L'Assemblée électorale à Cythère, intermède en un acte mêlé de vaudevilles, de Delanoë [Jules-Julien-Gabriel Berthevin] et Armand-François-R.-C.-L Chateauvieux, 3 floréal an 5 [22 avril 1797].
Théâtre de la Cité.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Berthevin et Ripault, aan 5 (1797) :
L'Assemblée électorale à Cythère, intermède en un acte et en vaudevilles, Représenté sur le Théâtre du palais le 3 Floréal 1797.
Suspicione si quis errabit suâ,
Et rapiet ad se, quod erit commune omnium,
Stultè nudabit animi conscientiam.
PHÆDRUS, Lib. 3.
Par MM. Berthevin et Chateauvieux.
La citation de Phèdre peut se traduire ainsi :
Celui qui, s’égarant en de vains soupçons, prendra pour lui seul ce qui concernera tout le monde, mettra à nu sottement le fond de sa conscience.
C'est une prudente mise en garde sur la portée de la pièce.
La pièce est précédée dans la brochure par une préface-dédicace :
PRÉFACE ET DÉDICACE
Quoi ! ̶ une Préface! ̶ Notre imprimeur nous en demande une. ̶ Pour une aussi petite Pièce ? ̶ La Préface sera plus courte encore. ̶ Qu'y pourrez-vous dire ? parlerez-vous sur le genre de cette bagatelle ? ̶ Tant d'auteurs ont créé des règles pour justifier leurs propres écrits, que nous ne voulons pas encourir ce reproche. ̶ Vous avez copié Saint-Foix, Algarotthi ; des milliers de pièces ressemblent à la vôtre. ̶ Nous n'avons lu personne, et si nous ressemblons à quelqu'un, nous nous enorgueillirons de mériter cette critique.
Notre Préface est finie, et si vous nous lisez jusqu'au bout, c'est à vous que nous dédions notre Ouvrage.
Courrier des spectacles, n° 107 du 4 floréal an 5 [23 avril 1797], p. 3-4 :
[Petite pièce de circonstance en période électorale. Une sorte d'allégorie montrant les dieux de la mythologie choisissant un député à envoyer sur terre. L'assemblée, d'abord calme, est troublée par une Discorde exigeant, et obtenant de tous un serment. C'est l'Amour qui est envoyé parmi les hommes. Le critique souligne la minceur de la pièce, peut-être aussi la fausseté du genre, et il invite l'auteur à abandonner ce style, éventuellement dangereux, puisqu'il semble penser que la pièce pourrait ne pas être jouée une seconde fois (elle ne le sera que trois fois) : trop politisée, et revendiquant une liberté au théâtre qu'il lui paraît difficile de laisser sans frein. Des interprètes inégales, de jolis décors.]
Théâtre de la Cité.
Ce théâtre où sont réunis biens [sic] des genres à-la-fois, et où un sur-tout (celui de la pantomime) , brille beaucoup, donna hier un petit vaudeville intitulé l'Assemblée Electorale à Cythère. En voici l’analyse :
Les Graces, Mercure, Vénus et toute sa cour, forment une assemblée Electorale, et veulent choisir un député pour l’envoyer sur la terre. Vénus est présidente, et Mercure secrétaire. On va pour donner son scrutin, quand une furie, c’est sûrement la Discorde, vient exiger de l’assemblée un serment de fidélité. La prudence les fait consentir à tout ; ils font le serment prescrit, et votent librement. C’est l’Amour qui recueille tous les suffrages. Il part pour aller consoler les mortels attristés de son absence.
On avouera que ce vaudeville est trop peu de chose pour s’appesantir à le critiquer avec sévérité. On peut seulement conseiller à l’auteur d’abandonner un genre où brilla si bien Sainte-Foix ; un genre où il est si difficile de suivre ses traces sans être, parfois, très-fade et monotone ; un genre enfin qui ne fera jamais de grande réputation à ceux qui s’y adonnent. Il y a, dans le vaudeville de l’assemblée Electorale à Cythère, quelques couplets malins ; des gens ont cru devoir conclure que la pièce n’auroit pas une seconde représentation, attendu qu’on appercevoit une application trop forte. Il n’est pas permis à un auteur d’être aussi libre dans ses ouvrages, qu’un orateur, un journaliste peuvent l’être dans leurs discours ou leurs feuilles périodiques ? La liberté au théâtre ne doit pas être aussi tolérée que la liberté de la presse ; de tout temps on a senti les dangers de la première.
Chez toutes les nations une politique sage a toujours mis un frein utile à la licence des auteurs dramatiques.
M.lle Julie a bien joué le rôle de Vénus. M.lle Saint-Lys, qui a débuté au théâtre Montansier, avec beaucoup de succès, dans Nanine, joua hier le rôle de l’Amour : autant nous lui prodiguâmes de louanges pour sa sensibilité et ses grandes dispositions, autant nous l’invitons, avec franchise, à abandonner le genre du vaudeville où elle est loin d’être aussi bien que dans la comédie (les graces exceptées) ; sa voix est extrêmement foible, et très-souvent fausse.
Les décorations de la. pièce sont jolies, et ce spectacle ne ménage rien pour s’assurer la bienveillance du public.
D. S.
La base César indique que la pièce, attribuée au seul Berthevin, a connu 3 représentations, les 22 et 23 avril et 5 mai 1797.
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