L'Astrologue de village

L'Astrologue de village, comédie mêlée de vaudevilles, 15 juin 1793.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Astrologue de village (l’)

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

 

Vers / prose ?

en prose avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

15 juin 1793

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Favart et Pannard

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 8 (août 1793), p. 320 :

[Aucune allusion, dans ce compte rendu à l’origine de la pièce, que la base César date de 1743... En tout cas, c’est une chute complète qui est décrite, et d’abord expliquée par deux « incongruités » (des allusions aux cornes que porteraient certains maris). Puis une autre explication est développée : la pièce pourrait avoir été victime d’une cabale, et le critique développe le scandale des premières représentations où des spectateurs mercenaires font le succès ou l’échec des pièces. Il poursuit sa réflexion sur le sort des pièces nouvelles, dont le sort dépend de ces cabales, favorables ou hostiles; indépendamment de la valeur des pièces. « Faut-il s'étonner après cela de trouver quelquefois si bête en la lisant une piece qu'on a applaudie avec une sorte de fureur à la représentation, & si agréable celle qu'on a enterrée sous les sifflets, sans vouloir même se donner la peine de l'entendre ? » Et il utilise une nouvelle fois la comparaison avec le juge condamnant sans entendre le prévenu.]

L'Astrologue de village, comédie mêlée de vaudevilles, représentée pour la premiere fois le 15 juin 1793.

Un astrologue un jour se laissa cheoir
Au fond d'un puits. On lui dit : pauvre bête,
Tandis qu'à peine à tes pieds tu peux voir,
Penses-tu lire au-dessus de ta tête ?

Tel est l'astrologue du bon Lafontaine, & tel auroit été sans doute celui de la comédie, si l'on avoit laissé achever la piece. Mais le public, très-rigoureux ce jour-là, ne voulut pas l'entendre jusqu'au bout. L'astrologue du vaudeville est, de plus que celui de Lafontaine, amoureux d'une jeune paysanne, & cette passion lui tourne la tête jusqu'au point de lui faire oublier sa science, & quelquefois même sa langue.

Un des interlocuteurs de cette piece ayant prétendu que si l'astrologue épousoit Lucette, il auroit bientôt chez lui des cornes d'abondance, & que quand il parcourroit le zodiaque il seroit forcé de s'arrêter au sìgne du capricorne, on entendit des huées & des coups de sifflets partir de tous les coins du parterre. II est donc bien vrai qu'on exige que le langage s'épure en raison de ce que les mœurs se corrompent.

Quoi qu'il en soit, la piece n'alla que jusqu'à la quatrieme ou cinquieme scene, & l'on ne voulut pas même donner le tems à l'astrologue de se jetter dans le puits ; ce qui auroit, à ce qu'on assure, bien fait rire la compagnie.

Mais, telle qu'elle étoit, cette piece méritoit-elle d'être si rigoureusement traitée ? Nous ne le croyons pas ; une ou deux incongruités, qu'il eût été facile d'élaguer, ne devoient pas suffire pour faire perdre à l'auteur le fruit de ses veilles. Pour le juger avec impartialité, il auroit fallu du moins écouter sa piece jusqu'au bout. Que diroit-on d'un magistrat qui condamneroit à de gros dommages un homme qu'il refuseroit d'entendre ? Si le commencement de l'astrologue de village étoit mauvais, n'étoit-il pas possible que la fin en fût bonne ? & alors, avec quelques corrections, la piece seroit restée au théatre. N'étoit-il pas possible encore que quelques ennemis de l'auteur eussent monté cette cabale pour lui nuire ? Pourquoi donc devenir les complices de quelques malveillans ? Pourquoi devenir l'instrument de quelques haines particulieres ? Ah ! que le public se lasse de commettre de semblables injustices!

Nous connoissons des pieces qui ne sont restées au théatre, & qui ne s'y soutiennent encore qu'en raison des bons offices des applaudisseurs à gages. Qui croiroit qu'il suffit quelquefois d'acheter cent billets de parterre & de les bien placer pour faire réussir une piece ? Qui croiroit qu'il existe dans la capitale un assez bon nombre d'hommes qui sont courus, fêtés, entretenus peut-être par certaines gens, parce qu'ils ont pour mérite des mains larges comme des battoires, ou qu'ils ne dédaignent pas, dans certaines occasions, de devenir les perturbateurs du repos du parterre & des pauvres auteurs.

Faut-il s'étonner après cela de trouver quelquefois si bête en la lisant une piece qu'on a applaudie avec une sorte de fureur à la représentation, & si agréable celle qu'on a enterrée sous les sifflets, sans vouloir même se donner la peine de l'entendre ? Non, sans doute, & nous pouvons croire, jusqu'à ce que nous l'ayons lu, que l'astrologue de village peut être rangé dans cette derniere classe. Le jour de la premiere représentation de cette piece, Arlequin afficheur l'annonça par le couplet suivant :

Devant vous ce n'est qu'en tremblant
Que l'astrologue ose paroître :
N'allez pas le croire savant,
Ni plus malin qu'il ne veut l'être.
Si vous annonçant le beau tems,
Messieurs, il s'éleve un nuage,
Daignez être assez indulgens
    Pour conjurer l’orage.

César : pièce de Favart et Pannard. Elle est qualifiée de parodie : parodie du premier acte des Caractère de la folie de Duclos. Jouée une première fois le 5 octobre 1743, tentative (manquée!) de reprise le 15 juin 1793.

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