Arioste gouverneur, ou le Triomphe du génie

Arioste gouverneur, ou le triomphe du Génie, en un acte, de Desfaucherets et Roger, 24 ventôse an 8 [15 mars 1800].

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Arioste gouverneur, ou le Triomphe du génie

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des

Musique :

vaudevilles

Date de création :

24 ventôse an 8 (15 mars 1800)

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Desfaucherets et Roger

Almanach des Muses 1801

L'Arioste aime Alexandra, mais il communique difficilement avec elle. Il la prie, si elle approuve son amour, de mettre une rose dans la main d'une statue de Minerve. Elle vient rêver auprès de cette statue, elle tient une rose, son père la surprend, et c'est lui qui, sans se douter du service qu'il rend à l'Arioste, place la rose dans les doigts de Minerve. Cependant des brigands se sont introduits dans le jardin du pere d'Alexandra, ils vont le saisir, et emmener l'Arioste qui se trouve là. Mais au nom de ce grand poète, ils tombent à ses pieds. Ce témoignage de considération et de respect émeut le père, qui consent à l'hymen de sa fille avec l'Arioste.

De l'esprit, de la finesse, de très-jolis couplets.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez le libraire au Théâtre du Vaudeville, an VIII :

Arioste gouverneur, ou le Triomphe du génie, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles. Par J. L. Brousse-Desfaucheretz et F. Roger. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le 24 ventose, an 8.

Courrier des spectacles, n° 1107 du 26 ventôse an 8 [16 mars 1800 ], p. 2 :

[Le compte rendu s'ouvre par quelques rappels sur l'Arioste, les dates de sa vie, puis, sous le signe du célèbre « tout le monde sait que », son plus grand titre de gloire. Mais la pièce porte sur une anecdote montrant sa popularité parmi les brigands infestant la région dont il a été nommé gouverneur. Après avoir promis l'analyse de la pièce pour le lendemain, et porté un jugement très mitigé sur la pièce, trop lente à la fin – on en saura plus le lendemain – et au dénouement « peu agréable », le critique cite un couplet parmi ceux qui ont été applaudis, puis signale in extremis la cause de la lenteur de la fin de la pièce : une altercation entre acteurs.]

Théâtre du Vaudeville.

L’Arîoste , que l’Italie compte au rang de ses plus grands poètes, nacquit en 1474, dans le duché de Modène, et mourut à l'âge de 59 ans, en 1533. Tout le monde sait qu’il doit la plus grande partie de sa gloire à son poème d'Orlando furioso. On raconte de lui l’anecdote suivante, qui a donné lieu à la pièce représentée hier pour la première fois à ce théâtre, sous le titre de l'Arioste. Nommé gouverneur d’une province infestée par les brigands, il appaisa tous les esprits et se fit aimer par ses ennemis même. Un jour sortant de sa forteresse en robe-de-chambre, sa rêverie le conduisit assez loin pour être arrêté par les brigands, qui le reconnurent, tombèrent à ses pieds et le reconduisirent avec respect jusqu’à la forteresse. — Nous donnerons demain l’analyse de cet ouvrage, qui a traîné un peu vers la fin et qui s’est dénoué d’une manière peu agréable, quoiqu’on y eût applaudi quelques couplets, et entr’autres ceux-ci, chantés avec infiniment de goût par le citoyen Julien :

Arioste (entrant en scène).

Air ; Femmes voulez-vous éprouver ?
          Ou de Georges Jadin.

Divinité des malheureux,
Mystère, que ton voile sombre
D’un amour tendre et dangereux
Cache les secrets sous son ombre :
Echo ! que frappent mes accents,
Pour l’Amour seul ah ! sois fidèle,
Tais toi pour les indifférents,
Echo ! ne parle que pour elle.

Amour, j’ai fait chérir tes feux,
J’ai chanté ton pouvoir suprême,
Portant ta gloire jusqu'aux Cieux
Je t’ai soumis l’Enfer lui-même ;
Tu dois quelque chose à mes vœux,
Vois le désespoir où nous sommes ;
Je t'ai fait le plus grand des Dieux,
Fais-moi le pus heureux des Hommes.

Nota. Nous apprenons à l’instant que ce qui a causé un moment d’attente et de refroidisse ment, est une altercation survenue entre deux acteurs. Deux scènes ont été passées ; cet accident a fait paroître le dénouement un peu brusque.

G ***.          

Courrier des spectacles, n° 1108 du 27 ventôse an 8 [17 mars 1800 ], p. 2 :

[L'analyse promise la veille. Ce que le critique appelle un « sujet historique » est traité de façon peu historique (celui qui devrait être le protecteur du poète est remplacé par un haut personnage qui a le mérite d'avoir une nièce, ce qui permet de nouer une intrigue sentimentale, indispensable dans une comédie du Vaudeville. Une intrigue sans surprise, puisque les brigands s'inclinent devant le poète et que l'oncle lui accorde la main de sa nièce. « Des couplets tournés avec grace et facilité », mais un ensemble assez froid, et offrant peu d'intérêt. L'article finit par une fine allusion à une scène de la pièce que les Annales dramatiques de Babault, citées ci-dessous, explique de façon précie.]

Théâtre du Vaudeville.

Voici comment les cit. Roger et Faucherets ont traité le sujet historique indiqué dans notre numéro d’hier, sur l'Arioste. Au lieu du cardinal Hypolyte d’Est, protecteur et ami du poëte, ils ont introduit en scène un comte Bembo, tuteur d’une nièce dont l’Arioste est amoureux. C’est chez ce Comte que se passe la scène ; c’est chez lui que le Gouverneur-poëte vient secrètement apporter des vers à sa maîtresse, et qu’il y trouve une réponse analogue. Des brigands de la contrée sont parvenus à se procurer une clef du jardin et s’y introduisent. L’Arioste, à l’heure convenue, croit trouver sa maîtresse au rendez-vous, et il est arrêté par les brigands, qui ont déjà entre leurs mains sa maîtresse ; mais lors qu’il se nomme, le chef des brigands lui rend sa liberté et son amante, que le comte Bembo lui accorde en mariage.

Il y a des couplets tournés avec grace et facilité ; mais, en général, l’ouvrage est un peu froid et présente peu d’intérêt. On a cependant remarqué avec satisfaction une scène où le Tuteur place une rose dans la main de la statue de Minerve. Il y a là du comique de situation.

La Décade Philosophique, Littéraire et Politique, an viii, N° 18 (30 Ventose), p. 564-565 :

[...] C'est par des couplets très-ingénieux, des pensées fines et délicates que les auteurs ont sur-tout embelli ce sujet spirituel et léger, pris dans une anecdote véritable de la vie du poëte. On doit cette jolie pièce aux CC. Desfaucherets et Roger.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome VI, p. 417 :

[Bref compte rendu d’un vaudeville ayant obtenu « un succès flatteur ». « sujet léger », mais « très-jolis couplets ».]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Arioste.

Arioste aime Alexandra, fille du comte Bembo. Des brigands qui s'introduisent dans le jardin de Bembo, rencontrent Arioste, et se saisissent de lui ; mais à son nom ils tombent à ses genoux. Ce trait émeut le comte, qui lui donne sa fille. Le sujet léger de cette anecdote, puisée dans la vie de l’Arioste, a été embelli de très-jolis couplets par les CC. Roger et Desfaucheretz. Cette petite pièce a obtenu un succès flatteur.

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-neuvième année, tome VI, pluviôse an VIII [février-mars 1800], p. 220-221 :

[D’abord le résumé de l’intrigue, sur la vérité historique de laquelle le critique ne se prononce pas. On y assiste à la rédemption des affreux brigands, qui changent d’attitude quand ils identifient le grand poète. La pièce a été représentée dans des conditions difficiles : sans doute mal préparés et un peu énervés, les acteurs se sont querellés en coulisse, ont oublié une partie du texte et ont manqué une entrée essentielle. Il faudra donc attendre pour la juger, car elle n’est pas sans qualités : « beaucoup d'idées fines, des couplets bien tournés, & des situations aussi neuves que piquantes ». Le critique espère que la deuxième représentation sera plus en mesure de juger la pièce. Les auteurs ont été nommés.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

L'Arioste, vaudeville.

L'Arioste, si célèbre par son poëme de Roland le furieux, est nommé gouverneur d'une province infestée de brigands (les Condottieri). Il est épris de la fille du comte Benbo, son voisin, & il veut avoir avec elle des entretiens nocturnes. Au moment où il rôde autour du château qui renferme l'objet de son amour, il est surpris par des voleurs, & déjà il se voit contraint de céder à la force, quand une exclamation qui lui échappe , fait reconnoître en lui l'illustre auteur de l'Orlando. Tous les brigands, saisis de respect, se précipitent à ses genoux & lui rendent un éclatant hommage. Le comte Benbo survient alors, appelant & cherchant sa fille. Elle venoit d'être enlevée par ces mêmes Condottieri, qui la destinoient déjà aux plaisirs de leur chef ; mais, en considération de l'Arioste qui aime cette noble demoiselle, l'enfant est rendue à son père, & les deux amans sont unis.

Tel est à peu près le fonds du vaudeville joué dernièrement pour la première fois sur ce théâtre, sous le titre de l'Arioste. Une querelle de coulisse ayant étourdi les acteurs au moment qui exigeoit le plus de précision, quelques phrases ont été oubliées ; une entrée indispensable a été manquée, & le dénouement, ainsi tronqué, a excité de violens murmures. Cet événement est d'autant plus fâcheux pour les auteurs, que, sans lui, leur pièce auroit obtenu un plein succès : on y trouve beaucoup d'idées fines, des couplets bien tournés, & des situations aussi neuves que piquantes ; il faut croire que la 2e. représentation de cette pièce détruira l'impression défavorable de la première, & que l'ouvrage, joué désormais avec moins de négligence, obtiendra un succès égal à celui de nos plus jolis vaudevilles.

Les auteurs ont été demandés & nommés ; ce sont les CC. Desfaucherets & Roger.

Babault, Annales dramatiques, tome 1 [1808], p. 325 :

ARIOSTE, ou le Triomphe du Génie, vaudeville en un acte, par MM. Desfaucherets et Roger, au Théâtre du Vaudeville, 1799.

Arioste, épris des charmes d'Alexandra, ne peut la voir que difficilement : il la prie, si elle approuve son amour, de mettre une rose dans la main d'une statue de Minerve. Occupée de sa flamme, et munie de la rose, Alexandra vient se reposer dans le jardin, auprès de cette statue ; son père la rejoint ; et, sans se douter de l'amour de sa fille, prend la rose, et la place dans les doigts de Minerve. Arioste, au comble de ses vœux, s'empresse d'accourir, lorsque des brigands, qui se sont introduits dans le jardin du père d'Alexandra, s'emparent de celui-ci, et vont l'emmener avec Arioste ; mais à peine a-t-on prononcé le nom de ce grand poëte, que tout-à-coup ces brigands extraordinaires tombent à ses pieds. Ce témoignage de considération et de respect émeut le père, qui n'a rien de mieux à faire, que de consentir à l'hymen de sa fille avec Arioste.

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