ajouter un commentaire