L'Argent du Voyage, ou l’Oncle inconnu, comédie en un acte, par Madame de Bawr, 1er mai 1809.
Théâtre de l'Impératrice.
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Titre :
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Argent du voyage (l’), ou l’Oncle inconnu
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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1er mai 1809
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Théâtre :
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Théâtre de l’Impératrice (de l’Odéon)
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Auteur(s) des paroles :
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Madame de Bawr
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Almanach des Muses 1810.
Ouvrage faible, qui a peu réussi.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Adrien Garnier, chez Martinet, 1809 :
L'Argent du voyage, ou l'oncle inconnu, comédie en un acte et en prose, Représentée pour la première fois, sur le théâtre de l'Odéon, par les comédiens ordinaires de S. M. l'Impératrice, le 1er. Mai 1809.
Il n'y a pas de nom d'auteur sur cette page.
Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, année 1809, tome III, p. 157-158 :
[Résumé un peu condescendant : ce que la pièce montre n’existe que dans l’univers merveilleux du théâtre (un oncle compréhensif, un neveu généreux, un mariage devenu possible). La dernière phrase incite à l’indulgence, mais est-ce parce que l’auteur pourrait bien être une dame ?]
Un étourdi qui mange à Paris l'argent destiné à ses études, cela n'est pas nouveau. Un oncle qui se donne la peine de venir près de lui se déguiser en usurier pour l'éprouver ou le corriger, cela est rare dans le monde ; mais non pas au théâtre. Le jeune homme est amoureux ; il a bon cœur ; il perd la moitié de l'argent destiné à son voyage ; mais il fait de l'autre un bon usage, et aime mieux s'en aller à pied que de manquer l'occasion de faire un trait de générosité. Voilà de quoi charmer tous les oncles de comédie, et faire terminer à l'instant tous les mariages possibles, au théâtre. Il ne faut pas juger sévèrement ce petit ouvrage qui est, dit-on, d'une Dame.
La Dame en question serait Alexandrine-Sophie baronne de Bawr. Voir par exemple Rabbe, Biographie universelle et portative des contemporains (1836), tome 5, p. 42.
L’Esprit des journaux français et étrangers, tome VII, juillet 1809, p. 277-281 :
[La pièce a connu un succès modeste, à l’image de son auteur, resté anonyme. Sujet sans originalité, scènes peu liées, peu développées, de l’art et de la facilité, pour qu’une telle pièce réussisse, il aurait fallu que les acteurs la jouent avec rapidité et aisance. Mais ce n’était pas le cas : des rôles peu sus, des acteurs qui n’étaient même pas les doublures de l’Odéon. Ils n’ont pas sauvé des rôles peu importants. Après le résumé de l’intrigue, plus que convenue (il y a bien mariage à la fin entre le neveu et la fille de l’oncle, comme de bien entendu), .le critique évoque les deux bonnes scènes de la pièce ainsi que le dialogue, spirituel, avec des mots heureux. Il le compare à de la dentelle, ce qui lui permet de révéler que la pièce est l'œuvre d’une femme qu’il juge spirituelle, mais à qui il croit bon de rappeler que « la comédie est [...] une conversation écrite », sa pièce étant sans doute coupable de négligence et de manque d’invention. Mais ce rappel n’est destiné qu’à encourager de nouveaux travaux d’écriture, plus aboutis cette fois.]
Théâtre de l'Impératrice
L’Argent du Voyage.
Cette petite pièce a obtenu le succès auquel la modestie de son auteur anonyme paraissait borner sa prétention : le sujet n'est ni neuf, ni très-saillant ; les scènes n'offrent pas toujours la liaison et les développemens convenables, et la pièce décèle moins d'art et de travail, qu'elle ne prouve d'esprit et de facilité ; mais telle qu'elle est, on peut la compter au nombre des productions légères auxquelles la rapidité, l'aisance et l'ensemble du jeu de acteurs donneraient le mouvement et la vie qui leur sont nécessaires : or, ces qualités ont souvent manqué à la plupart des acteurs dont la physionomie s'est montrée dans le petit tableau de fantaisie dont il s'agit ; les rôles auraient pu être mieux sus, et avant tout mieux distribués ; quand sur six ou sept acteurs on en compte trois qui ne sont pas même les doubles, mais bien les triples d'une troupe telle que celle de l'Odéon, il faut avouer que le public, s'il n'avait une extrême bienveillance, pourrait concevoir contre l'ouvrage un préjugé que le théâtre semble établir lui-même. Les rôles dont il s'agit étaient peu importans sans doute, c'était une raison de plus pour les confier à des acteurs que le public aime à voir : ces acteurs-là donnent de l'intérêt aux rôles faibles ; les autres, de rôles faibles font des rôles nuls.
L'exposition de la petite pièce dont il est question, est claire et facile. Voici le sujet qu'elle annonce:
Un oncle qui, du fond de la Bretagne, entretient à Paris un neveu qu'il destine à sa fille, apprend que les séductions du grand monde, et quelquefois celles d'une assez mauvaise compagnie, l'entraînent à de folles dissipations ; il veut observer par lui-même la conduite de ce neveu, qui ne le connaît pas, et il se présente à lui sous un nom supposé : bientôt il est admis par le jeune homme dans cette sorte d'intimité qu'à cet âge on offre avec tant de complaisance ; il apprend à connaître les amis dont son neveu s'entoure, les goûts qu'ils lui inspirent, les habitudes qu'ils lui font contracter, le jargon, le ton tranchant et superficiel qu'il prend à leur école, le sujet futile ou peu moral de leurs entretiens et de leurs occupations. Il voit enfin que son neveu est en bon chemin de se perdre : il essaie de le ramener par une lettre qu'il est censé lui écrire du fond de la Bretagne ; à cette lettre, qui presse le retour du jeune homme dans sa province, est joint un effet de cent louis : à peine reçus, cinquante de ces louis sont perdus sur une carte ; les autres vont prendre la même route, lorsque l'oncle, qui a joué le rôle de propriétaire de la maison qu'habite le jeune homme, vient lui demander dix louis qui lui sont dus : il est d'abord assez mal reçu, mais il feint d'éprouver une gêne pressante ; ce n'est pas de dix louis seulement qu'il aurait besoin, c'est de cinquante, ou il est menacé de perdre son crédit. A ce mot, notre joueur s'arrête et s'émeut, donner dix louis dus, lui semblait ridicule; mais en prêter cinquante pour une bonne action lui parait très-facile, et ensuite s'en aller à pied en Bretagne très-commode : ce trait prouve à l'oncle que si la tête du jeune homme est mauvaise, le cœur est bon ! on devine le reste.
La scène du déjeûner entre les trois étourdis, l'oncle présent, a fait plaisir ; les détails en sont agréables, naturels ; elle a, quant au langage et au ton des personnages, un mérite d'observation assez piquant : celle où l'oncle joue le rôle de créancier est bonne, et le serait davantage avec un peu plus de développement : les rôles des amis du jeune homme devraient être plus liés à l'action, et répandre quelque comique sur le dénouement ; ainsi la pièce compte deux scènes agréables dans un très-petit cadre, un dialogue spirituel des mots heureux, une broderie légère sur un fond léger comme elle : ce mot de broderie rappelle un joli ouvrage avec lequel les femmes se plaisent à jouir d'un loisir occupé : c'est donc ici le mot propre, car on dit que l’Argent du voyage est la production d'une femme sans doute très-spirituelle ; on a dû le deviner à la représentation, mais aprés la représentation, et même après le succès on peut lui rappeller que si la comédie est une conversation, c'est une conversation écrite, que trop de facilité y ressemble souvent à de la négligence, que la comédie la plus légère veut un peu d'invention et toujours beaucoup d'art.
L'auteur qu'on a vainement demandé se disait peut-être tout cela en se couvrant du voile de l'anonyme ; le lui répéter serait donc inutile, si ce ton un peu doctoral n'avait en vue d'autres essais dont le travail peut faire des ouvrages, d'autres tentatives qui peuvent être de véritables succès.
L’Opinion du parterre, ou Revue de tous les théâtres de Paris, septième année (1810), p. 291-292 :
Lundi 1er Mai.
Première représentation de l'Argent du voyage, comédie en un acte et en prose, de N.... L'auteur n'a pas été nommé. (On présume que cette pièce est d'une dame). Espèce de succès.
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