Augustine, comédie en trois actes et en prose, de Pain et Bilderbeck ; 15 janvier 1806.
Théâtre de l'Impératrice.
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Titre :
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Augustine
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose
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en prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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15 janvier 1806
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Théâtre :
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Théâtre de l'Impératrice
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Auteur(s) des paroles :
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Pain et Bilderbeck
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Almanach des Muses 1807.
Piece du genre romanesque, dont les incidens trop prévus et trop multipliés ont fatigué le spectateur. Demi-succès.
Courrier des spectacles, n° 3273 du 16 janvier 1806, p. 2-3 :
[Cette comédie a droit dans le Courrier des spectacles à un compte rendu particulièrement abondant, malgré les réticences exprimées dès le début, concernant l'intrigue, dont les situations sont peu vraisemblables, et le dialogue. Sauf au troisième acte, on n'y trouve guère de comique, et les auteurs n'ont été nommés que difficilement. Après ces préliminaires, le critique se lance dans un très long résumé de cette intrigue. Il lui faut d'abord indiquer tous les éléments permettant de comprendre la pièce, qui se passe dans le monde de la finance : il s'agit d'expliquer ce qui sera la clef du dénouement, une somme d'argent déposée sans quittance chez un banquier, qui meurt aussitôt après avoir reçu l'argent. L'action commence quand il s'agit de marier le fils du banquier et la fille du malheureux qui a perdu son argent. Des circonstances assez rocambolesques permettent de trouver l'argent dont il n'existait pas de trace, et qui était caché dans un « secrétaire à secret », avec une lettre du père à son fils l'invitant à épouser la fille qu'il aime. Après une longue période de confusion, tout s'arrange avec beaucoup de facilité. Après le récit un peu confus de toutes ces péripéties, le critique se contente de signaler deux « scènes qui ont paru déplaire » (la découverte du tiroir secret, « trop prévue », et le refus de la main de la jeune fille, parce que le jeune homme le fait en des termes déplacés). Il affirme le besoin de faire des modifications, mais le sauteur sont été cités, signe que la pièce n'a pas échoué. L'article s'achève par un jugement très positif sur les interprètes.]
Théâtre de l'Impératrice.
Augustine.
Augustine ne fera point encore la fortune du Théâtre Louvois c’est une pièce d’intrigue dont le fonds n’est pas dénué d'intérêt, mais qui manque par les détails. Le dialogue en est froid ; les situations ne sont pas toujours vraisemblables ; les scènes ne sont pas préparées avec assez d’habileté ; et à l'exception du troisième acte, on y trouve peu de force comique. Son sort n'a été ni entièrement malheureux, ni entièrement heureux. Après quelque résistance du parti de l'opposition, celui des auteurs a prévalu et ils ont été nommés par M Picard.
Gercourt est un banquier riche, économe et honnête. Il a pour ami particulier Durand, homme de bien, peu fortuné, et qui comptant sur l'honneur de Gercourt, lui remet trente mille francs pour les faire valoir dans sa maison.
Au moment où il arrive avec cette somme, son ami est tellement accablé d’affaires qu’il n'a pas le teins de lui faire sur le champ une quittance. Durand plein de confiance et de sécurité, laisse ses billets sur le bureau, et remet au lendemain à remplir les formalités d’usage.
Une heure après son départ, Gercourt est atteint d’une attaque d’apoplexie, et meurt. Durand réclame la somme ; elle ne se trouve portée sur aucun registre ; les perquisitions les plus exactes ne donnent aucun renseignement ; on s’épuise en recherches dans les différentes cachettes dont Gercourt avoit la manie ; soins inutiles.
Gercourt laissoit un fils en bas âge ; on lui donne un tuteur ; on fait la vente du mobilier ; Durand achette le secrétaire de son ami. Le jeune Gercourt est envoyé chez l’étranger pour y apprendre le commerce. Dix années se passent. Durand éprouve de nouveaux malheurs, et se voit réduit à emprunter une somme assez considérable au tuteur même du jeune Gercourt. Il place sa fille Augustine en qualité de demoiselle de compagnie, chez Mad. de Valbelle, jeune veuve franche et honnête, mais légère et inconsidérée. Son fils Edouard entre dans un régiment, et lui il vit retiré avec Firmin, ancien premier commis de la maison de Gercourt, et qui malheureusement s'étoit trouvé absent à l’époque où ce banquier étoit mort subitement.
Gercourt fils revient à Paris, et reçoit les comptes de son tuteur. Il fait connoissance avec Merval, parent de Mad. de Valbelle, qui l’introduit chez sa cousine. Ce Merval, qui a la manie de protéger et de marier tout le monde, conçoit le projet d’unir sa parente, dont la fortune est très-dérangée, avec Gercourt, dont les affaires sont très brillantes ; mais le cœur de Gercourt a déjà perdu sa liberté, toutes ses pensées sont pour Augustine, dont les charmes l’ont séduit. Il ne sait pas qu’elle est fille de Durand, dont il ignore les malheurs, et dont à peine il se rappelle le nom ; mais bientôt Fi rmin, instruit 'de son arrivée, se rend chez Mad. de Valbelle, et lui apprend tout ce qui s’est passé. Gercourt se hâte de venir au secours de l’ancien ami de son père, et pour rendre son bienfait plus agréable, il emploie l’intervention d’Augustine, qu'il charge de remettre mille écus à Durand ; néanmoins il ignore toujours qu’Angustine est fille de Durand. Ce service arrive à propos, car les créanciers de ce père infortunés sont occupés en ce moment même à faire exécuter une saisie. Edouard court chez sa sœur, et vient précipitamment lui annoncer ce malheur en présence du jeune Gercourt. Ils se hâtent l’un et l'autre de porter les mille écus qu'Augustine venoit de recevoir.
Mais Gercourt, dont les passions sont très-vives, et l’esprit naturellement soupçonneux, imagine que ce jeune militaire est un rival, et que les caresses qu’il vient de recevoir d’Augustine ne sont que le manège d’une coquette qui le trompe. Dès ce moment, il conçoit un vif ressentiment contre l’aimable personne qu’il chérissoit si vivement quelques instans auparavant.
Ce n’est pas l’habitude des huissiers d’avoir l’ame tendre et compatissante ; ils poursuivent la saisie, et dans l’inventaire qu’ils font des meubles, l’un deux désigne un secrétaire à secret. Durand réclame contre cette désignation, et fait observer au suppôt de la justice que le secrétaire n’a point de secret ; mais celui-ci , qui s’y connoît mieux que lui, pousse aussitôt un resssort, qui fait sortir un tiroir où l’on découvre des papiers. Quels sont ces papiers ? On le devine, en partie ; c’étoit une lettre de Gercourt à son fils pour le jour de sa majorité ; c’étoient ensuite les billets même de Durand.
Cet incident change tout-à-coup la face des affaires. Les créanciers appaisés par l’acompte de mille écus, consentent à suspendre les poursuites. Durand, par excès de délicatesse, sort aussi-tôt pour aller prévenir le jeune Gercourt de ce qui vient d’arriver, et lui remettre les trente mille francs trouvés dans le secrétaire de son père. Dans le même tems, Je jeune Gercourt se rendoit chez Durand ; il y arrive, et s’irrite encore d’y trouver le jeune Edouard.
Cependant Durand revient, remet à Gercourt la lettre de son père, et lui offre les trente mille francs que celui-ci refuse. On lit la lettre, c’étoit une exhortation du père à son fils pour l’engager à épouser la fille de Durand. Le jeune Gercourt qui est toujours dans l’erreur, et qui croit avoir à se plaindre d’Augustme, déclare qu’il est disposé à suivre les intentions de son père. Il demande à Durand la main de sa fille. On lui présente Augustine ; il refuse ; mais bientôt tout s’éclaircit, et quand il apprend qu’Edouard est le frère de son amante, il est au comble de la joie de voir, par une circonstance inattendue, les vœux de son père d’accord avec lus intérêts de son cœur. En ce moment, Merval et Mad. de Valbelle inquiets de Gercourt, arrivent chez Durand, et sont témoins du bonheur des deux jeunes amans.
Les scènes qui ont paru déplaire sont celle où l’on découvre le ressort dans le secrétaire, parce qu’elle est trop prévue, et sur-tout celle où Gercourt refuse la main d’Augustine, parce qu’il lui adresse des reproches que les égards dûs à une femme ne permettent pas. Il y aura des changemens à faire à cet ouvragé qui, sans pouvoir espérer une grande fortune, pourra soutenir quelque tems. Les auteurs sont MM. Joseph Pain et Bilderbeck.
Picard a joué d’une manière vive, piquante et originale le rôle de Firuim ; on a beaucoup applaudi Mlle Adeline dans celui d’Augustine ; et celui de Mad. de Valbelle a été rendu avec un talent très-distingué par Mlle. Delille.
Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 11e année, 1806, tome Ier, p. 424-425 :
[L’année 1806 a mal commencé au théâtre, sans qu’on sache si c’est le public qui devient difficile, ou les auteurs moins bons. Augustine n’enrichira pas le Théâtre de l’Impératrice : « le fonds pouvoit produire de l'intérêt, mais [...] les détails sont froids, les scenes peu liées et les situations peu vraisemblables ». La pièce repose sur « des détails d’affaires » dont on sait qu’ils ennuient le public, d’autant qu’ile sont présenté de façon insistante, même si elle comporte aussi une intrigue amoureuse en bonne et due forme. « Peut-être au moyen de coupures et de changemens rejouera-t-on cette pièce », mais le critique ne paraît pas optimiste.
Théâtre de l'Impératrice.
Augustine.
Si l'on jugeoit des spectacles de l'année par l'échantillon que nous avons eu pour étrennes, cela ne donneroit pas de grandes espérances. Les nouveautés n'ont pas été heureuses dans le mois de janvier. Les spectateurs deviennent-ils plus sévères, ou les auteurs moins bons en raison de leur fécondité. Jamais on n'a vu tant de pièces, et jamais il n'en est resté si peu au répertoire. Le Théâtre-Français, dans son année, n'en a conservé que trois sur cinq qu'il a montées. Le théâtre Louvois en a joué une vingtaine, mais son répertoire ne s'en est pas beaucoup plus enrichi. Augustine ne contribuera pas à faire sa fortune. C'est une pièce dont le fonds pouvoit produire de l'intérêt, mais dont les détails sont froids, les scenes peu liées et les situations peu vraisemblables. En général, les détails d'affaires déplaisent au théâtre. Une pièce dans laquelle il faut mettre le public au fait de mille détails peu intéressans, l'ennuie et le fatigue. Il faut que la marche même de la pièce l'instruise de l'intrigue, et que ce qui s'est passé avant ne soit présenté que très-légèrement. Dans Augustine. c'est tout le contraire. Un nommé Durand a remis jadis à M. Gercour, banquier, une somme de trente mille francs, et n'a pas même pris le temps de faire faire un reçu ; le banquier meurt subitement, et Durand perd son dépôt, dont personne n'a connoissance. Il achète le secrétaire de son ami, et au bout de dix ans y retrouve ses billets dans un tiroir secret. Tels sont les bases et le dénouement de la pièce, qui roule sur l'amour du fils de Gercour avec Augustine, fille de Durand, qu'il ne connoît pas sous son véritable nom.
Peut-être au moyen de coupures et de changemens rejouera-t-on cette pièce. Elle est de MM. Pain et Bilderbeck.
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