Athalie

Athalie, tragédie en cinq actes avec chœurs, de Racine, musique de M. Gossec, 17 juin1791.

Théâtre de la Nation.

Titre :	Athalie
Genre	tragédie avec chœurs
Nombre d'actes :	5
Vers / prose	en vers
Musique :	oui
Date de création :	17 juin 1791
Théâtre :	Théâtre de la Nation
Auteur(s) des paroles :	Jean Racine
Compositeur(s) :	M. Gossec

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 7 (juillet 1791), p. 282-284 :

Athalie, avec les chœurs, musique de M. Gossec, a été donnée le 17 de juin à ce théâtre. Elle y a attiré une affluence extraordinaire ; & il faut avouer que rien n'est plus propre au monde à nous retracer la magnificence imposante des spectacles de l'ancienne Grèce. Les chœurs sont mieux placés dans cette tragédie qu'ils ne peuvent l'être dans toute autre piece : car la scène étant dans un temple, il est très-naturel que des lévites & de jeunes personnes consacrées à la divinité l'invoquent souvent, ou dans leurs prières ou dans leurs cantiques.

M. Gossec a-donné dans ces intermèdes de nouvelles preuves d'un grand talent. Beaucoup de morceaux ont été fort applaudis, entre autres ceux dont le chant a un caractère religieux : c'est en effet ce qui doit dominer dans la musique de ces chœurs, qu'on a été obligé d'abréger, au grand regret de ceux qui aiment mieux la poésie que la musique.

La piece a été en général bien représentée. Mlle. Raucourt a joué Athalie, M. Vanhove le grand prêtre, Mlle. Sainval Josabeth, M. St.Preux Abner, & M. Naudet Mathan. Leurs talens sont connus : mais ce qui l'est moins, c'est celui de la jeune Dlle. Ribon : il s’est manifesté d'une manière très-marquée dans Joas. Elle a rendu ce charmant rôle avec autant de justesse que de simplicité. Tout a intéressé jusqu'à la foiblesse de son organe, & quelques endroits ont fait venir les larmes aux yeux des spectateurs. On ne peut assez l'exhorter à se bien persuader par la suite que, même dans des situations plus fortes, les cris sont rarement l'expression de la sensibilité, & qu'on risque de manquer l'esprit général d'un rôle en voulant attacher une expression particulière à chaque mot, à chaque hémistiche. Ce défaut est commun, mais ce n'a jamais été la méthode des acteurs qui ont approfondi leur art.

L'accord des comédiens Italiens & François pour la perfection du spectacle d'Athalie, a offert l'intérêt le plus vif & le plus touchant. Les principaux acteurs du théâtre Italien, jaloux de donner à leurs camarades cette marque de fraternité, ainsi que de procurer au public la jouissance de la réunion des talens, qui dès long-tems ont mérité de lui être chers, s'étoient chargés de la partie du chant & des premiers coryphées des chœurs. Ainsi, on a vu à la tête des lévites, MM. Narbonne, Clairval, Michu, Chenard, Elleviou, Solier, &c. & à la tête des jeunes-filles de la tribu de Lévi, Mlles. Desbrosses, Renaud & Méon. Mlles. Joly, Devienne , Lolotte la Chassaigne, Emilie Contat, Masson & Fleury, qui toutes ont des voix très-agréables, avoient aussi appris leur partie dans les chœurs, & la marche du troisième acte a présenté le tableau le plus intéressant des grands talens unis par la fraternité & l'intelligence la plus parfaite. Mesd. Contat l'aînée & Dugazon se donnoient la main. MM. Molé & Clairval, s. Phal & Michu, Fleuri & Chenard, Dazincoun & Solier, &c. &c. suivoient leurs camarades ; & cette marche singulière a plu tellement au public, que les applaudissemens ont été prodigués jusqu'à l'enthousiasme à cette réunion d'artistes.

César ne distingue pas les représentations de la pièce avec les chœurs chantés sur la musique de Gossec, mais il y a bien une série de représentations qui commence le 17 juin 1791 au Théâtre de la Nation.

Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 147, la pièce de Racine accompagnée des intermèdes musicaux de Gossec a été créé à Fontainebleau au Théâtre de la Cour, le 3 novembre 1785. Elle a connu « 5 représentations données par les artistes de la Comédie Française et de la Comédie Italienne, alternativement dans les deux théâtres ».