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L'Amant arbitre

L'Amant arbitre, comédie en un acte,de Ségur jeune. 11 Thermidor an 7 [29 juillet 1799].

Théâtre de l'Odéon transféré à la Cité.

Titre :

Amant arbitre (l’)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en vers libres

Musique :

non

Date de création :

11 Thermidor an 7 [29 juillet 1799]

Théâtre :

Théâtre de l’Odéon, transféré à la Cité

Auteur(s) des paroles :

Ségur jeune

Almanach des Muses 1800

M. et madame Durcé, las d'être époux, veulent divorcer. Le mari cherche un arbitre, on lui indique Volny. La position de celui-ci est délicate ; il aimait madame Durcé avant son mariage, et il en était aimé. Il la voit, et dans son entretien, s'apperçoit, malgré ses plaintes, qu'elle tient encore à son mari ; mais vainement espère-t-il l'engager à un raccommodement, elle a juré de ne plus vivre avec un homme qui, de son côté, n'a voulu céder à aucune des propositions que Volny lui a faites. Il est pourtant question d'une entrevue ; Durcé y consent, à condition que Volny entendra tout d'une pièce voisine. Les époux sont en présence ; reprochez graves et multipliés. Madame Durcé se plaint même de l'intention perfide qu'a eu son mari, en choisissant pour arbitre un homme qu'il sait avoir eu des droits sur son cœur. Durcé proteste de son ignorance, il craint que Volny n'entende l'aveu de sentimens trop trop flatteurs ou trop encourageans, il est au supplice. Arrive enfin, d'après l'inutilité de l'entrevue, le moment de rédiger l'acte de séparation, mais cet acte ne contient que les clauses d'un raccommodement adroitement ménagé par l'arbitre, et consenti par les époux.

De jolies scènes, des détails gracieux, une situation dramatique ; du succès.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, au Salon littéraire :

L’Amant arbitre, comédie en un Acte et en Vers, Par Ségur, le jeune, Représentée pour la .première fois, à paris, par les Artistes de l’Odéon, le 13 Thermidor An 7.

Dans la brochure, les époux s’appellent Lurcé.

Courrier des spectacles, n° 889 du 12 thermidor an 7 [30 juillet 1799], p. 2-3 :

[La pièce de Ségur est un succès, et l'auteur « a été vivement demandé » sans paraître. L'intrigue est résumée avec précision : une histoire de divorce envisagé par un couple où chacun a des torts dans leur brouille. Ils font appel à un arbitre, et Monsieur a choisi un avocat qui a été amoureux de sa femme. Mis au courant d ecette situation, il persiste dans ce choix étonnant. L'arbitre organise la confrontation entre les époux, à laquelle il assiste depuis une pièce voisine. Les époux se font de vifs reproches, et la nécessité de la séparation est évidente. Mais les clauses que l'arbitre y inclut conduisent en fait à un raccommodement. Cette fin est jugée de façon très positive par le critique qui en loue la délicatesse. Le public l'a d'ailleurs « généralement applaudie ». Les deux acteurs principaux sont jugés excellents, même si l'actrice qui joue madame Durcé s'est peut-être montrée un peu trop ironique.]

Comédiens-Sociétaires de l'Odéon, réunis à la Cité.

La petite comédie de l'Amant arbitre, donnée hier pour la première fois, a obtenu le succès le plus agréable. L’auteur est le citoyen Ségur jeune : il a été vivement demandé, mais il n’a pas paru.

M. et Mad. Durcé, après quelques années de mariage, ont commencé à sentir le poids de leur chaîne. Le mari par son indifférences [sic] l’épouse par une dépense peu raisonnable, tous deux ont eu des torts : mais chacun n’a vu que ceux de l’autre. Ils sont résolus de divorcer. M. Durcé a voulu prendre pour arbitre dans cette affaire un avocat instruit et honnête qui sçut dresser, sans partialité, l’acte qui doit le séparer d’avec son épouse. On lui a indiqué Volny, il n’a pas balancé à le choisir. La position de Volny est des plus délicates. Amant aimé de Mad. Durcé avant son mariage, son peu de fortune l’a seul empêché d'obtenir sa main. Il paroit devant elle, entend ses plaintes contre son mari et voit clairement qu’elle l’aime beaucoup plus qu’elle ne le croit : il veut l'engager à une réconciliation ; mais l’amour-propre a parlé, l'amour se tait chez Mad. Durcé ; il n’a pas plus d’empire sur son époux, que Volny trouve également irréconciliable.

Une lettre venoit d'être adressée à M. Durcé, on l’y prévenoit qu’il avoit choisi pour arbitre l’ancien amant de sa femme qui ne manqueroit sûrement pas de prendre les intérêts de celle-ci. Durcé d’abord effrayé est bientôt rassuré par les efforts que Volny fait pour l’engager à un raccommodement. Décidé à ne se prêter à aucun, il ne peut cependant refuser une entrevue que Volny lui conseille d’avoir encore avec sa femme ; mais il n’y consent qu’à condition que celui-ci entendra d’une pièce voisine la conversation qu’ils vont avoir. Nos deux époux se font réciproquement mille reproches. Parmi ceux que Madame Durcé adresse à son mari, elle se plaint de l’intention perfide qu’il a eue en choisissant pour arbitre entr'eux un homme qu’il sait avoir eu des droits sur son cœur. Durcé proteste de son ignorance, et pensant que Volny l'entend du cabinet, il veut arrêter l’aveu de l’amour qu’elle déclare avoir eu pour lui. Elle continue sur le même ton, son époux est au supplice, mais il ne peut rompre cette conversation qu'en fuyant. L’entrevue n’a donc fait qu’irriter davantage les deux partis. Volny espère toujours les réunir.

Le moment arrive où pressé de rédiger l'acte de séparation, il demande quels seront leurs arrangemens, cette scène qui ne peut être analysée a fait le plus grand plaisir par la délicatesse avec laquelle elle est traitée. Il en résulte que l'acte de séparation contient le raccomodement [sic] le plus positif et le plus durable en ce qu’il a pour principe le sentiment et la reconnoissance. La derniere scène, ainsi que celle où Mad. Durcé fait à son mari l’aveu de ses sentimens pour Volny, tandis que celui-ci l’entend du cabinet, ont été généralement applaudies et méritent de l’être.

Le citoyen Dorsan a parfaitement joué le rôle de Durcé : il y a reçu les applaudissemens les plus vifs, les plus mérités. La cit. Delille a eu une très-bonne tenue, et a mis même de la dignité dans le personnage de Mad. Durcé : peut-être y a-t-elle quelquefois trop employé l'ironie.

Lepan.          

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome II, p. 537-538 :

[Sur le thème du divorce, une pièce que le critique juge plutôt positivement : son dénouement, « cette dernière scène, surtout, est traitée avec une finesse qui a fait le plus grand plaisir ». Peu de reproches « un style un peu maniéré, des expressions impropres », mais « les situations attachent, et l'ouvrage a réussi ». Deux acteurs principaux félicités (mais quid de celui qui jouait Volny ?).]

ACTEURS DE L'ODÉON.

L'amant arbitre , comédie en un acte et en vers, jouée le 11 thermidor, pour la première fois.

M. et M.me Durcé, après quelques années de mariage, commencent à se trouver l'un à l'autre des défauts, des torts, et se décident à divorcer. L'avocat qu'ils choisissent est Volny, amant de M.me Durcé, avant son mariage, et que son peu de fortune a seul empêché d'obtenir sa main. Volny croit de son devoir de réunir les deux époux, et y parvient avec la plus grande délicatesse , en combattant son propre penchant. L'acte de séparation est fait de manière qu'il renferme le raccommodement le plus positif et le plus durable. Cette dernière scène, surtout, est traitée avec une finesse qui a fait le plus grand plaisir.

L'auteur est le C. Segur jeune, connu par un grand nombre d'agréables productions. On peut
reprocher à celle-ci un style un peu maniéré, des expressions impropres, mais les situations attachent, et l'ouvrage a réussi.

Le C. Dorsan et .la C.e Delille ont été vivement applaudis, et l'ont mérité dans les rôles de M. et M.me Durcé.

Décade philosophique, littéraire et politique, an vii, ive trimestre, n° 32, 20 Thermidor, p. 302-303 : [Critique assez sévère : après le récit de l’intrigue, auquel il n’est pas question d’échapper, le ton du critique est vif : pièce sans originalité (il connaît la source, ou croit la connaître), de faux compliments : « du clinquant, de l'esprit, quelques jolis vers, et même un peu d'intérêt dans cette bluette », mais « si l'on en fesait une analyse raisonnée, la critique y trouverait à mordre ; mais à quoi bon s'appesantir sur les défauts d'une œuvre éphémère ? »]

Théâtre Français de la Cité.

L'Amant arbitre, comédie en un acte, en vers, représentée le 11 Thermidor.

Lursé et sa femme, mariés depuis quelques années, ont cessé, quoique pères de deux enfans de se trouver heureux l'un par l'autre. Le mari se plaint que sa femme, d'ailleurs charmante, est froide, indifférente, dissipatrice. Elle, se plaint de son côté, que son mari, d'ailleurs plein de grâces, d'esprit, d'amabilité, est coupable envers elle de légèreté, même d'abandon. Croyant ne pouvoir plus se supporter l'un l'autre, ils sont convenus de se séparer. La femme a mandé un jeune avocat dont elle a été autrefois recherchée, mais qui n'a pu obtenir sa main, faute de fortune. Lursé a mandé également un avocat, pour le charger de ses intérêts ; il a choisi Volni, qu'il ne connaît pas, mais qui a de la célébrité dans son état. Il se trouve que les deux époux ont fait choix du même défenseur, et que l'avocat du mari est l'ancien amant de sa femme. Volni,

Quoiqu'avocat, a la manie
D'aimer qu'on se réconcilie.

Il essaie donc de réconcilier les deux époux ; mais toute son éloquence étant épuisée, il ne s'agit plus que de convenir à l'amiable des clauses de leur séparation. L'acte en est rédigé par lui sous leur dictée. Madame Lursé gardera sa fille ; et comme sa fille serait trop affligée d'être séparée de son jeune frère, madame Lursé gardera aussi son fils. Lursé paiera les dettes de sa femme, et pourvoira à celle qu'elle pourrait contracter encore. Enfin, comme la maison qu'ils occupaient est du chef de la femme, Lursé continuera d'y demeurer pour n'être pas privé de ses enfans. Enfin il résulte de l'acte que Volni leur présente à signer, que, quoiqu'ils entendent se séparer, ils veulent élever ensemble leurs enfans, demeurer en communauté de biens, et habiter sous le même toit. Les époux rient de cet acte, reconnaissent leur folie, et finissent par s'embrasser.

Cette bagatelle, qui pour le fonds ressemble beaucoup au Divorce du Vaudeville, a obtenu un plein succès. Elle est du C. Ségur jeune. Il y a du clinquant, de l'esprit, quelques jolis vers, et même un peu d'intérêt dans cette bluette. Si l'on en fesait une analyse raisonnée, la critique y trouverait à mordre ; mais à quoi bon s'appesantir sur les défauts d'une œuvre éphémère?

L. C.

[César : première le 29 juillet 1799.

12 représentations jusqu'au 23 octobre 1799.]

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