L'Amant rival de sa maîtresse. Opéra-comique en un acte, de Charles Henrion, musique d'Alexandre Piccinni, 22 brumaire an 12 [14 novembre 1803].
Théâtre de la Porte Saint-Martin
Almanach des Muses 1805
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Titre :
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Amant rival de sa maîtresse
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Genre
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opéra-comique
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose, avec couplets en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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22 brumaire an 12 [14 novembre 1803]
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Théâtre :
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Théâtre de la Porte Saint-Martin
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Auteur(s) des paroles :
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Henrion
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Compositeur(s) :
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Alexandre Piccinni
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Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mad. Cavanagh, an 12 :
L’Amant rival de sa maîtresse, opéra en un acte ; Paroles de M. Henrion, Musique de M. Alex. Piccinni, Représenté pour les premières fois, à Paris, sur le Théâtre de la Porte Saint-Martin, les 22, 23 et 24 Brumaire an 12.
Courrier des spectacles, n° 2449, samedi 27 Brumaire an 12, 19 novembre 1803, p. 2 :
[Compte rendu désabusé d'un spectacle donné sur un théâtre qui est spécialisé dans les « ouvrages à grand spectacle » : là où il faut pour séduire le public de grands moyens, souvent mal employés d'ailleurs, une petite pièce ne peut guère réussir. La pièce du jour montre l'incapacité de ce théâtre à monter même « un vaudeville ou un petit opéra ». Elle n'a que quatre personnages, mais la moitié des acteurs ne joue pas bien. S'il n'a pas échoué, c'est par l'indulgence du public, et par le secours d'une musique agréable. Le résumé de l'intrigue montre qu'il n'y a guère d'intérêt dans cette petite pièce, une de celles « qu'on voit sans colère comme sans plaisir pas de quoi enrichir le théâtre !]
Théâtre de la porte St-Martin.
L'amant rival de sa maîtresse.
Une petite comédie, un opéra en un acte ou un vaudeville font très-peu de sensation à ce théâtre destiné exclusivement aux ouvrages à grand spectacle. Ces opuscules ne peuvent remplir l'immensité de cette salle, et y sont presque imperceptibles. Leur naissance, leur succès ou leur chute sont indifférents ; et malheur à l'auteur qui croit que sa pièce y est bien accueillie parce qu'elle n'est pas sifflée ; c'est qu'on y fait peu d'attention, c'est que le public ne la juge pas digne de sa colère, et qu'il ne veut pas empoisonner d'avance par des murmures inutiles le plaisir qu'il se promet à voir le mélodrame, la grande pièce enfin pour laquelle il est venu. Ces grandes pièces ne valent ordinairement gueres mieux que les petites, mais c'est le goût du jour auquel la plupart de nos théâtres secondaires se font une loi de sacrifier. Ce goût passera sans doute, nous aimons même à le prédire pour l'intérêt de la littérature ; et ce théâtre est un de ceux auxquels on en aura la première obligation. En effet, si le mélodrame n'étoit pas mieux joué ailleurs, on ne verroit pas la foule assiéger les portes des spectacles d'où il a banni le genre avoué par le goût. Mais grâce à la troupe qui occupe actuellement cette salle, il commence à tomber en discrédit, et c'est un pas rétrograde vers le beau dont on pourroit féliciter les acteurs, si ce n'étoit pas à leur impuissance de bien jouer le mélodrame qu'il faudroit l'attribuer.
Chaque jour une pièce de ce genre couvre l'affiche avec son double titre, avec les détails des combats, des ballets, des évolutions qu'on doit y voir, enfin avec tout le charlatanisme employé ordinairement pour séduire la multitude, mais on sait actuellement et par expérience qu'ils promettent plus qu'ils ne peuvent tenir, et que deux ou trois acteurs passables ne donnent point l'ensemble nécessaire à ces représentations qui doivent être brillantes, et qui n'ont de prix qu'autant qu'elles sont bien rendues. Et comment apporteront-ils cet ensemble de talens dans ces ouvrages qui offrent plusieurs rôles de la première force, lorsqu'ils ne peuvent même suffire à bien monter un vaudeville ou un petit opéra ? témoin celui joué hier pour la première fois sous le titre de l'Amant rival de sa maîtresse.
Il n'y a que quatre personnages, et deux à peine ont été joués d'une manière satisfaisante. Celui de l'Amant déguisé en femme étoit confie à un acteur dont le physique et la voix contrastoient d'une manière très-frappante avec son personnage et avec ses habits.
Cet opéra néanmoins a été reçu avec indulgence, et il n'est pas sans quelques mérite [sic]. Il est froid, les scènes n'en sont pas des plus neuves ; mais à l'aide d'une musique agréable, il s'est soutenu et se soutiendra encore quelques tems.
Valsain, jeune officier, s'introduit sous le nom de Rose chez M. Montcornet, tuteur de Sophie, et il parvient comme femme à inspirer de l'amour à ce vieillard qui n'hésite pas à lui signer un acte de renonciation à la main de sa pupille qu'il se proposoit d'épouser après son divorce avec Mad. Moncornet. Cette dame de son côté découvre le sexe de la prétendue Rose , et croit qu'elle en est aimée. Valsain profite des dispositions du tuteur et de sa femme, pour les forcer à consentira son mariage avec Sophie.
Ce petit ouvrage ne pouvoit tomber ; il n'offre rien qui puisse choquer le goût, mais aussi il n'a rien de bien saillant ; bref, c'est une des milles et une pièces qu'on voit sans colère comme sans plaisir, mais qui n'enrichissent pas une administration.
F. J. B.P. G ***.
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