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L'Anglais à Bagdad, ou l’Intrigue turque

L'Anglais à Bagdad, ou l'Intrigue turque, vaudeville. en un acte, de Moreau, Oury et Théaulon, 6 mai 1812.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Anglais à Bagdad (l’), ou l'Intrigue turque

Genre

comédie vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

6 mai 1812

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Moreau, Oury et Théaulon

Almanach des Muses 1813.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1812.

L’Anglais à Bagdad, comédie anecdote, En un Acte, en prose, mêlée de vaudevilles ; Par MM. Moreau, Ourry et Théaulon ; Représentée, pour la première fois, sur le Théâtre du Vaudeville, le Mercredi 6 mai 1812.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 17e année, 1812, tome III, p. 188-189 :

[La pièce est censée s’inspirer de l’aventure réelle d’une Anglaise, curieuse de connaître les mœurs du sérail. C’est cette anecdote que le compte rendu raconte assez longuement, avant d’arriver à la pièce française, dont le sujet est donc fort délicat, ce qui justifie les changements destinés à simplifier la tâche des auteurs : « le lieu de la scène, l'état des personnages », ainsi que les sentiments du khalife, « d'une extrême délicatesse ». Après le détail de ces changements, le critique donne son avis : dialogue spirituels, couplets « saillans et bien tournés », mais des longueurs. Les auteurs sont cités, mais c’est surtout l’occasion de leur reprocher des fautes de chronologie et de civilisation : à l’époque où la pièce est censée se dérouler, Bagdad n’est pas une ville turque.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

L’Anglois à Bagdad, ou l’Intrigue Turque, vaudeville en un acte, joué le 6 mai.

Une aventure arrivée à ladi Montaigue, a fourni le sujet de la pièce.

On sait que cette dame, épouse de l'ambassadeur anglois à Constantinople, étoit liée d'amitié et de correspondance avec les .hommes de lettres les plus distingués de l'Angleterre. Il existe même un recueil de ses lettres.

Curieuse de connoître à fond les mœurs et les usages de la Turquie, ladi Montaigue osa concevoir le projet de s'introduire jusques dans le harem du grand-seigneur ; l'or lui en ouvrit les portes. Mais,, s'il faut en croire la chronique scandaleuse, elle fut découverte par le sultan lui-même, obligée de payer la rançoa que lui imposa le galant monarque, et sortit n'ayant plus rien à apprendre des coutumes les plus secrètes du sérail, ni des cérémonies par lesquelles on célèbre le bonheur de l'odalisque sur laquelle le grand-seigneur laisse tomber l'honneur de son choix.

Lord Montaigue, moins curieux que son épouse de connoître tous les usages de l'Empire du Croissant, eut la gaucherie de prendre en mauvaise part la promenade de son épouse dans les jardins du sultan, et se sépara d'elle pour toujours.

Tel est le sujet que des auteurs ont eu la témérité de mettre en scène. On sent toutes les difficultés qu'il présentoit. Ils ont eu l'adresse d'en esquiver un grand nombre, en changeant le lieu de la scène, l'état des personnages, et en prêtant au prince des sentimens d'une extrême délicatesse.

A l'ambassadeur ils ont substitué un envoyé de la Compagnie des Indes ; ils ont transporté la scène à Bagdad. Le kalife ne veut que donner une leçon innocente à l'envoyé et à sa jeune et jolie femme, qui brûlent, chacun de leur côté, du désir de connoître l'intérieur du sérail. Obligés de prendre le costume musulman, les deux époux sont mis en face l’un de l'autre. Double reconnoissance, surprise égale, éclats de rire de la femme, fureur du mari qui s'apaise sur la parole que lui donne le sultan, qu'il en est quitte pour la peur.

Le dialogue est spirituel, les couplets sont saillans et bien tournés. Il y a quelques longueurs dans le milieu de l'ouvrage.

Les auteurs sont MM. Moreau, Oury et Théaulon. Ils auraient pu faire disparaître quelques fautes de chronologie-, et ne pas mettre un envoyé de la Compagnie des Indes, qui n'existoit pas à l'époque où Bagdad étoit la capitale de l'Empire des kalifes. Autre observation : ces kalifes n'étoient pas des Turcs ; Bagdad étoit une ville de Perse, et je ne sais pourquoi ils ont intitulé leur pièce, l’lntrigue Turque.

L'Esprit des journaux français et étrangers, 1812, tome VI, juin 1812, p. 291-292 :

[Une lady anglaise veut connaître les moeurs du sérail : curiosité qui n’est pas sans risques, puisque « milady, comme ont dit les auteurs de la pièce nouvelle, [n’a] pu sortir du harem comme elle y était entrée ». Vraie ou faux, cette anecdote constitue le fonds fort délicat à traiter de cette pièce, et il a bien fallu que les auteurs ménagent autant « la délicatesse du public que la vertu de la dame ». Qualifiée de « joli vaudeville », la pièce est riche de traits d’esprit et de situations traitées avec art. Déplacée de Constantinople à Bagdad, la pièce a connu un vif succès, et les auteurs ont été nommés.]

L’Anglais à Bagdad, ou l’Intrigue turque.

Désir de femme est un feu qui dévore ;

Mais il en est qu’il est plus ou moins imprudent de satisfaire, et milady Montague eut sans doute à se repentir de celui qui la porta à pénétrer dans le sérail du Grand-Seigneur, s’il est vrai que Sa Hautesse, instruite de l’aventure, n’ait voulu voir dans la belle anglaise qu’une odalisque de plus, et que milady, comme ont dit les auteurs de la pièce nouvelle, n’ait pu sortir du harem comme elle y était entrée. Quoi qu’il en soit, c’est cette anecdote vraie ou fausse qui fait le fonds de la pièce. On sent ce qu’un pareil sujet exigeait de ménagement. En donnant au Grand Turc la continence de Scipion, en introduisant sur la scène l’époux de milady, qui, comme elle, a eu le désir de visiter le sérail, et qui s’y retrouve avec sa femme au moment où il ne croit avoir à consoler qu’une jeune esclave de sa nation, les auteurs ont habilement évité l’écueil ; ils n’ont pas moins ménagé la délicatesse du public que la vertu de la dame. Ce joli vaudeville n’abonde pas seulement en traits d’esprit, en couplets ingénieux et piquans, on y trouve encore des situations amenées et traitées avec art. C’en est une des plus plaisantes, par exemple, que celle où milady, honorée du mouchoir, reçoit les cadeaux d’usage. Désespérée du dénouement qu’elle appréhende, ces riches présens font néanmoins diversion à sa douleur, et l’on finit par ne plus trop savoir ce qui la touche le plus, ou de la crainte de manquer à son époux, ou du regret de ne pouvoir accepter tous ces dons. Cette scéne serait partout une scène de comédie fort aimable. Les auteurs, en changeant les noms, et en transportant le lieu de la scène ailleurs qu’à Constautinople, ont agi ainsi par un motif tout-à-fait louable. Leur Anglais à Bagdad a reçu à Paris le plus flatteur accueil. Les noms des auteurs étaient presque garans du succès : ce sont MM. Ourry, Moreau et Théaulon.

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