Aurore de Gusman, opéra-comique en un acte, de Le Prévost-d'Iray, musique de Tarchi, 2 brumaire an 8 [24 octobre 1799].
Théâtre Feydeau
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Titre :
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Aurore de Gusman
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Genre
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opéra comique
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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prose, couplets en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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2 brumaire an 8 [24 octobre 1799]
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Théâtre :
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Théâtre Feydeau
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Auteur(s) des paroles :
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Le Prévost d’Iray
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Compositeur(s) :
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Tarchi
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Almanach des Muses 1801
Une jeune personne qui se déguise en homme, et, pour tourmenter un peu son amant, passe pour le rival de celui-ci : tel est le fonds de cette petite pièce, dans laquelle on a trouvé de l'esprit et des détails agréables. La musique a été généralement goûtée.
Gazette nationale, ou le Moniteur universel, n° 46 (16 brumaire an 8), p. 178 :
[Pour l’auteur de cet article, la pièce nouvelle dérive bien sûr de Gilblas, mais aussi de l’Amour castillan de Lachaussée (où Gilblas se voit substituer Lazarille, « qu'Arlequin et Scapin prennent pour dupe »). Ici, retour de Gilblas, mais le roman n’est pas suivi avec assez d’exactitude. Plus de saillies que de traits de véritable gaîté, trop de quiproquos qui font naître l’obscurité. La pièce doit surtout ses applaudissements à la musique de Tarchi, de facture originale, « d’un chant facile », avec « un accompagnement simple, agréable et mélodieux ». Mais le critique souhaite qu’on fasse des coupures : il y aurait trop de chant. Ces coupures permettraient de développer « quelques parties de l’intrigue ». Pour finir, « ouvrage [...] bien chanté, et parfaitement exécuté » : bravo à l’orchestre.
L'Amour castillan, de Nivelle de La Chaussée a été créé le 11 avril 1747 par les Comédiens Italiens Ordinaires du Roi, d'après la brochure publiée chez Prault.]
L'aventure d'Aurore de Gusman, dans Gilblas, a fourni à Lachaussée le sujet de son Amour Castillan. L'amour castillan et Gilblas ont guidé les auteurs du nouvel ouvrage donné au théâtre Feydeau. Comme dans le roman et dans la comédie citée, Aurore déguisée en cavalier, arrache son amant aux intrigues d'une femme qui le trompe, et rappelle l'infidele en le désabusant sur le mérite d'une conquête indigne de lui. Lachaussée avait mis à la place de Gilblas un certain Lazarille, qu'Arlequin et Scapin prennent pour dupe, (l'ouvrage était donné à la commédie [sic] Italienne) ; peut-être, quoique ce Lazarille soit assez comique, Lachaussée n'avait-il pas osé présenter Gilblas lui-même, en désespérant d'offrir une imitation satisfesante du héros original de Lesage.
Les auteurs modernes ont été plus hardis ; ils ont donné Gilblas pour valet et confident d'Aurore. Il y a bien dans le rôle quelques traits qui le rappellent, mais pourquoi le roman lui-même n'a-t-il pas été suivi plus exactement ? Lesage avait des idées tellement comiques, qu'on pouvait sans crainte s'abandonner au plan qu'il avait tracé. Nous regrettons beaucoup qu'on n'ait pas fait usage de la scene originale, naturelle, et très-plaisante, où Gilblas recevant un rendez-vous d'Aurore, l'attend deux heures, non pour recevoir le titre d'amant qu'il espérait, mais celui de confident dont il a le bon esprit de se contenter : certes, ce moyen d'exposition eût été plus piquant que celui employé dans l'ouvrage nouveau.
Il y a dans le cours du dialogue plus de prétention à la saillie que de traits dûs à une gaité nationale. Un vice plus grand est celui de l'obscurité qui résulte naturellement des quiproquos multipliés, resserrés dans un seul acte. Il est donc vrai de dire que les auteurs des paroles ont eu peu de part aux applaudissemens donnés à l'ouvrage. Ces applaudissemens étaient dûs au compositeur, le signor Tarchi ; tous ces morceaux, ceux d'ensemble sur-tout, ont une facture originale, qui décelent et rappelent l'école qui a formé ce jeune musicien. Ces morceaux d'un chant facile, soutenus, et non surchargés, par un accompagnement simple, agréable et mélodieux, n'ont peut-être qu'un défaut, celui d'être trop multipliés. Il y a dans l'ouvrage et dans la musique beaucoup de coupures à faire. Ces suppressions pourront donner le moyen de développer un peu plus clairement quelques parties de l'intrigue, lesquelles en ont en effet besoin. On ne peut douter qu'alors cet ouvrage, d'ailleurs bien chanté, et parfaitement exécuté, (les premiers talens de l'orchestre y brillent dans de charmans solos) ne soit vu avec beaucoup de plaisir.
Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, cinquième année (1800), tome quatrième, p. 244-245 :
[Après avoir résumé l’intrigue, le critique rappelle sa source (Gilblas, dont la popularité reste grande), et donne son verdict : « Le style est froid, et l'on ne trouve point de comique dans le dialogue », mais la musique est meilleure, et l’actrice jouant le rôle titre « a fait preuve du plus grand talent ».]
Aurore de Gusman, opéra en un acte.
Cette pièce a été jouée le 2 brumaire, avec succès. Tout y roule sur des quiproquo amenés par des travestissemens. Aurore de Gusman veut éprouver le cœur de Don Louis, qui l'a dédaignée sans la connoître, et qui est momentanément amoureux d'une coquette nommée Isabelle. Elle paroît alternativement sous les habits de son sexe, et sous ceux d'un jeune homme. Comme femme, elle se fait promptement aimer de Don Louis ; elle parvient, comme cavalier, à obtenir de sa rivale une déclaration d'amour. Don Louis, trahi par sa maîtresse, et séduit par Aurore, renonce facilement à ses relations avec une perfide, et obtient, comme une grâce, la main qu'il avoit jadis refusée.
Tel est le fond de cette pièce, tirée du roman de Gilblas, et où Gilblas lui-même joue un rôle absolument conforme au caractère qu'il a dans le roman. Le style est froid, et l'on ne trouve point de comique dans le dialogue ; mais la musique offre des morceaux remplis de grâces et d'originalités ; elle a fait en partie le succès de cet opéra, dont les paroles sont du C. Prévôt d'Irai, et la musique du C. Tarchi.
La C.e Le Sage a fait preuve du plus grand talent dans le rôle d'Aurore.
Dans la base César, l'auteur est donné pour inconnu, et la musique est attribuée à un improbable Tardu Prevot d'Ivrai...
La pièce a connu 6 représentations, du 24 octobre 1799 au 5 novembre 1799.
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