L'Arsenal d'Inspruck, ou les Drapeaux du 76e de ligne

L'Arsenal d'Inspruck, ou les Drapeaux du 76e de ligne, fait historique à grand spectacle, de Hapdé et Latoulinière [Delatoulinière], musique de Piccini et Darondeau, 21 juillet 1810.

Théâtre des Jeux Gymniques.

Journal de l'Empire du 24 juillet 1810, p 3 :

[Compte rendu se limitant pratiquement à résumer une intrigue à la gloire de la vaillance des Français, et de l'amour. Après une phrase flattant le « zèle » du théâtre pour « notre gloire nationale », le critique suit l'ordre des événements sans les commenter (il ne trouve rien d'étonnant à cette histoire de jeune fille autrichienne combattant sous uniforme français aux côtés de son amant), avaut une dernière phrase constatant le succès. Les auteurs ne sont pas nommés, la musique n'est pas signalée.]

Première représentation de l'Arsenal d'Inspruck ou les Drapeaux de la 76e demi-brigade, pantomime en deux tableaux.

Cette administration ne cesse de signaler son zèle, en exposant aux yeux du public les tableaux de notre gloire nationale. La scène du premier tableau est dans un village voisin d'Inspruck, lieu du cantonnement de la 76e demi-brigade. Ernest, porte-drapeau de la compagnie, est amoureux de Maria, fille du bourgmestre ; mais s'il est aimé, il n'est du moins pas heureux, et sa maîtresse semble lui préférer son rival Peters, qui n'est qu'un niais. Le crime d'Ernest, aux yeux du père et de la fille, est d'avoir perdu son drapeau ; il ne peut obtenir le consentement du père et l'aveu de la fille qu'en effaçant cette tache par un exploit glorieux. Si les guerriers sont chéris des belles, c'est à cause de leur courage : la foiblesse d'un sexe timide s'attache naturellement aux braves capables de la protéger. Ernest, informé que les drapeaux enlevés à la 76e. demi-brigade sont dans l'arsenal d'Inspruck, forme la résolution de réparer son honneur et de se rendre digne de la beauté qu'il aime.

Le second tableau découvre au spectateur l'intérieur de l'arsenal d'Inspruck. On s'attend à une attaque des Français, et on fait des dispositions pour la bien soutenir. Ernest se distingue par son ardeur entre tous les assaillants ; à ses côtés est un jeune guerrier qui ne lui cède point en courage : c'est sa maîtresse Maria, déguisée en militaire. Les efforts réunis de ces deux amans triomphent de tous les obstacles qu'on leur oppose : les drapeaux sont reconquis. Le général, qui avait admiré dans l'action l'intrépidité d'Ernest et de sa compagne, couronne un si brillant exploit en les unissant aux yeux de toute l'armée. Ces tableaux ont paru très intéressans, et ont excité le plus vif enthousiasme.

Louis Henry Lecomte, Histoire des théâtres de Paris: les Jeux gymniques, 1810-1812, le Panorama dramatique, 1821-1823 (Paris, 1908), p. 21 :

21 juillet : L'Arsenal d'Inspruck, ou les Drapeaux du 76e de ligne, fait historique, par *** (Augustin Hapdé) et De Latoulinière, musique de Piccini et Darondeau.

Ernest, porte-drapeau du 76e de ligne, aime la jeune tyrolienne Maria, mais le père de celle-ci ne veut consentir au mariage des amants que lorsqu'Ernest aura reconquis l'étendard confié à sa garde. Cet étendard et d'autres appartenant à la même demi-brigade sont suspendus aux voûtes de l'arsenal d'Inspruck, d'où les Français brûlent de les arracher. Maria, craignant qu'Ernest commette, pour l'obtenir, quelque acte de folie, trouve moyen de se glisser dans les rangs français : faite prisonnière, elle est conduite à l'arsenal, reconnue et condamnée à mort. L'attaque des troupes françaises fait ajourner l'exécution. Confiée à la garde de quelques soldats autrichiens, Maria profite de leur distraction pour s'emparer d'un des drapeaux du 76e, et se cache au milieu d'un trophée. Pendant ce temps l'arsenal est envahi par les nôtres: Ernest, qui lutte contre un officier ennemi pour lui arracher son drapeau, va succomber peut-être, quand Maria, de sa cachette, tue d'un coup de fusil l'étranger. Le 76e pénètre alors de tous côtés dans l'arsenal et ressaisit avec transport ses étendards, pendant qu'Ernest et Maria sont présentés au Maréchal d'Empire qui les unit.

Spectacle qui, malgré son éclat, fut accueilli sans enthousiasme.

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