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L'Ami du Peuple ou les Intrigans démasqués

L'Ami du Peuple ou les Intrigans démasqués, comédie en trois actes, en vers, de Camaille Saint-Aubin, 6 septembre 1793, l'an deux de la République.

Variétés du Palais

Almanach des Muses 1794

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Maradan, 1793 :

L'Ami du peuple, ou les intrigans démasqués comédie en trois actes, en vers, Représentée, pour la première fois, au théâtre du Palais-Variétés, le 6 septembre, l'an second de la République Française. Par le citoyen Cammaille-S.-Aubin.

J'attaque un faux principe, et n'en veux à personne.
L'homme n'est rien pour moi, je ne vois que ses mœurs.

L'Ami du Peuple, acte second, scène troisième.

La pièce de Camaille Saint-Aubin a une portée politique, souvent mis en valeur dans els études historiques sur le théâtre du temps.

Ainsi, Henry Lumière, le Théâtre Français pendant la Révolution, 1789-1799, p. 208-209 :

Plus que jamais, surtout à la suite du rapport de Barère à la Convention et de la décision de cette assemblée, le modérantisme devenait un crime capital en politique.

Il y avait là un sujet tout d'actualité, qui s'imposait naturellement aux auteurs dramatiques, et qu'ils ne se firent pas faute d'exploiter largement.

Très en faveur auprès des terribles souverains d'alors, le théâtre de la République devait s'efforcer de justifier cette préférence par un choix de pièces en rapport avec les tendances jacobines. Rester en arrière de l'entraînement que nous venons de signaler, n'était donc pas possible à ce théâtre. Aussi, à la date du 6 septembre, il faisait représenter une pièce en trois actes et en vers du citoyen Cammaille Saint-Aubin : L'Ami du peuple ou les intrigants démasqués. L'esprit qui dominait dans cette pièce est indiqué par l'auteur lui-même, un acteur du théâtre de l'Ambigu-Comique, qui qualifie le 31 mai « d'heureuse et nécessaire révolution, » et la mort de Marat de « calamité ; » enfin il appelait la vengeance du peuple contre les infâmes partisans du modérantisme, et contre les amis des lois.

Démophile, officier municipal au comité des subsistances, républicain exalté, se trouve en opposition avec son associé, Doucement, politique modéré.

On y trouve des maximes telles que celles-ci, dans la bouche de Démophile :

Oui, même en se vengeant le peuple est toujours juste !

Enfin, la tendance inspiratrice de la pièce se résume ainsi :

Un modéré, quel monstre infâme !
Ce mot seul me met en courroux.

Les sans-culottes applaudissent avec frénésie, et conspuent Forcerame, la caricature de Roland, et Césaret, celle de Dumouriez (1).

(1) Avant cette représentation, et à l'occasion de la mort de Marat, Cammaille Saint-Aubin écrivait : « Marat est mort assassiné et les traîtres qu'il a dénoncés existent !... J'ai fait un drame intitulé: l'Ami du peuple, ou les intrigants démasqués. Ma pièce, faite il y a deux mois, est depuis huit jours entre les mains du citoyen Monvel. Si ma pièce eût été donnée plus tôt, peut-être n'aurions-nous pas à regretter un des plus courageux défenseurs de l'égalité politique. »

(Journal des spectacles, juillet 1793.)          

Dans la préface que Mark Darlow et Yann Robert ont placé devant leur réédition de l'Ami des lois de Laya (The Modern Humanities Research Association, 2011), ils rapprochent la pièce de Camaille Saint-Aubin de celle de Laya (p. 37) :

« La pièce de Laya représentait une critique de la logique utilitaire des radicaux, coupable de sacrifier les lois et les droits de l'individu à une conception abstraite du bonheur du peuple et de la nation. Cette hostilité implicite envers Marat explique pourquoi Nicolas Camaille Saint-Aubin intitula sa réponse à la pièce de Laya L'Ami du peuple, ou les intrigants démasqués. En effet, bien que l'intrigue de cette pièce soit semblable à celle de l'Ami des lois, tout comme son emploi de personnages identifiables (Forcerame, Césaret de Démophile, où on crut reconnaître, respectivement, Roland, Dumouriez et Marat), l'amour du peuple, et non pas des lois, y occupait les devants de la scène. Pour cette raison, le Journal des spectacles décrivit la pièce de Cammaille Saint-Aubin comme une « contre-preuve exacte de l'Ami des lois », qui serait « le contrepoison de ce qui lui a paru dangereux dans cette pièce, en faisant tourner au profit du républicanisme jusqu'à certains de ses détails et de ses accessoires ». 1

1 Journal de spectacles, 8 septembre 1793, p. 548.

[César : 18 représentations du 6 septembre au 21 novembre 1793. André Tissier, les Spectacles à Paris pendant la Révolution, tome 2, p. 834, 1376 : 19 représentations au Théâtre du Palais-Cité Variétés à partir du 6 septembre 1793, 5 représentations au Théâtre de l'Ambigu-Comique à partir du 22 octobre 1793]

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